mardi 28 février 2012

Sarko facho ?

Dans l'édition du mardi de L'Aisne Nouvelle, je commence ma lecture par la rubrique Le petit carillonneur, pleines d'anecdotes amusantes et révélatrices. Aujourd'hui, la photo est choc : une affiche du régime de Vichy en faveur du travail en l'Allemagne nazie, gros obus avec croix gammée et ce slogan "Pour une France plus forte". Le journal a fait cette découverte sur Facebook. Quel rapport avec la situation politique actuelle ? Le slogan justement, qui rappelle celui de l'affiche présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le commentaire posté dénonce ainsi les "relents pétainistes" de celle-ci.

Je suis un adversaire de Nicolas Sarkozy, je n'approuve pas sa politique, je la trouve très à droite mais jamais il ne me viendrait à l'esprit de rapprocher le président de la République du pétainisme, du fascisme ou du nazisme, comme le laisse entendre cette comparaison avec l'affiche de l'Etat français. D'abord parce que c'est idiot : "La France forte" est une formule banale reprise par bien des hommes politiques, de droite ou de gauche. Ensuite parce que c'est faux : Sarkozy est un conservateur, réactionnaire par certains côtés ; on ne peut cependant pas l'assimiler à l'extrême droite nationaliste et antirépublicaine.

Bien sûr, on peut mettre ce collage grossier et déplacé sur le compte de la franche rigolade, de la caricature pamphlétaire, de l'outrance propre au combat politique. Mais ce n'est pas non plus une raison valable. Je ne suis pas convaincu par la conception guignolesque de l'action publique, qui exige tout de même un minimum de sérieux si on veut être crédible. Je crains surtout l'effet contre-productif de ce genre de dérive auprès de l'électorat. Certains croient qu'en politique "plus c'est gros mieux ça passe" : non c'est l'inverse, plus c'est gros moins ça passe, mais ça vous explose au nez comme un pétard mouillé.

Sarko facho ? Je me souviens que dans les années 70 on taxait vite de fasciste toute personnalité de droite qui ne plaisait pas. Michel Sardou par exemple a longtemps subi l'injure parce qu'il avait chanté la peine de mort, les colonies, les Ricains et le machisme. Personne aujourd'hui n'oserait reprendre cette polémique. L'étiquette infamante est sans doute encore utilisée par la gauche ultra, anarchisante, pour disqualifier l'adversaire. Mais rares sont ceux qui succombent maintenant à cette tentation de l'invective qui appartient à une autre époque.

Ce qui est exemplaire dans la campagne de François Hollande, c'est qu'elle tourne le dos à toute forme d'agressivité ou d'outrance. Il n'y a nul besoin de rapprocher Nicolas Sarkozy du fascisme pour le combattre. Au contraire, le rapprochement prouverait qu'on serait à court d'argument. Le candidat socialiste ne se positionne pas par rapport aux autres mais par rapport à lui. Il ne ressent pas la nécessité d'être très à gauche ; il lui suffit d'être bien à gauche. C'est un socialiste modéré, au bon sens du terme, sans aucune nuance de faiblesse, de mollesse ou d'incertitude. C'est dans cette gauche-là que je me reconnais.

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