mardi 14 juin 2016
Le bac approche, soyez stressés !
C'était hier le dernier jour de cours, ce sera demain la première épreuve du bac, la philo. A mes élèves, je dis : n'écoutez pas les psychiatres et les psychologues qui sont les maîtres du monde, depuis que les sages et les curés ne le sont plus. Ces médecins du mental ont colonisé les médias et n'ont qu'un message à délivrer : à la veille du bac, non pas combattre l'ignorance, mais le stress. L'ennemi absolu de notre époque, c'est lui ! Et pourtant, quoi de plus normal que de stresser en cette veillée d'armes ? Au contraire, l'élève qui, aujourd'hui, serait serein, décontracté m'inquiéterait fort : pas normal, celui-là !
Quant à l'épreuve en elle-même, le stress est bon pour la concentration, la motivation, l'adversité envers soi-même qu'exige toute épreuve. La pensée efficace réclame cette tension intérieure, qui est fructueuse. Demain, jusqu'à la fin, je souhaite que mes élèves éprouvent ce stress bienfaisant, qui maintiendra leur esprit en éveil, affûtera leur vigilance, sera pour eux un puissant stimulant. Refusons la morale psy anti-stress et sa volonté de normalisation.
Vignette 1 : en série économique et sociale, trois courageux élèves ont assisté à la dernière heure de cours. Vignette 2 : plus nombreux ont été les littéraires, qui ont investi mon bureau tout à la fin, me dessaisissant de mon pouvoir à l'ultime minute, après neuf mois de règne absolu. Vignette 3 : aurions-nous du mal à nous séparer ? Le délégué de classe m'entraîne au Golden Pub, avec ses camarades. Que ma hiérarchie ne s'inquiète pas : aucun alcool, mais café, diabolo menthe, chocolat liégeois, Dame blanche, crêpe au chocolat et sage conversation.
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23 commentaires:
Effectivement à voir les joyeux luron(ne)s qui constituent tes élèves, ils n'ont pas besoin d'empathie, ils ont leurs propres ressources en eux.
J'ajouterais que ton côté " austère ", doit les faire se tordre de rire, en décalage total avec l'esprit fun qui anime leurs vies. Ton surnom cela doit être " mister Bean ", non ?
Le dernier jour de l'année, tous les élèves sont de "joyeux lurons" (et le prof aussi, un peu). Mais tout le reste de l'année, c'est très différent, comme l'enseignant que tu es doit facilement l'imaginer, sans que j'ai besoin d'expliquer.
Quant à l'"empathie", je ne vois pas ce qu'elle vient faire ici. Ce terme à la mode m'irrite, comme tous les termes à la mode, d'origine psychologisante. Je lui préfère celui de "compréhension", moins sentimental, plus clair et plus professionnel.
Je ne sais pas comment me surnomment les élèves. Une année, j'avais appris qu'on m'appelait "pouss' mousse". Je ne crois pas que ce soit une image d' "austérité" qui me caractérise. Sévère oui, mais aussi décalé et parfois délirant, dans les limites de la philosophie et de la pédagogie, bien sûr. A choisir, je serai plus proche de Louis de Funès que de mister Bean. Mais c'est aux élèves d'en témoigner. Maintenant, tu connais Maxime, non ?
De toute façon c'est fou l'effet des hormones sur la jeunesse. C'est pour cela que c'est seulement à partir d'un certain âge que le soupçon peut naître : la nature joue bien son rôle sur la jeunesse et la rend généralement enthousiaste, totalement inconsciente, sans esprit critique, sans le désir de dévoiler le voile que constitue l'apparence : apparence qui est attrayante pleine de charmes, pleines de pièges aussi, car en réalité les dés sont pipés dès le départ et certainement de plus en plus pipés, avec le règne de l'oligarchie qui resserre son emprise : je le dis, par la propagande publicitaire et le matraquage consumériste imposés, elle reprend de l'autre main, le peu qu'elle a donné d'une main. Sachez-le jeunes gens, les gens qui nous gouvernent ne vous aiment pas, ils n'aiment pas vos parents, et ils sont les fidèles serviteurs d'une toute petit élite pleine d'arrogance, de narcissisme, de perversion et de manichéisme. Que votre professeur admiré, admire lui-même, ce qui lui a permis d'être aujourd'hui devant vous et d'être payé pour ça : pour vous vendre l'acceptation d'un système qui débloque de plus en plus et de façon exponentielle, depuis la décision prise par un autre gouvernement socialiste d'accompagner le mouvement libéral, depuis 1983, mouvement qui a désormais sa propre logique et... mais bon vous êtes trop jeunes pour comprendre, regardez juste la souffrance de vos parents et vous comprendrez un peu !
