samedi 18 juin 2016

Nuit Finie



Samedi dernier, je suis retourné place de la République, chez les Nuit Debout, quelques semaines après ma première visite, quand le mouvement démarrait. Il était 22h00, le changement était impressionnant. Là où se retrouvaient un bon millier de personnes, ils ne sont plus maintenant qu'une petite centaine. Pas mal de types avec des canettes de bière, entre eux, qui traînent, me faisant penser aux hippies de San Francisco, dix ans après le Flower Power, plus très nets. Les Nuit Debout qui débattent vraiment sont une trentaine. L'effervescence du début a disparu. Le micro ne marche pas bien, quand quelqu'un s'exprime, on n'entend pas grand chose.

La cafétéria semble attirer pas mal de monde, très attentifs. Je m'approche : ils regardent un match de l'Euro ! Je retourne du côté de la trentaine en discussion. Une jeune Américaine, au micro, fait part de son admiration pour ce qui se passe place de la République. Vient le temps des questions : quelqu'un demande à la personne ce qu'elle pense d'Occupy Wall Street, assez proche de Nuit Debout dans les préoccupations. La jeune Américaine ne comprend pas, se tourne vers la petite assistance, ne sachant pas quoi dire. C'est assez étonnant : elle n'a tout simplement jamais entendu parler d'Occupy ! Mais dans quelques années, qui se souviendra de Nuit Debout ?

De Nuit Debout, il ne reste plus que la nuit, sur cette place de la République aux trois quarts vide. Les CRS ne menacent plus, les caméras de BFMTV ne font plus le show, les journalistes de L'Obs ne s'intéressent plus au phénomène, Alain Finkielkraut ne vient plus faire réagir. C'était couru, dès le début : Nuit Debout n'existait que dans la lumière des médias. Quand elle s'éteint, il ne reste pas grand chose.

Ce mouvement, né de la contestation de la loi travail, se retire de la scène à l'instant où la mobilisation atteint son plus haut niveau et ne cale pas. C'est bien la preuve de l'inanité idéologique de Nuit Debout, venu de rien et allant nulle part, ne laissant aucune trace, sinon les papiers et les canettes qui jonchent la place de la République.

7 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

« c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » Victor Hugo

Erwan Blesbois a dit…

Comme tout nos ultralibéraux, pardon réformistes, Emmanuel Mousset aurait été sur les barricades en 1968, ce fut un lieu de passage obligé vers le pouvoir. Ce que nos élites se sont accordées : jouer à faire la révolution, elles les refusent âprement à leurs enfants, voire petits enfants : attention danger communisme, socialisme, antirépublicanisme. Ce que veulent les élites c'est que les générations d'après ferment leur gueule, adhèrent au consumérisme totalitaire (Pasolini dirait " bouffent de la merde " cf " Salo "), et perdent leurs vies à " gagner " des salaires de misère. Surtout sans réfléchir, car ce sont les soixante huitards qui sont les seuls légitimes à réfléchir et qui nous imposent leur " pensée " indigeste depuis maintenant presque 50 ans : la nouvelle " idéologie française ", c'est la pensée 68, réactualisée par l'ultralibéralisme. Même Finkielkraut, que j'apprécie par ailleurs, appartient à cette mouvance, et si il fut traité de "fasciste " par les " nuits debouts ", c'est peut-être que les fantômes de Victor Hugo, ou de Pasolini et de tant d'autres illustres ancêtres, s'estimant trahis par cette génération funeste 68, ont parlé.

