dimanche 12 février 2012

Mélenchon, collector 70.

Il remplit les salles de ses meetings et frôle les 9% dans les sondages, c'est bien sûr Jean-Luc Mélenchon et c'est pas mal du tout. L'ex-socialiste s'est construit un personnage et a occupé un créneau électoral : quoi demander de mieux à la politique ? Il s'est fait une gueule, un bagout, une agressivité et même un costard, classique sombre avec cravate très rouge, c'est parfait. On l'identifie : Mélenchon c'est un collector année 70, une tournée genre âge tendre et tête de bois sans Stone et Charden mais Laurent et Buffet. De cette décennie, il a gardé le physique de Georges Marchais et la rhétorique de François Mitterrand (celui d'Epinay, dans ses discours de rupture et sa condamnation de l'argent).

Je ne voterai pas pour Mélenchon puisque je suis socialiste mais je lui souhaite le plus fort score possible puisque c'est l'intérêt de la gauche, pour quatre raisons :

1- Plus Mélenchon sera fort, plus l'extrême gauche sera faible, ce que montre les sondages et ce qui est une bonne nouvelle. Quand l'extrême gauche est forte (voir 2002 et aussi la malheureuse expérience saint-quentinoise), la gauche classique est faible et en situation de perdre.

2- Mélenchon et son Front de Gauche sont les seuls à être vraiment offensifs à l'égard de l'extrême droite, ce dont je me réjouis (même si j'aimerais que nous soyions plus nombreux dans ce combat). Il faut disputer à Le Pen les voix ouvrières et populaires. C'est le devoir et l'honneur de la gauche, c'est aussi une des conditions de sa victoire.

3- Avec Jean-Luc Mélenchon, le PCF va sortir historiquement de la marginalisation qui le frappe depuis un quart de siècle, en passant de 1% à peut-être 10%. Quoi qu'il en soit du résultat final, le rétablissement sera spectaculaire. Les dissidents communistes saint-Quentinois, Bécourt et Tournay, ont tort : ce sont eux qui marginalisent le PCF (et la gauche saint-quentinoise en s'alliant avec elle), et c'est au contraire Mélenchon et localement Fontaine qui lui redonnent un espace politique.

4- Jean-Luc Mélenchon, aussi critique soit-il envers les socialistes (mais on ne doit pas craindre en politique la critique, on doit en tirer des leçons), est imprégné de discipline républicaine qui le conduira à soutenir dans tous les cas de figure le candidat de gauche arrivé en tête. On sait que l'extrême gauche n'est pas dans ce schéma-là. Quand je lis, dans le texte du comité de soutien aux candidats communistes dissidents de Saint-Quentin, que la première flèche est adressée à la social-démocratie, j'ai compris et je m'inquiète. C'est pourquoi il faut espérer, à Guy Fontaine comme à Jean-Luc Mélenchon, le plus haut score possible.

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