jeudi 1 mars 2012

100 000 euros, 75%.

Ce qu'on retient d'une campagne électorale, ce sont deux ou trois propositions qui marquent. En 1981 je me souviens des nationalisations et de l'abolition de la peine de mort, en 1997 des 35h et de la CMU. Chez François Hollande, les 60 000 postes dans l'Education nationale, annoncés pendant les primaires, et il y a quelques jours l'imposition à 75% des rémunérations dépassant les 100 000 euros mensuels feront date. Je veux revenir sur cette dernière mesure.

Elle est conforme à la tradition du socialisme, qui repose sur la redistribution fiscale. Elle a le mérite de clarifier les enjeux : la droite s'y oppose bien sûr, mais l'extrême droite aussi, alors qu'elle se présente comme le parti des ouvriers. L'extrême gauche trouve que le candidat socialiste ne va pas assez loin. Chacun à partir de là fera ses choix. Je veux cependant répondre à quatre objections :

- Hollande n'aime pas les riches. Non, le problème politique n'est pas d'aimer ou non les riches, pas plus que les pauvres d'ailleurs, mais de défendre l'intérêt général et la solidarité nationale. Même avec une imposition à 75% d'une rémunération dépassant les 100 000 euros par mois, les riches resteront riches. Je ne crois pas que leur sort soit fondamentalement menacé ni qu'il faille s'en inquiéter.

- Cette mesure ne va rien rapporter. Non, une tranche d'impôt ramène toujours de l'argent dans les caisses de l'Etat ou je n'y comprends plus rien en économie élémentaire. Ce qui est vrai, c'est que les sommes ne seront pas immenses et ne rétabliront pas à elles seules les comptes de la nation. Mais ce n'est pas l'objectif : ce qui est recherché, c'est beaucoup plus de justice sociale. Même la droite convient que certaines rémunérations sont indécentes. Sauf que Nicolas Sarkozy renvoie le traitement de ce problème aux actionnaires des entreprises. Je crains que ça ne change rien.

- Les riches vont quitter la France. Non, les riches qui ne supportent pas l'impôt ont déjà les moyens de partir ; ce n'est pas une imposition supplémentaire qui va les en décider. Et puis, s'ils le désirent, qu'ils s'en aillent ! De toute façon, ils ne le feront pas. Le feraient-ils que d'autres les remplaceraient tout aussi avantageusement. Personne n'est indispensable. La force de la France est dans toutes ses énergies, pas seulement dans une petite minorité de nantis.

- Aucun pays n'a jamais adopté une telle mesure. Je n'en sais rien, je ne suis pas économiste. Je sais tout de même que les taux d'imposition dans les social-démocraties nordiques sont très élevés, "confiscatoires" comme disent ceux qui leur sont hostiles. Mais peu importe : la France n'a pas à se déterminer par rapport à ce que font ou ne font pas les autres pays mais par rapport à ce qu'elle croit être juste ou non. Si nous sommes les seuls à prendre la mesure que prône François Hollande, pourquoi pas ? Il vaut mieux donner l'exemple que suivre.

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