jeudi 9 juin 2016

Les personnes et les idées



En politique, il y aura toujours deux types d'individus et de comportements : ceux qui défendent des idées, ceux qui s'en prennent aux personnes. Les premiers ont bien sûr ma faveur. Faire de la politique, c'est se reconnaître dans un projet et en combattre un autre. Dans cette affaire, le rôle des personnes est secondaire. Prendre partie pour des idées, ce n'est jamais facile. Il faut argumenter, en sachant qu'on n'a jamais entièrement raison, qu'un point de vue a toujours ses limites. Mais c'est bel et bien cela la République : la confrontation des idées, arbitrée par le choix du peuple. Ce débat doit être passionné, je dirais même violent et agressif. Je regrette par exemple que les partisans de l'Europe n'adopte pas suffisamment une attitude offensive ; ils donnent trop souvent l'impression de se justifier, alors qu'il faudrait attaquer le camp adversaire, les antieuropéens, qui ont réussi à gagner l'opinion.

En revanche, quand la politique s'en prend aux personnes, elle est détestable. Pourtant, c'est la tendance naturelle, humaine : le ressentiment l'emporte sur l'argumentation. C'est ce qui se passe en ce moment avec Emmanuel Macron. Sa personne est plus souvent visée que ses idées : le prix de son costume, son passé professionnel, sa situation fiscale. C'est évidemment indigne, bas, populiste, vulgaire. Le lancer d'œufs ou de tomates contre des hommes publics a toujours existé : ce n'est pas tant ça qui me gêne. Et puis, Macron a tort de penser qu'il est la victime d' "agitateurs professionnels". Ce sont des amateurs, au plus mauvais sens du terme : l'image les dessert. Quand on en vient aux mains, c'est qu'on manque d'idées. Un pro des médias se serait calmement approché du ministre et aurait trouvé la formule qui tue, l'argument définitif. Mais l'opposition à Macron est nulle, banale, gamine. Elle valorise celui qu'elle croit stupidement contredire. Elle ne se fait plaisir qu'à elle-même.

On me répondra peut-être que les personnes reflètent les idées. Beaucoup de commentaires sur ce blog tendent à cette réduction : les idées ne seraient que la résultante des intérêts personnels. Mais c'est entièrement faux. Macron, s'il suivait ses intérêts, serait chez Les Républicains. Et moi, quel est mon intérêt à soutenir Macron ? Aucun ! Et le pauvre type dans sa campagne pourrie qui vote FN, quel intérêt en tire-t-il ? Rien du tout ! En vérité, la politique n'est jamais une question d'intérêt personnel, mais de choix général, idéologique. Le libéralisme de gauche me plaît, m'intéresse, j'y trouve mon compte, j'estime que cette pensée est originale, je crois cette famille d'idées, qui va de Rocard hier à Macron aujourd'hui, utile à la France. Après, ce n'est pas moi qui déciderai de son avenir, mais les Français par leur vote. En attendant, sur ce blog, je la défends, comme je critique sévèrement la gauche radicale, et plus sévèrement encore les frondeurs qui se retournent contre leur propre parti. Mais les personnes n'ont rien à voir avec ce combat-là. Tout le monde hélas ne voit pas la politique ainsi.

13 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

" le pauvre type dans sa campagne pourrie ", quel mépris pour les terroirs français, bien typique d'une certaine idéologie française. BHL : " Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, « franchouillard » ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. " Mais on sait bien Emmanuel que tu est l'héritier de cette idéologie, et que tu te fous des conditions de travail des salariés. Le réformisme social-libéral chez toi est un alibi pour soutenir la nouvelle " idéologie française ", qui durera le temps qu'elle durera. D'ailleurs je n'ai jamais lu chez toi une explication cohérente de ce réformisme social-libéral. Toi-même n'y comprend rien au détails techniques.

Anonyme a dit…

je ne comprends pas sa popularité même s'il est en baisse !!! qu'a-t-il fait ? quel bénéfice de sa soi-disant action ? Les ouvrières sont des illettrées, les chômeurs des fainéants, ... il va dans la provocation, mais nous aussi on saurait faire en donnant de supers idées pour diminuer les revenus, indemnités, primes et avantages en tout genre de ces élus ou pas !!!

