lundi 31 mars 2014

Que faire d'une défaite ?



Se demander ce qu'il faut faire d'une défaite est aussi important et aussi difficile que se demander ce qu'on va faire d'une victoire. La seule différence, c'est que la seconde situation est plus confortable que la première. D'une défaite, on fait d'abord l'analyse, et c'est là où tout se complique. Qu'ont voulu dire, lors de ces élections municipales, les électeurs ? D'une élection locale, il n'est pas facile, par principe, de faire une lecture nationale. Et puis, les élections intermédiaires ont toujours eu un rôle de défouloir : aucun parti n'y échappe, même si la sanction cette fois-ci a été plus rude que d'habitude. L'interprétation doit aller au plus simple et ne pas se perdre dans les commentaires : perdu c'est perdu, point. En revanche, c'est l'action, la décision, les conséquences qui importent, qui prévalent.

Le taux énorme d'abstention oblige les politiques à changer leurs méthodes, leur langage, leur personnel. Il est évident que la politique ne parle plus à beaucoup de gens, qui ne s'y reconnaissent plus. Le discours d'appareil, le langage technocratique, le parler politiquement correct ne passent plus. La solution ? Il faut que les partis se "relocalisent", qu'ils investissent des citoyens engagés, reconnus, actifs. Là où le maire fait du bon boulot depuis longtemps, il l'emporte ; là où une liste a un leader, une équipe crédible, une présence durable sur le terrain, elle fait un bon score ou elle gagne. Il n'y a pas de secret en politique : la volonté, la persévérance, l'intelligence sont toujours récompensées.

Le vote FN doit conduire à cesser de déculpabiliser, de décomplexer les électeurs de ce parti, au nom de la prétendue "détresse sociale" qu'ils seraient censés exprimer. C'est faux ! Ce vote n'est pas protestataire ou anti-système, sinon il se porterait sur les parti révolutionnaire d'extrême gauche. Il est clairement xénophobe, nationaliste et autoritaire, il faut le dénoncer et le combattre comme tels. En dédiabolisant le FN, il a été angélisé, normalisé, il a gagné en fausse respectabilité. Ce n'est pas parce qu'une partie de l'électorat populaire vote FN qu'il ne faut pas attaquer ce parti. Ne soyons pas tétanisés par la rhétorique du "respect" ni par l'accusation de "mépris", ne craignons pas de "victimiser" l'extrême droite, à rebours des réflexes à la mode : c'est en ne disant rien, en laissant faire, en considérant le FN comme un parti normal que nous faisons son lit. Et les réveils sont douloureux !

La ligne politique et économique du gouvernement est-elle en cause ? Les électeurs souhaitent-ils être gouvernés plus à gauche ? Si c'était le cas, le calcul serait étrange : pour souhaiter une politique plus à gauche, leur vote se porterait plus à droite et à l'extrême droite ! Non, je n'y crois pas. D'autant que le PCF, le Parti de gauche et la gauche radicale n'ont pas récolté de bons résultats. Le vote de ces municipales ne traduit pas une poussée à gauche, pas une volonté d'être gouverné "plus à gauche" (si cette expression a d'ailleurs un sens ...).

François Hollande a été élu pour 5 ans, ainsi que sa majorité parlementaire : cette ligne, qui correspond au contrat passé avec les Français, doit être maintenue. Ce n'est pas un scrutin local qui peut contrarier une ligne nationale. Le "pacte de responsabilité" doit être appliqué intégralement. Les résultats sont longs à se faire attendre, il y a des impatiences ? Oui, c'est normal. Mais les résultats viendront.

Remanier le gouvernement ? Oui, c'est nécessaire : trop de ministres, quelques incompétents, et surtout des figures éminentes doivent entrer (Royal, Delanoë, Aubry). Avec le même Premier ministre ? Je ne sais pas, c'est secondaire : la restructuration de l'équipe me semble plus importante que le choix de son chef.

Le parti socialiste aussi doit être remanié, à tous les niveaux : changer les équipes qui ont perdu, faire accéder celles qui pourront demain gagner. Il manque un sens de l'autorité et une pédagogie des réformes. Dans les heures qui viennent, nous en saurons un peu plus. Le pire, c'est de ne rien faire d'une défaite, c'est quand le mort fait le mort : alors, il n'y a plus de résurrection possible.

1 commentaire:

Erwan Blesbois a dit…

La France est fatalement une nation vouée à se refermer sur ses rancœurs et ses frustrations. Elle et même l'Europe avec elle, n'ont pris aucun des virages technologiques capitaux, en matière informatique notamment à la différence des Etats-Unis et de l'Asie. L'Europe va soit doucement s'éteindre, soit imploser sous l'action de la rancœur, de la frustration, de la haine, par l'action du fascisme.