mercredi 29 juin 2016

Maurice G. Dantec




Sa mort a moins fait parler que celle de Bud Spencer. Il en aurait profité pour dénoncer une fois de plus notre époque. Maurice G. Dantec était pourtant l'un de nos plus grands écrivains contemporains de langue française. Je l'ai apprécié dès le début, puis perdu un peu de vue ces dernières années. Il était aussi de ma génération, les seventies. Pour l'occasion, j'ai ressorti de ma bibliothèque quelques-uns de ses ouvrages que je préférais (en vignette).

Dantec, c'était d'abord un personnage, un inclassable, quelqu'un qui ne cherchait pas à plaire, et c'est ce qui me plaisait. Barbu, vêtu de noir, planqué derrière des lunettes de soleil, il était un mélange de punk et de junky. Sa drogue, c'était la littérature. Vous parler de lui est difficile, il faut le lire comme on dévore une bête. Ses romans mêlent le polar, le fantastique, la science-fiction. Philosophiquement, Dantec est nietzschéen, catholique, sioniste, réactionnaire. Ses thèmes de prédilection : la technologie, l'apocalypse, le mal. Ses haines : l'islamisme, le libéralisme. Son style est celui d'un rocker, d'un poète et d'un fou.

Je me souviens de lui, il y a une dizaine d'années, dans une émission littéraire, où il filmait au caméscope le débat ! Ce qui fait de Dantec un grand des lettres, c'est qu'il rompt avec la petite écriture psychologique de notre temps, qu'il renoue avec la littérature de l'absolu. Il y avait du Léon Bloy en lui, ce qui est pour moi le plus grand compliment qu'on puisse faire. La filiation avec un autre grand, Michel Houellebecq, une gueule lui aussi, est certaine. Je dirais de Dantec qu'il est à Houellebecq ce que Bloy est à Huysmans. Si j'avais un livre à retenir, ce serait son "journal", à ne pas mettre cependant entre toutes les mains, surtout blanches, manucurées, sensibles.

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