vendredi 3 février 2012

Tout est pédagogique.

On apprend tous les jours. Aujourd'hui j'ai appris un nouveau concept : la gifle pédagogique. Je connais la paire de gifles et je pratique la pédagogie par métier. Mais l'association des deux m'avait jusqu'à présent échappé. Le coup est parti d'un maire excédé par un probable jeune merdeux qui n'a sans doute eu que ce qu'il méritait. De là à plaider la pédagogie devant un tribunal, il y a un pas hasardeux.

La claque est le résultat d'une légitime colère, elle ne peut pas être un acte pédagogique prémédité ! Il est étrange que l'accusé n'argumente pas l'irresponsabilité de l'énervement, beaucoup plus convaincante. La justice fera son travail : elle condamnera ce geste de violence et aura bien sûr raison. Les nerfs ne justifient rien et la pédagogie encore moins. Il n'y a pas de petites ou de grandes violences, d'inoffensives ou de graves : toutes tombent sous la loi. Le fait est une chose (chacun doit assumer ses mouvements d'humeur qui ont leurs raisons), la règle en est une autre (elle ne peut pas absoudre une agression physique, quels que soient ses motifs, même honorables).

Mais après tout, la pédagogie est peut-être extensible. En politique par exemple, la gifle aurait son utilité : Marine Le Pen fait une bonne tête à claques. Pour elle, il faudrait en réserver plusieurs. A Saint-Quentin, j'aimerais me faire la main sur Antonio Ribeiro, surtout lorsqu'il porte ses insupportables lunettes noires (porter des lunettes de soleil quand il fait à peine soleil mérite au moins une claque). A gauche aussi cette pédagogie pourrait être prodiguée mais les têtes auxquelles je la réserve n'ont pas assez de notoriété pour que je puisse les citer.

Finalement, est pédagogique tout ce qui fait mal (ce qui fait du bien n'apprend rien). De ce point de vue, la défaite en politique est beaucoup plus formatrice que la victoire. C'est pourquoi je souhaite à tous mes adversaires de perdre à répétition, dans leur intérêt évidemment. L'injure aussi est puissamment pédagogique : c'est un grand moment de vérité qui blesse son destinataire parce qu'elle lui apprend quelque chose sur lui-même (si l'injure était mensongère, elle n'aurait aucun effet, ne susciterait aucune réaction). Si j'avais à insulter la fille Le Pen, je choisirais le terme de grognasse, qui lui va bien je trouve (elle grogne, elle jappe, elle essaie de mordre, elle ne propose rien).

Gifle ou pas, la pédagogie est un art difficile. J'en viens presque à me demander si tout n'est pas pédagogique dans la vie. Mais la meilleure pédagogie est encore celle qu'on s'applique à soi-même, dans une sorte d'auto-évaluation. On devrait être capable de s'injurier quand on se regarde dans le miroir, ce qui déchargerait les autres de cette tâche ingrate. Il m'arrive personnellement de m'y adonner, mais je n'en abuse pas.

Aucun commentaire: