mardi 7 juin 2016

Conseils de révision



Le bac, c'est dans une semaine. La médiatisation a commencé, autour des révisions, et celles de la première épreuve, la philo. Qu'est-ce que je conseille ? D'abord, rien ! Dans cette discipline, les révisions, c'est toute l'année, pas les derniers jours. On révise chaque soir le cours du jour pour préparer celui du lendemain. Et puis, comme chaque notion du programme renvoie à plusieurs autres, la révision est permanente : quand on étudie par exemple la liberté, on aborde aussi, forcément, le bonheur (la liberté rend-elle heureux ?), la société (la liberté est-elle compatible avec la vie sociale ?), la justice (la liberté est-elle une question de droit ?), etc.

Pourtant, il est légitime que les élèves réclament des révisions, pour se remettre à l'esprit l'essentiel de ce qu'il faut retenir. Conseil n°1 : s'en tenir aux recommandations du professeur. Aller voir ailleurs, sur internet ou dans des manuels, c'est prendre le risque de tout mélanger. Les méthodes sont multiples : il faut en rester à celle apprise dans l'année, en classe. Pour ma part, je consacre cette dernière semaine à revoir brièvement la vingtaine de notions abordées dans l'année, sur lesquelles porteront les épreuves du bac. En quatre points :

1- Les problématiques : pour chacune des notions, il n'y a pas 36 questions, mais quelques-unes, à se souvenir, avec lesquelles se familiariser. La vérité, par exemple : est-elle profitable ou nuisible ? Peut-on la démontrer ou non ? Est-elle relative ou absolue ? et quelques autres grandes questions, dont on peut assez facilement faire le tour.

2- Les définitions : parce qu'il faut savoir de quoi l'on parle, si l'on veut correctement penser. La liberté, par exemple, a plusieurs sens : l'indépendance, le choix, le droit, le déplacement ou la pensée. Il faut revoir tout ça, le repréciser.

3- Les avertissements : le prof, correcteur du bac depuis souvent longtemps, connaît les erreurs les plus fréquentes. Par exemple, le désir n'est pas à confondre avec la volonté : le premier est un sentiment qui s'impose à nous, la seconde est un choix inspiré par la réflexion.

4- Les références : elles sont philosophiques, mais aussi de culture générale. Robin des Bois invite à réfléchir sur la justice, comme Robinson Crusoé sur la société ; Don Juan sur le désir, comme Guernica sur l'art. Quand Emmanuel Kant définit le bonheur comme "la satisfaction totale et permanente", c'est à retenir. Quand Sartre affirme que "l'enfer, c'est les autres", voilà une idée.

Une fois que ces révisions seront terminées et que la veille de l'examen sera arrivée, je préviens les élèves : vous aurez l'impression d'avoir tout oublié, et ce sera normal. Pas d'angoisse, pas de relecture précipitée à la dernière minute. Il faut laisser l'esprit se reposer. Les connaissances ne se sont pas effacées. Elles sont stockées dans le cerveau, elles resurgiront le moment venu, en cours de réflexion. Pas d'inquiétude. Relax, comme on disait autrefois. Zen, c'est ce qu'on dit, je crois, aujourd'hui.

6 commentaires:

Maxime a dit…

Conseil d'un vétéran aux heureux bacheliers: ne stressez pas; le bac même si vous ne l'avez pas parce que vous êtes vraiment mauvais, on vous le donnera pour acheter la paix sociale!

Erwan Blesbois a dit…

Le rôle de tout bon prof de philo devrait être de faire naître chez les élèves, le désir de comprendre, puis de formuler, enfin éventuellement de dénoncer l'idéologie du pouvoir à l'œuvre, et d'une violence extraordinaire aujourd'hui. Cette idéologie du pouvoir est cachée, elle se dissimule, elle ne dit pas son nom, et en même temps elle est omniprésente. Le rôle d'un bon prof de philo devrait être de faire naître le soupçon chez les élèves, par rapport à ce que ce système, qui ne dit pas son nom - celui d'une oligarchie mondialisée hors-sol et cosmopolite -, nous impose. Mais la philosophie se cantonne au rôle d'une pure discipline scolaire, sans plus aucun rôle subversif, sans ambition : pas celle de renverser l'ordre établi, mais au moins de prendre conscience de la vaste intoxication, du vaste mensonge des médias, et la vaste exploitation du monde du travail, le tout manipulé par une oligarchie, qui effectivement constitue l'aristocratie des temps modernes. Etre aujourd'hui du côté de ces " aristocrates " vulgaires, (les oligarques, ou les politiques qui les servent) n'est pas être un aristocrate soi-même, ni même un nietzschéen. Je sais que cela demanderais beaucoup de courage et qu'il y aurait de fortes résistances, du côté des élèves, des parents et de l'institution : seul un vieux prof de fac, reconnu, pourrait se permettre de faire ça, et encore ! Sinon que dire aux élèves, qu'il y a un monde réel violent et manipulateur, mais que c'est comme ça, on n'y peut rien. Et que de l'autre côté il y a un vaste système conceptuel philosophique, mais totalement inopérant pour critiquer quoique ce soit : un système superflu et futile en somme destiné à divertir quelques vieilles personnes dans les cafés philo, avec éventuellement un jeune par ci par là, en quête d'affirmation de soi, comme le jeune Maxime.

