mardi 14 février 2012

Plus jamais ça.

Après la polémique et le scandale d'hier soir au Conseil municipal de Saint-Quentin (voir billet précédent), il faut en tirer les leçons politiques. Antonio Ribeiro n'est pas né dans les choux, il n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter. Comme la créature dans le roman à succès de Marie Shelley "Frankenstein", il a été créé par la gauche avant qu'il ne s'en sépare pour finalement se retourner violemment contre elle. A deux ans d'une élection municipale où nous devrons constituer une nouvelle liste, il est bon d'y réfléchir pour que pareille chose ne se reproduise plus.

En 2008, Ribeiro est un parfait inconnu. Jamais je ne l'ai vu à aucune réunion, aucune manifestation de la gauche. Il se prétend alors membre du MRC (Mouvement républicain et citoyen) mais je ne l'ai jamais croisé parmi les chevènementistes de la ville. La vérité, c'est qu'il fallait à l'époque quelqu'un pour remplacer Freddy Grzeziczak, rallié à la droite, et qu'on a pris alors n'importe qui. Le parti socialiste était en pleine crise, divisé. Dans les armées en déroute, on prend vite du galon : Ribeiro s'est retrouvé propulsé en tête d'affiche, lui qui venait de nulle part et qui est sans doute condamné à y retourner.

Je n'en veux pas à l'homme, respectable comme tout homme, ni meilleur ni pire qu'un autre, que moi. Mais j'en veux au système qui l'a fait naître, qu'on pouvait parfaitement éviter et qu'il ne faudra pas reproduire en 2014. J'ai à ce propos trois observations et trois propositions à faire, qui n'étonneront pas ceux qui me lisent depuis plusieurs années :

1- La question de la compétence et de l'influence : à mon avis, n'importe qui ne peut pas figurer sur une liste municipale. Ce n'est pas être désobligeant envers quiconque que de le reconnaître. Représenter la gauche, assumer un mandat exigent tout de même quelques compétences, surtout quand on a le rôle ingrat et difficile de s'opposer à Xavier Bertrand. Il ne s'agit bien sûr pas de sélectionner sur diplôme ou sur examen mais de choisir collectivement les plus aptes à mener le combat, celles et ceux qui représentent un peu quelque chose sur la ville. A l'évidence Antonio Ribeiro n'en était pas. Il a tout de même été retenu. Imaginez un peu que la gauche l'ait emporté, qu'il soit devenu maire-adjoint ! C'est sans doute une des raisons, parmi beaucoup d'autres plus importantes, pour laquelle la gauche ne l'a pas emporté.

2- La question des alliances, des courants et des partis : tant que la gauche locale ne raisonnera pas en termes d'hommes et de femmes mais de courants et de partis, elle devra se coltiner des Antonio Ribeiro. Une liste construite sur des alliances qui laissent des places à chaque parti sans droit de regard sur leurs candidats conduit inévitablement à favoriser des inconnus ou des aventuriers. Bien sûr chaque parti de gauche doit être représenté, chaque courant aussi, mais pas à n'importe quelle condition : la tête de liste doit avoir un droit de veto. Chaque partenaire propose et c'est la tête de liste qui dispose. Sinon celui-ci ne fait plus figure de leader quand on lui impose des candidats dont il ne veut pas parce qu'ils ne sont pas bons.

3- La question du leadership socialiste : c'est le problème principal, tout le reste découle de là. Il faut un leadership socialiste fort, et même intransigeant, qui pèse de toute son autorité sur ses partenaires, lesquels sans le PS n'arriveraient jamais à avoir des élus. Dans une ville moyenne comme Saint-Quentin, le PS doit être influent, présent, énergique, au même niveau que l'adversaire, ambitieux comme lui. Je le pense depuis cinq ans, depuis que le départ d'Odette Grzegrzulka a inauguré une nouvelle période pour la gauche, qui jusqu'à présent ne me convient pas parce qu'elle tourne le dos aux trois principes que je viens d'émettre, parce qu'elle nous conduit hélas dans l'impasse. Puisse le malheureux incident d'hier faire prendre conscience de la situation et qu'on ne revive plus jamais ça.

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