lundi 20 février 2012

Le dur et le doux.

Dans son premier grand meeting de campagne, hier à Marseille, Nicolas Sarkozy a de nouveau été très dur envers son adversaire principal, François Hollande. Dur ou offensif, comme vous voudrez, ça revient au même. Après l'avoir traité de menteur la semaine dernière, c'est une accusation encore plus grave qu'il a lancée contre lui : ne pas aimer la France ! De son côté, le candidat socialiste ne s'est pas départi de sa tranquillité : ne pas entrer dans ce jeu de rôles, ne pas répondre aux attaques, rester au dessus de la mêlée, cultiver le calme et la sérénité.

En ce vrai début de campagne, deux stratégies, deux images, deux personnages s'installent : le dur Sarkozy et le doux Hollande. Ils le portent d'ailleurs sur leur corps et leur visage : traits crispés, regard inquiet, gestes brusques, verbe énergique, démarche vive chez l'un, face ronde, regard apaisé, parole lyrique mais retenue, pas plus lent chez l'autre. Nicolas Sarkozy veut nous faire comprendre combien la situation est grave et combien il est le seul à pouvoir l'affronter, François Hollande suggère qu'il est temps de changer, qu'il faut rassembler et qu'il est le mieux placé.

Je ne suis pas sûr que ces lignes politiques soient complètement délibérées. C'est aussi une affaire de tempérament, un moment de vérité personnelle pour ces deux hommes qui ont toujours été, de caractère, ce qu'ils sont en train de nous montrer. Ce n'est donc pas une vulgaire mise en scène. Quand j'ai accueilli en tant que secrétaire de section François Hollande à Saint-Quentin en 1999, quand je l'ai revu par la suite dans les réunions de courant, pour le oui au traité constitutionnel européen, il était déjà ce qu'il est aujourd'hui, consensuel et sympathique. Je suppose qu'il en va de même avec Nicolas Sarkozy, un homme qui à l'instar de Staline a toujours pensé que "la meilleure défense c'est l'attaque".

Et puis, ont-ils vraiment l'un et l'autre le choix de leur stratégie ? Donné perdant dans les sondages, Sarkozy doit rattraper son retard. Pour ça, une seule solution : donner du canon, bombarder celui qui s'échappe en tête. Hollande est pour l'instant et depuis quelque temps le premier : il doit garder cette position, ne rien faire qui puisse entraîner une chute, conserver son avance, consolider l'acquis de popularité. Surtout, les deux n'ont pas intérêt à ce qu'il y a de pire en politique : changer au milieu du gué, rompre leur stratégie, altérer leur image. Ils sont condamnés à rester ce qu'ils sont, à demeurer fidèles à eux-mêmes.

Qui a raison, qui a tort, le dur ou le doux ? Qui va passer aux yeux de l'opinion pour le bon et pour le méchant ? Qui va gagner, qui va perdre ? La politique est une science tellement imparfaite, pleine de surprises et de contradictions qu'il est impossible dès maintenant de trancher. La dureté peut plaire, les Français peuvent aspirer à se donner encore un chef parce que ce monde est dur. La douceur peut séduire, les Français préférant un rassembleur parce qu'il est inutile de rajouter de la dureté à la dureté. J'ai bien sûr fait mon choix personnel puisque je vote socialiste depuis que je suis bébé, mais je suis incapable de prévoir ce que les autres vont faire. Nous n'aurons pas longtemps à attendre ; d'ici quelques semaines, une tendance va se confirmer, qu'il sera ensuite difficile de corriger.

Aucun commentaire: