mardi 25 mars 2014

Reconstruction et reconquête



Dans la défaite, il y a deux attitudes possibles : faire le dos rond, se taire, attendre que le vent passe, ne pas bouger ou bien réagir immédiatement, prendre des décisions à la hauteur de la situation, changer en profondeur. A Saint-Quentin, la défaite du parti socialiste a pris une telle ampleur (il devance l'extrême droite dans 7 bureaux de vote seulement sur 39, et parfois de justesse ; il est battu partout par la droite : même en 2001, nous n'avions pas connu un tel désaveu) que c'est la deuxième solution qui s'impose : si rien n'est fait dans les quinze jours, non seulement le PS sera mort, mais enterré pour de longues années. Il faut en débattre collectivement, impliquer nos sympathisants dans cette réflexion, faire très vite des propositions. J'en ai trois à mettre sur la table, à faire circuler :

1- Vendredi ou samedi prochains aura lieu l'installation du nouveau Conseil municipal. Il faut que la gauche rassemblée marque le coup : l'opposition républicaine, c'est elle ! la future alternance à Xavier Bertrand, c'est la gauche, pas le Front national ! Il ne faut pas laisser l'extrême droite s'installer tranquillement dans les esprits comme premier parti d'opposition. Ce qui s'est passé ce dimanche à Saint-Quentin, et ailleurs, est très grave. Le vote des électeurs, ainsi que la légalité, doivent bien sûr être respectés. Mais la gauche ne peut pas ne pas réagir démocratiquement.

C'est pourquoi je lance l'idée d'un rassemblement des forces de gauche et de tous ceux qui veulent manifester leur opposition à l'extrême droite, au moment et à l'endroit où aura lieu l'installation du nouveau Conseil municipal. Cette manifestation, je le répète, n'a pas pour but de contester le résultat de l'élection, que tout républicain respecte, mais de rappeler et de défendre les valeurs républicaines, que le Front national bafoue. Il faut faire le Front républicain dans la rue, à défaut de l'avoir fait dans les urnes, en usant du droit de manifester, comme la loi républicaine le permet.

Ce sera l'occasion pour le parti socialiste et le parti communiste, qui doivent être à l'initiative de cette manifestation, de se retrouver, non pas dans la confusion ou l'ambiguïté, mais sur une ligne très claire et partagée d'opposition à l'extrême droite. Je sais parfaitement que le problème de fond ne sera pas réglé : reconquérir l'électorat populaire qui vote aujourd'hui FN sera un travail de grande ampleur et de longue durée, par une activité militante en direction des déshérités, des exclus, des familles modestes. Mais ce vendredi ou ce samedi, c'est par une action symbolique, non moins importante, qu'il faut enclencher la reconquête.

2- Le grand perdant de l'élection, c'est le parti socialiste. C'est donc à lui qu'il revient, en premier, de changer. Je propose que se réunisse, dans les plus brefs délais, une assemblée générale de réunification des deux sections, Saint-Quentin et Neuville-Saint-Amand. Nous sommes si peu nombreux, et nous continuerions le ridicule de nous diviser en deux sections ? Michel Garand, désigné par les électeurs comme représentant socialiste en mairie, siégerait dans une section, celle de Neuville, et pas dans l'autre, celle de Saint-Quentin ? Non, ce n'est pas acceptable, ce serait absurde.

La séparation était légitime il y a quelques années, lorsque la création d'une seconde section signifiait le refus des alliances avec l'extrême gauche. Aujourd'hui, elle n'a plus aucune raison d'être. Battus par l'extrême droite, fâchés avec les communistes et divisés entre nous, non, ce n'est plus possible. Les socialistes de Saint-Quentin doivent se réunir dans une seule section, élire un même bureau, avoir un unique secrétaire de section. C'est une question interne, administrative et politique, mais sa solution sera un gage d'efficacité et un signe positif adressé aux Saint-Quentinois, le modeste mais réel et indispensable début de la reconstruction et de la reconquête.

3- C'est autour de Michel Garand, chef de file des élus socialistes, que la reconstruction et la reconquête doivent s'organiser. Le travail qui l'attend, avec nos trois camarades conseillers municipaux, est immense : découvrir les dossiers, siéger en commission, préparer les interventions en séance, faire de la représentation, marquer leur présence dans la vie publique locale. Ce travail d'élus et d'opposants ne pourra s'effectuer qu'avec le soutien d'une section socialiste réunifiée, forte et active, à l'équipe renouvelée.

Il se trouve qu'à la suite du vote contesté du secrétaire de section à la fin 2012 (la direction nationale avait souhaité un nouveau scrutin, les modalités n'ayant pas été respectées), le secrétaire fédéral chargé des élections s'était engagé, publiquement, dans la presse, à ce qu'une nouvelle élection ait lieu après le scrutin des municipales. Nous y sommes.

Ma demande ne recherche pas une revanche personnelle, mais l'intérêt collectif : il faut élire un nouveau secrétaire de section, renouveler notre équipe, changer nos méthodes, revoir nos relations avec la presse, redéfinir notre action publique, etc. Là aussi, le travail est immense. Et puis, un engagement public est fait pour être tenu.

Ces trois idées sont avancées pour être discutées, précisées, éventuellement corrigées, et surtout complétées par d'autres. Le pire dans la situation actuelle, pour la gauche saint-quentinoise, serait de ne rien faire, de se diviser encore plus, de se chercher de piètres motifs de consolation ou des boucs émissaires à sa défaite. Qu'on ne se méprenne pas sur mon rôle et mes intentions dans cette affaire : je suis un citoyen engagé, un lanceur d'idées, un militant fidèle à son parti, toujours respectueux de ses règles et de ses choix, un homme de gauche qui veut garder espoir, rien de plus, rien d'autre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous oubliez le pire,
devoir partager le local de l'opposition pour les 6 prochaines années avec le FN.