Philippe a dit…

Un sondage concernant la mobilisation contre la loi travail :
« Les sympathisants des Républicains sont quant à eux "très majoritairement hostiles au mouvement (63% de +pas justifié+)" alors que les proches du Front national soutiennent cette mobilisation (78% la considèrent comme +justifiée+) »
la page sur sur orange :
http://actu.orange.fr/france/60-des-francais-considerent-justifiee-la-mobilisation-contre-la-loi-travail-CNT000000qc7B1.html
Cela renforce peut être l'idée d'une certaine proximité idéologique concernant le statut du salariat entre les « Fronts » les électorats FN et Front de Gauche

Anonyme a dit…

"Cela renforce peut être l'idée d'une certaine proximité idéologique concernant le statut du salariat entre les « Fronts » les électorats FN et Front de Gauche" ?
Cela signifie plutôt que les salariés à rémunération faible et les précaires ont le sentiment que les deux mouvances qui ont exercé le pouvoir depuis la naissance de la Vème République ne leur veulent pas que du bien.
Eux savent et les salariés ne savent pas ou ont un savoir erroné.
En France, les salariés bien rémunérés ne se plaignent de rien.
Ce sont les autres qui ont motif à se morfondre.
Les uns descendent dans la rue lors des appels à manifester et les autres (qui tirent tellement le diable par la queue qu'ils n'osent se permettre d'être grévistes) sont seulement leurs sympathisants.
Les casseurs n'ont rien à voir avec les manifestants grévistes.
Cela a déjà été écrit sur ce blog : les forces de l'ordre ont à protéger les manifestants qui exercent un droit reconnu, les protéger des infiltrations de provos comme on disait autrefois aux Pays Bas.

Erwan Blesbois a dit…

Les tags des "casseurs " anticapitalistes, et d'autre part du mouvement " nuit debout " sont très influencés par mai 68, ils attaquent surtout notre société basée sur le culte de la performance et l'esclavage moderne que constitue le travail salarié, ultra hiérarchisé. Ce que d'aucuns nomment l'horreur économique, avec des analogies à juste titre, avec Auschwitz. Cependant Mai 68 a trompé le peuple, ce fut une pépinière pour oligarques actuels. Avec le virage libéral, la plupart des ex-68, sont devenus des ultras libéraux, ils ont saisis l'opportunité pour leur pomme. Les soixante-huitards sont devenus majoritairement des pourris sans aucune valeur, si ce n'est leur réussite individuelle. Ils ont totalement trahi le peuple, et ont investi des postes de pouvoir, d'où ils oppriment la majorité de la population française. Le PS est saturé de bobo-chics friqués issus de 68, qui n'ont rien à envier à leurs rivaux LR, caste friquée mais descendant d'une France plus traditionnelle, qui renie d'ailleurs de plus en plus ses valeurs héréditaires, au profit de la maximalisation du profit et du tout-fric.
Cela en dit long sur la nature humaine.

Philippe a dit…

La "loi travail" en France est déséquilibrée en faveur des dirigeants d'entreprise c'est en fait le défaut majeur de cette loi qui par ailleurs serait excellente !!!
C'est un exemple typique de mauvaise gouvernance qui insupporte de plus en plus ...
Nos dirigeants sont des nazes qui le diplôme en poche (celui de l'ENA) ne foutent plus rien !!!
A 30 ans ils s'estiment être des rentiers ...
En Allemagne les décisions d'assouplissement du code du travail en raison de nécessités économiques sont prises au sein des entreprises paritairement direction-représentants syndicaux.
Un minimum sous lequel ces accords d'entreprises ne peuvent descendre est prévu par les accords de branches.

G a dit…

Comment "faire" compliqué quand on peut "faire" simple...
C'est la méthode qu'utilisent les libéraux-démocrates à la manœuvre sur la nouvelle loi travail.
Faire simple, c'est une loi qui fixe les règles "a minima" et " a maxima" après implication de tous les syndicats représentatifs dans sa préparation, même si ladite concertation doit durer plusieurs années.
Ensuite, que les accords se fassent au plus près des emplois et donc dans les entreprises n'ennuierait pas grand monde.
Faire compliqué, c'est proposer une usine à gaz sans beaucoup de concertation avec les syndicats et les contourner quand ils ne sont pas en accord puis refuser de discuter les amendements de la chambre n° 1, accepter ceux de la chambre n° 2 avant de revenir à la chambre n° 1 pour envoyer balader les amendements de la chambre n° 2.
Constat : les troubles, les troubles encore et toujours les troubles... Et pas beaucoup de français gardant leur confiance en ce type de gouvernance.