Le monde d'aujourd'hui est un énorme piège pour la jeunesse, sans sens du sacré, sans valeurs supérieures, justes celles que véhiculent les médias, " liberté ", " démocratie " disent-ils, " menteurs ", " hypocrites ", leur réponds-je. A traiter la jeunesse comme nous la traitons, ce que nous appelons " barbarie " n'est qu'un juste et logique retour des choses. Tout est désormais dans les mains des parents qui ne peuvent qu'essayer de protéger leurs enfants d'une société globalement malveillante. Oui notre belle démocratie, nos " valeurs ", tout cela que par propagande nous cessons de vanter, est plutôt destructeur et méchant.
Plus tard on se rend compte qu'effectivement tout cela était absurde et que généralement, pour la plupart d'entres nous, la vie ressemble à une mauvaise blague absurde, voire un mauvais moment à passer. C'est pour cela que je conseille à la jeunesse de façon bienveillante, d'en profiter au maximum, avec modération cependant, car les excès sont destructeurs, cela fera de beaux souvenirs pour plus tard.
Erwan, je te le dis en toute amitié : c'est toi qui "débloques" complètement, sous couvert d'un discours pseudo-gauchiste.
Collabo
Il est évident que si j'appartenais à l'oligarchie, à l'élite bobo-chic parisienne ou des grandes villes de province, avec un salaire confortable qui me permette de jeter un regard de mépris et de dégoût sur mes semblables, je ne tiendrais pas le même discours. Je suis d'autant plus virulent que j'ai côtoyé ce monde durant toute ma jeunesse, donc c'est un monde que je connais bien. Pour des raisons de perversion propre à ma famille je n'ai pas pu y accéder, ce qui explique aujourd'hui, je l'admets, mon ressentiment démultiplié. " I'm a looser ", et je le sais, les jeunes n'aiment pas les " loosers ".
Bon, puisque c'est l'heure de faire des révélations sur M. Mousset allons-y: alors oui vous êtes surnommé "Pouss-Mouss" parce qu'il paraît qu'un jour vous auriez bousculé un élève sans vous excuser (peu importe si c'est vrai on s'en fout). Pour l'image de sévérité c'est un peu plus compliqué. Je ne vous trouvez pas vraiment austère, mais nombreux sont ceux qui vous diraient que c'est parce que je lui suis moi-même. Délirant c'est sûr mais c'est pour cela que j'aimais vos cours. J'ai pas besoin d'un prof pour apprendre que Platon détestait la démocratie, ça un livre d'histoire de la philosophie peut me le dire. Non ce qui est intéressant avec vous c'est cette approche plus "vivante" de la philo, plus "pratique".
Bon pour le stress je suis plus partagé que vous. Déjà pas obligé d'être stressé pour le bac. Moi je ne l'étais pas et ça m'a pas trop mal réussi je pense. Après, un peu de stress pour les trucs vraiment importants c'est bien. Mais trop de stress inhibe et casse la volonté si on n'y fait pas attention, j'en fais l'amère expérience.
La vie serait un mauvais moment à passer, même dans votre société démocratique idéale Erwan. Schopenhauer n'était pas vraiment de gauche et il disait bien que le bonheur cela n'existe pas. La vie d'ailleurs n'a aucun sens scientifique. Alors que tout a une raison dans ce monde, la vie n'en n'a pas d'autre que l'absurde hasard. A méditer.
Esprit fun, vous êtes gentil ce soir Erwan. Je dirais esprit de débauche moi.
J'avoue que la politesse n'est pas mon fort. Le pire, c'est que je m'en vante et que mes élèves ont droit à une petite leçon d'impolitesse en début d'année. Depuis 10 ans, sur ce blog, je me suis à de nombreuses reprises expliqué sur ce point, apparemment étonnant. En revanche, je suis un défenseur intransigeant de la discipline et de l'honnêteté.
Moi non plus ce n'est pas mon fort. En fait la politesse cela ne sert que lorsqu'on se trouve en position de dominé...
Ce n'est guère étonnant, n'importe qui d'intelligent comprend bien le caractère artificiel de la politesse et ne peut du coup que la mépriser.
Ah mais vous surenchèrissez sur vous même Erwan! Nous sommes donc à deux points Godwin rien que pour ce soir! Vous êtes en forme et j'en suis enchanté.
Je suis schopenhauerien Maxime, parce que c'est le premier grand philosophe du soupçon, des temps modernes bien sûr, disons après Descartes, car avant il y avait eu Montaigne qui était empreint d'un fort scepticisme, mais passons. Toujours est-il que j'apprécie beaucoup la misanthropie du personnage, dans laquelle je me reconnais. Et de plus du constat qu'il a émis, de la totale absurdité de la vie, il n'en a pas tiré toutes les délirantes et folles interprétations de Nietzsche, qui quoiqu'on en dise, ont influencés les nazis. Même si il s'agissait soi-disant, de mauvais lecteurs et de mauvais élèves de Nietzsche. La " doxa " officielle veut faire de Hitler un crétin congénital, et impuissant, un quasi-illettré et artiste raté, afin qu'aucun jeune ne succombe à son charme sulfureux, comme ils peuvent succomber au charme de Napoléon ou de De Gaulle. Personnellement je pense qu'il n'y avait pas beaucoup de différences entre Hitler et Napoléon.