Anonyme a dit…

Aujourd'hui mercredi 8 juin je vous souhaite un bon anniversaire. Je vous invite à réviser vos classiques en matière de philosophie politique pour approfondir votre connaissance de ce vaste sujet qu'est le libéralisme sous tous ses aspects.

Dans un an j'espère que votre macronite aigüe aura cessé de sévir et que vous en serez guéri pour passer à autre chose de plus sérieux. Votre mentor, Macron, aura été envoyé "dans les choux" par les électeurs à moins que son compère le grand bourgeois et maire de Lyon ne lui taille sur mesure un costard électoral dans une circonscription bourgeoise de Lyon qui lui permettrait d'être élu facilement, pour lui permettre de survivre au naufrage politique de la gauche.

Anonyme a dit…

Attention Monsieur Mousset prépare le BAC philo, Amen. Il aura moins de temps pour s'occuper de son blog !

Maxime a dit…

Mon pauvre Erwan, j'ai bien peur que la philosophie ne joue plus qu'un rôle mineur dans notre société. L'enseignement de la philo n'est que le reflet de cette triste réalité: les gens n'aiment pas réfléchir; l'intellectuel fait peur. Au demeurant, il est bien évident que notre bien-aimée République ne va pas promouvoir des philosophes subversifs type Marx, Sade, Heidegger (oh le vilain petit nazi), Schopenhauer ou Chamberlain... même en démocratie, il y a un endoctrinement. Pour vous c'est de la faute des infâmes ploutocrates capitalistes, pour moi c'est de la faute de ces insignifiants enarques et autres ressortissants de SciencesPo qui nous gouvernent depuis déjà trop longtemps.

Cela étant, pensez-vous vraiment que les jeunes ont envie d'avoir le doute? Réfléchir ce n'est pas bon pour la santé et ça rend malheureux... et dans la plupart des cas, la seule chose qu'ils ont dans la tête c'est leur prochaine soirée (et leur prochain plan cul)... Grandeur et misère d'un peuple qui fut grand.

Erwan Blesbois a dit…

Vous avez raison Maxime, peut-être vaut-il mieux ne pas trop forcer le trait sur les termes " oligarchie " ou " ploutocratie ", termes utilisés dans les années 30 et qui ont donné les dérives que l'on connaît. Qui ont abouti à ce qu'un immense écrivain comme Céline, se laisse séduire par la " bête immonde ", et n'ait plus droit à aucune reconnaissance de la société, sinon de façon marginale, de même pour Heidegger, philosophe en voie d'effacement du panthéon des penseurs (ça tombe bien, il était trop compliqué à enseigner). Parlons alors de valeurs mercantiles qui s'introduisent partout dans l'intimité des gens, parlons d'une école qui ne joue plus son rôle d'instruction du peuple, mais se réduit à être juste une machine à trier entre le bon grain et l'ivraie, et à formater les esprits en vue de leur adaptation à des valeurs mercantiles.
Réfléchir c'est bon pour la santé quand c'est accompagné d'une vie sexuelle épanoui, visant la réalisation de soi. Les valeurs étant aujourd'hui ce qu'elles sont, même la sexualité en est salie, car elle est mercantilisée à outrance, via notamment la pornographie qui suinte de partout, et je comprends que ça ne vous donne pas envie. Je suis personnellement pour une contre révolution catholique, afin de rétablir un certain nombre de valeurs fondamentales, ce serait selon moi une revanche de la nature sur l'artifice. J'ai été élevé dans le militantisme anti FN, j'en reviens, car à part ce parti, je ne vois pas lequel serait susceptible d'accomplir cette contre révolution, et la nécessité de refonder une identité française stable et forte. La France n'a pas vocation à être l'hôpital ou l'hôtel du monde, la France n'est pas un lieu de passage, c'est un milieu qui s'est façonné sur plus de 1000 ans et qu'on a détruit en 40 ans, il faut le faire quand même ! Instruction d'un côté et rétablissement d'un dogme catholique de l'autre, en accord avec la nature profonde de la France. Il ne s'agit plus maintenant de réparer, car tout est détruit, mais de refonder, avec des figures charismatiques nous aidant dans cette tâche, si c'est possible. Evidemment je ne crois pas une seconde à la possibilité de réalisation d'un tel programme pour un pays comme la France, nous allons continuer plus probablement à nous enfoncer tous les jours un peu plus, jusqu'à finalement toucher le fond. L'empire romain s'est bien effondré en 476, à cette échelle nous sommes un peu en 460 environ, à mon avis.