Anonyme a dit…

Comme toutes les bulles médiatiques, ça fait Pschitt...Il est arrivé, les médias se sont entichés de lui, entraînant la population, comme si c'était un surhomme (comme notre blogueur !). Mais il ne connaît rien à la politique (sauf en Economie), il vit à côté de la population, pas parmi elle, et chaque jour il découvre que faire le beau avec de grands sourires ne suffit pas, il en semble abasourdi comme si cela lui avait toujours suffi. Qu'il roule sa bosse pendant une dizaine d'années et ensuite il sera peut-être mûr pour cela.

Anonyme a dit…

Vouloir faire de belles phrases c'est bien, encore faut-il qu'elles aient un sens. « La charpente lambrissée », cela fait style, mais ne veut rien dire. Mettre des métaphores toutes les lignes et des rappels à sa culture par citations interposées fait un peu confiture qui s'étale. Il est bien de prendre position encore faut-il qu'elle soit claire. Dénoncer les dîners en ville et les ragots, tout en parlant prouvant par là qu'ils sont allés jusqu'aux oreilles du journaliste et qu'il a aussi dîné en ville est finalement en faire la promotion. Surtout quand on l'étale si longuement.
On a l'impression que certains ont besoin d'un sauveur, Macaron n'est pas celui-là. Il y a des questions d'éthique - en dehors de ses idées qui sont confuses et variables - comme par exemple savoir si elle est respectée quand ce ministre réussit à créer un mouvement de plusieurs milliers de membres selon lui. En effet créer un tel mouvement nécessite des moyens financiers, du temps, de l'organisation. Un ministre ne peut avoir ce temps, il se doit à son ministère. Il ne peut non plus par loyauté monter un mouvement politique en même temps qu'il gouverne. Enfin reste le financement, ce qui pose un problème déontologique. Sans même à chercher à savoir s'il y a détournement de fonds, il est fort probable que c'est sa place de ministre qui lui ouvre des portes et donc c'est le fait d'être au pouvoir qui lui facilite la vie. Il s'agit d'un conflit majeur d'intérêt.
En ce qui concerne ses casseroles parler de la coïncidence des révélations c'est regarder le doigt et non la lune. Le fait grave est qu'il a voulu moins payer d'impôts (en trichant ou non) ce qui est l'opposé de la philosophie de la solidarité et ce qui est inique quand on est riche et que l'on gagne plus que confortablement sa vie. Que certains balancent l'info maintenant pour lui glisser une peau de banane est accessoire car le fait reste un fait prouvé. Un ministre qui se promène pour créer son mouvement, qui paye l'ISF et qui laisse El Khomri toute seule se démerder pour ce qui est l'avatar de sa loi (loi Macron) est indigne. Il veut les lauriers et laisse bombarder El Khomri sans faire un geste. C'est lâche et pas très glorieux. Macron est un opportuniste sans colonne vertébrale nourri aux dollars des banques.

Emmanuel Mousset a dit…

- Erwan, ne t'inquiète pas, le pauvre type dans sa campagne pourrie qui vote FN, ce n'est pas toi, même si tu as pu vaguement t'y reconnaître.

- Les trois commentateurs ne semblent pas aimer Emmanuel Macron. Mais peut-être que je me trompe.

Philippe a dit…

Le film "ridicule" des années 90 rendait peut être compte d'un invariant de l'esprit français.
Macron est quelque part "ridicule", ou du moins on cherche la faille qui peut le faire considérer comme étant "ridicule" ?
Un œuf sur le crane (Macron, Fabius à Hesdin il y a longtemps), des tartes à la crème (BHL), un mot inventé (Royale), un comportement ne correspondant pas à la fonction (scooter) .... le franchouillard adore cela.
C'est une arme bien française utilisée par les politiques eux-mêmes.
Chirac et le roquet Fabius .... un morceau d'anthologie ....................

Anonyme a dit…

Décidément vous êtes bien aveugle ou naïf ou les 2 à la fois et pas seulement derrière votre clavier d'ordinateur. Bien protégé par votre statut de fonctionnaire comme votre mentor la banquier Macron vous ignorez totalement la violence de l'économie libérale, en plus ce dernier en rajoute des couches par des propos méprisants à l'égard du monde du travail. "Qui sème le vent récolte la tempête" Monsieur Macron n'a qu'à s'en prendre à lui-même s'il reçoit le juste prix de ses propos. Voilà ce qui arrive quand l'on sort de sa bulle politico-médiatique pour se confronter au réel.

