mardi 18 mars 2014

Esthétique de l'affiche



J'aime beaucoup, à chaque élection, étudier la composition des affiches officielles. C'est une réflexion sur la forme, mais qui n'est pas superficielle : une affiche, c'est la carte d'identité des candidats. L'étude comparative est la plus intéressante. Mine de rien, on apprend des choses. A Saint-Quentin, ils sont cinq (en vignette, devant l'Hôtel de Ville).

Une affiche, c'est d'abord une tête, de liste bien sûr, un visage qui nous regarde quand on passe, qui nous interpelle. La plus grosse figure, la plus volumineuse, c'est celle du candidat FN (grosse à faire peur : j'espère que les électeurs comprendront et seront dissuadés de voter pour lui). La liste LO se partage, elle, en deux têtes égales, en noir et blanc, la n°1, Anne Zanditenas, et le n°2, Jean-Claude Chuquet. On sent bien que chez eux, il n'y a pas de place pour le vedettariat, que personne n'y a pris la grosse tête, même pas la première de liste. Les communistes ont mis carrément toute la liste, genre photomaton, trombinoscope. Du coup, la curiosité est attisée, on s'approche pour dévisager, voir s'il y a des gens qu'on connaît ou qu'on reconnaît.

Une affiche, c'est ensuite une couleur. LO et PCF, d'ailleurs côte à côte, tirent franchement sur le rouge. Les trois autres virent au bleu. Michel Garand et Xavier Bertrand, les plus sérieux adversaires, se côtoient, comme au jour du débat. Leurs affiches graphiquement se ressemblent. Le FN est à l'extrême gauche, isolé, et c'est tant mieux. Quatre candidats profitent du panneau électoral pour annoncer une réunion publique, dans une affichette surajoutée, en bas, sauf le PCF (qui n'aura fait durant la campagne aucune réunion publique, si on veut bien excepter la présentation des voeux, de la liste et du programme, qui étaient plutôt à destination de la presse et des militants). Les appartenances politiques, partisanes, sont clairement affichées, c'est le cas de le dire, pour LO, le PCF et le FN, mais absentes chez Xavier Bertrand et Michel Garand.

Une affiche, c'est enfin un slogan. PS, UMP et FN font figurer dans le leur le nom de Saint-Quentin, qu'ignorent en revanche LO et le PCF (sans doute parce que ce sont des révolutionnaires internationalistes ...). Lutte ouvrière ne se contente pas d'une formule : elle tartine tout un texte. C'est la seule affiche qui nécessite d'être lue, les autres se suffisant à être regardées (mais on peut ignorer ostensiblement celle du FN). A la fin du texte de LO, on peut lire : "Pour envoyer au conseil municipal des militants vraiment communistes". "Vraiment" ? Est-ce que la précision s'adresse aux camarades du PCF, qui ne le seraient pas "vraiment" ?

Quand j'ai commencé, adolescent, à m'intéresser à la politique, c'était par le biais des affiches. Faire passer un message et mobiliser l'attention des citoyens sur une surface aussi restreinte, c'est tout un exercice ! Dans ma jeunesse, je collectionnais ces affiches, dont je tapissais ma chambre. Aujourd'hui, je me contente de les regarder. Elles ont tant de choses à nous dire, elles aussi !

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