vendredi 2 mars 2012

Les injoignables.

Dans ma lecture quotidienne de la presse locale, il y a régulièrement un moment savoureux : c'est lorsque je lis que tel élu, tel responsable politique, tel président d'association sont "injoignables". A notre époque d'hypercommunication, où n'importe qui gratouille son mobile ou son ordi, plus personne n'est injoignable ou ne devrait être injoignable. Même à l'autre bout du monde, le contact peut se faire.

Injoignable signifie donc : qui ne veut pas être joint, ce qui est étrange et même anormal pour un élu, un responsable politique ou un président d'association puisque ce sont des personnages publics, qui à ce titre se doivent de répondre aux sollicitations de la presse, d'autant qu'ils sont les premiers à faire appel à elle lorsqu'ils ont une information à transmettre. Manifestement, la réciprocité n'est pas le fort des injoignables.

L'intelligence non plus : ne pas répondre à un message laissé par un journaliste sur votre répondeur, c'est avouer qu'on est gêné par l'interpellation, qu'on craint les questions, c'est finalement mettre en relief qu'il y a bel et bien un problème, c'est trahir paradoxalement qu'on a quelque chose à cacher . On ne fait pas plus maladroit que ça. Si la politique de la chaise vide est la pire des politiques, il en va de même pour celle du téléphone muet. J'ajouterais que la simple courtoisie exige qu'on rappelle celui qui vous appelle et qui ne vous a pas eu.

Les injoignables me font penser au méprisant "cause toujours, tu m'intéresses" des indifférents ou au laconique "on vous rappellera" de la secrétaire qui se débarrasse ainsi de son interlocuteur. Je ne dis pas qu'il faut se soumettre aux demandes de la presse, les considérer comme des injonctions ; il y a des questions dont les réponses sont impossibles ou qui doivent demeurer discrètes. Mais au moins suffit-il de s'en justifier, de le signaler, au lieu de l'insupportable et condescendant silence.

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