Anonyme a dit…

En effet Monsieur Macron n'a pas d'intérêt à aller chez "les Républicains" où cela serait sa place en temps normal, il y aurait trop de concurrence sur son profil politique de libéral et ce parti fait de la surenchère en matière de libéralisme triangulé qu'il est par la politique libérale du trio Hollande-Valls-Macron. Comme ils ont tous entériné une Europe libérale, ils ne peuvent faire qu'une politique libérale et rétrograde pour tout le monde du travail. C'est bien pourquoi toutes les forces progressistes qui ont entériné cette Europe sont en crise et ne sont pas près de retrouver le pouvoir. Les dernières élections italiennes ont mis en évidence cela, en Allemagne les sociaux-démocrates, après la régression Schröder, sont plus éloignés que jamais du pouvoir. Ne parlons pas du Pasok qui a disparu à force de faire les politiques les plus rétrogrades. En France le PS, votre parti, est en bien mauvaise posture pour les élections de 2017 avec le risque d'un laminage complet en raison d'une division de la gauche sans précédent depuis 50 ans.
Dans ces conditions vous pouvez toujours insulter le FN, ses dirigeants, ses élus et ses électeurs mais c'est votre impuissance qui s'exprime ainsi en raison d'analyses superficielles et infondées. Les succès de ces derniers se nourrissent des échecs, renoncements et capitulations de la gauche à agir, peser pour transformer le monde dans un sens plus juste, en faveur du monde du travail et non du capital.
Entre un électeur du FN et vous il y a une différence c'est le patriotisme, une notion qui vous est inconnue puisque vous avez fait allégeance comme toute l'oligarchie à Madame Merkel et son ministre des finances, les vrais et seuls dirigeants de l'UE.

Anonyme a dit…

Si Emmanuel Macron était un homme politique normal comme le président il saurait qu'on n'insulte pas ainsi des français quoique l'on pense d'eux. Il ne faut pas s'étonner qu'il en reçoive les contreparties, c'est normal et naturel. En fait Emmanuel Macron me fait penser à ces aristocrates d'Ancien régime qui méprisaient ostensiblement le peuple. On sait ce qu'il en est arrivé pour eux, s'il n'y prend pas garde Emmanuel Macron pourrait subir un sort moins policé qu'en ce moment....

D a dit…

Tout le monde aurait dû regarder le film à l'affiche du cinéma de minuit, cette nuit. C'était en Italie. Mais ça a été chez nous et dans tous les pays où l'exploitation de l'homme par l'homme a été et est encore d'actualité. Avec Mastroïanni, Blier, Girardot, Salvatori, Perrier et tutti quanti tous remarquablement filmés par un maître du cinéma italien. Tout le monde devrait lire aussi le livre qui vient de sortir sur Jules Durand, chef du syndicat des charbonniers du port du Havre ou aussi (sinon, attendre qu'elle soit remontée), la pièce d'Armand Salacrou sur ce sujet : "Boulevard Durand".
Après ça, on sait pour qui ne pas voter que ce soit aux élections politiques ou aux élections syndicales.

Emmanuel Mousset a dit…

Le problème en politique n'est pas de savoir pour qui on ne va pas voter, mais pour qui on va voter. Mais ça, vous n'en parlez pas.

D a dit…

Le problème ? C'est peut-être celui de la condescendance, de la suffisance et de la bétise, Monsieur, pas la lutte des classes qui n'existe que dans des esprits révoltés. Les "gros" ne luttent pas contre les "petits" : ils se contentent de les duper à leur profit. Et les "petits", lorsqu'ils luttent, c'est pour essayer de survivre, le plus souvent de façon désordonnée. Quand les "petits" s'unissent c'est qu'il y a un meneur qui interprète la condescendance et la suffisance des "gros". Qui canalise les ressentiments. Qui synthétise. Qui intellectualise. Qui transcende. Alors, savoir pour qui voter, c'est facile quand on est du côté du manche. Quand on est à l'autre bout, il est plus facile de reconnaître ceux qui ne leur veulent pas du bien que ceux qui sont en train de vouloir les duper. Il y en a si peu qui leur veulent du bien, toujours parce que chacun croit toujours devoir se situer plus haut ou plus bas selon des critères subjectifs connus d'eux seuls. Le malheur, c'est qu'il n'y a pas de classes, juste des rapports d'inférieurs à supérieurs et inversement avec toutes les suffisances et les condescendances se traduisant par des propos et des attitudes méprisantes. Alors pour qui voter lorsqu'on est ouvrier, c'est à dire salarié, de nos jours ? Pour ceux qui semblent le moins vous prendre pour des cons.

Emmanuel Mousset a dit…

Et c'est qui ?