mardi 21 février 2012

Le roi du rire.



J'ai participé à des réunions politiques tumultueuses, j'ai fait des conférences devant plusieurs centaines de personnes, j'ai rencontré des personnages importants et impressionnants mais jamais je n'ai eu autant d'appréhension que ce dernier dimanche, où j'étais invité par Jean Triboulloy à une séance de rigolothérapie, dans le restaurant Les Agapes, boulevard Gambetta à Saint-Quentin. Triboulloy s'est donné comme mission et comme métier de faire rire autrui afin de le soulager des maux de la vie. Je ne suis pas spécialement malheureux ni non plus très porté sur le rire, mais une invitation à parler de mon ouvrage "Les Saint-Quentinois sont formidables" (dans lequel j'évoque Jean Triboulloy) ne se refuse pas. Je m'y suis donc rendu, ne sachant pas trop ce qui m'attendait et ce qui allait m'arriver.

J'avoue que je n'ai eu ni déception, ni regret, j'ai vraiment passé un très bon après-midi. Jean Triboulloy pratique l'humour gentil et un tantinet coquin au fil des courts sketches qu'il interprète avec les comédiens de la compagnie "Les Tréteaux errants". Car on ne peut comprendre Jean que si l'on sait qu'il est fondamentalement un homme de théâtre. C'est un rire sans prétention, de bonne humeur, de joie de vivre auquel il nous convie. Les invités sont ravis, participent, Triboulloy manifestement a trouvé son public constitué de fidèles. Chansons, devinettes, petits jeux égaient la rencontre, où l'on gagne même des stylos et des sacs "offerts par Xavier Bertrand" (c'est la municipalité qui fournit les lots).

L'ambiance de la rigolothérapie est difficile à décrire, il faut en être pour apprécier. Je peux malgré tout vous donner un échantillon de blague : un monsieur , amateur de thé mais plus particulièrement de thé russe, spécimen très rare, entre dans un salon et demande à la serveuse : vous n'avez pas du thé russe ? (j'espère que vous avez tous ri, car le comique de situation passe moins bien à l'écrit). Jean Triboulloy est un mélange de Philippe Bouvard et de Raymond Devos.

Le clou du spectacle, c'est la "galette des reines" (la date est passée et les rois sont détrônés mais l'humour de Jean est comme ça), avec une petite tricherie : la fève est dans la part réservée aux dames, qui sont très majoritaires dans l'assistance (huit hommes seulement !). Quand trois d'entre elles sont couronnées, Jean Triboulloy leur masque d'un foulard les yeux et demande aux hommes de venir leur susurrer un mot à l'oreille. J'étais un peu gêné, je ne suis pas très fort dans l'improvisation, j'ai quand même trouvé une formule, identique pour chaque oreille : "Vous êtes la plus belle des reines" (ce n'est pas très original mais c'est normalement un truc qui marche). Une fois les confidences terminées, les dames toujours aveugles se lèvent et cherchent des mains le corps qui appartient à la voix qu'elles ont préférée. Voilà comment la reine trouve son roi ! C'est tout de même plus rigolo que le couronnement traditionnel.

Ce que j'ai surtout aimé, c'est de voir Jean Triboulloy presque pleurer de rire à ses propres plaisanteries. Cet homme a décidé il y a quelques années de fonder à Saint-Quentin l'association SOS rigolothérapie à la suite d'une grave maladie, d'un séjour à l'hôpital qui lui ont fait comprendre que la vie ne devait pas succomber au malheur et à la tristesse, que le rire était la seule issue possible. C'est une philosophie qui en vaut bien une autre. Je crois qu'elle aide pas mal de gens à traverser l'existence : quand celle-ci ne vous sourit plus, autant s'en amuser. Je me demande si moi-même, tellement pris dans des activités fort sérieuses et parfois dérisoires, je ne devrais pas me prescrire quelques cures de rigolothérapie, sous la direction de Jean Triboulloy bien sûr ...

http://sosrigolotherapie.e-monsite.com/

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