Si tout est explicable dans l’ordre des raisons, si tout semble obéir à une implacable nécessité, en réalité si l'on prend un peu de recul on s'aperçoit que la science elle -même n'a pas de sens puisqu’elle n'arrive pas à remonter à la cause première de l'explication ultime du monde : malgré la science, le monde demeure absurde, et peut très bien être la création d'un ou de plusieurs dieux, rien ne permet scientifiquement de l'infirmer. Dans une hypothèse absurde : ce sont peut-être les plus obscurantistes partisans de Daesh qui sont plus proches de la vérité ultime, que nos fragiles sociétés matérialistes.
Vous dites "esprit de débauche ", mais je crois que ce qui vous gêne le plus Maxime, c'est la perte de contrôle masculine. Aujourd'hui dans le jeu de séduction, ce sont les jeunes filles puis les femmes, qui mènent largement le bal. Il serait peut-être bon que la société s'oriente vers un matriarcat assumé au niveau politique et économique. Matriarcat triomphant dans les faits, comme le souligne Zemmour, dans une société dont les valeurs sont : psychologisme, sexualité épanouie, hypersensibilité, compassion, empathie et fidélité, surtout fidélité. Valeurs que notre blogueur exècre, à part sans doute la fidélité. De plus les jeunes filles ont un temps d'avance sur les jeunes hommes, à 18 ans elles ressemblent déjà à des femmes épanouies, quand les jeunes hommes ressemblent encore à de " petits garçons ".
D'accord avec Erwan. Je suis étonné de voir ce combat contre les libertés et ceci tous les jours, seuls les riches peuvent être anonymes sans que personne n'y trouve à redire, les gardiens du troupeau en somme et le peuple les moutons... Et dire que des millions de Francais se sont battus pour leur liberté...
Aujourd'hui la tyrannie est un mode de vie normal, il faut être beau jeune riche et bling bling, on n'aime pas les gros, les maigres, les chiens, les chats, les humains, la terre, tout ce qui ne passe pas a la télé est détestable pour les décervelés, reste la PEUR (PEUR= mot préféré des journalistes) la trouille de tout, défense de parler au pays des droits de l'homme qui ferme sa gueule et obéi, il faut penser comme tout le monde... Les moches, les roux, tous ceux qui ne nous ressemblent pas, la lâcheté est la réponse pour tous ceux qui détestent la liberté et qui argumentent sur des mensonges politiquement corrects, drôle de choc quand on a vécu dans les années 70...
Je ne vois pas comment un crétin aurait pu littéralement subjugué le peuple le plus éduqué de l'Europe...
Si, il y a des différences. Motivations différentes, personnalités dissemblables: Napoléon était un travailleur infatigable, Hitler était un fainéant notoire qui détestait prendre des décisions. Bon d'accord pour la propension à la démesure puisque vous y tenez. Cela étant on raconte aussi beaucoup de choses fausses sur Hitler.
Je ne trouve pas cette hypothèse absurde en soit, même si je n'y adhère pas.
Vous avez peut-être raison. Mais bon, malgré la féminisation de notre société on est loin du matriarcat, heureusement.
Les valeurs que vous citez ne sont pas de vraies valeurs... leur seul effet notable fut de rendre molle comme la guimauve une société autrefois bien plus forte et soudée. Nous sommes devenus faibles, depuis les années 70. L'Occident est faible. Daesh le sait. Les élites politiques ne veulent pas le voir, d'où un décalage avec la population qui sent bien que cela ne va pas.
Lisez la Boëtie vous verrez que la liberté ce n'est peut-être pas si bien que cela... En tout cas vous serez moins surpris que plein de gens n'en veulent pas.
" une société autrefois bien plus forte et soudée " : C'est la fin du monde, notre civilisation va s'effondrer, je ne vois que ça, à cause de la rapacité des riches, et je ne vois absolument aucune solution, à part peut-être un retour du religieux, de ce qui "relie " les gens. La démocratie fut un trop beau cadeau que l'on a fait à l'humanité, l'homme ne sait effectivement que faire de sa liberté, si ce n'est en profiter pour mettre en place le pire système d'esclavage à l'échelle mondiale que l'humanité ait jamais connu, à cause de la totale désinhibition de nos élites " libérées " de tout sens du sacré. Effectivement dans ces conditions je comprends que pour beaucoup de Français d'origine catholique, l'islam radical puisse constituer un espoir, une alternative à la " liberté " consumériste.
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