mardi 6 mars 2012

Sarkozy à St-Quentin (suite).

Par la presse locale de ce matin, nous en savons plus sur les propos tenus hier par Nicolas Sarkozy lors de sa visite à l'EPIDE de Saint-Quentin. Il a d'abord réitéré son refus du droit de vote pour les étrangers non communautaires aux élections municipales, avec l'argument que cette mesure "créera un vote communautariste", contraire donc à l'esprit de la République. Mon désaccord est total : les européens bénéficient, eux, de ce droit de vote, en vertu des traités européens ; a-t-on remarqué lors des élections locales un "vote communautariste" portugais par exemple (la communauté étrangère la plus importante) ? Sûrement pas. Il n'y a donc pas à craindre ce qui n'existe pas et n'existera pas.

Au contraire, donner le droit de vote aux étrangers non communautaires leur permettra de sortir de leur communauté, d'être mieux intégrés à la République en devenant des citoyens comme les autres, disposant du droit de vote. Cela ne suffira pas en matière d'intégration mais ce sera un élément important, que la gauche n'a jamais pu mettre en place à cause de l'opposition du Sénat, majoritairement à droite.

Autre point de vue de Nicolas Sarkozy qui suscite mon opposition : l'étiquetage de la viande halal afin d'informer le consommateur sur son origine. C'est Marine Le Pen qui, comme chacun sait, a lancé ce débat délétère qui n'a aucunement sa place dans une campagne présidentielle où il y a tant à débattre, emploi, industrie, logement, santé, Europe, politique internationale, mais pas du mode d'abattage des animaux ! Le Pen le fait pour exciter les passions racistes, viser la communauté musulmane, sous prétexte de sensibilité envers la souffrance animale et de traçabilité hygiéniste. Le candidat Sarkozy ne devrait pas rebondir sur ce terrain-là, qui ne mérite que le mépris.

Car où est le problème ? Nulle part ! Je me moque de savoir de quelle façon la bête qui est dans mon assiette avant d'aller dans mon estomac a été tuée, rituellement ou pas. Ce qui préoccupe, ce sont les bonnes conditions sanitaires. Le reste n'a aucune importance. Je n'ai jamais vu aucune religion en être gênée. Quant aux athées, ils sont totalement indifférents à ces choses-là, qui pour eux n'ont aucun sens. Où est le problème ? A part dans la tête xénophobe de Marine Le Pen, je ne vois vraiment pas.

Je partage encore moins les propos du Premier ministre affirmant que l'abattage rituel était dépassé, non conforme au progrès des sciences et des techniques. Au nom de la laïcité, un représentant de l'Etat ne doit pas s'insérer dans les pratiques religieuses, porter sur elles des jugements défavorables ou favorables. En tant que citoyen, François Fillon est libre d'apprécier ou pas, de trouver stupide ou noble les rituels musulmans ou juifs mais il n'a pas à en faire publiquement état, il doit se montrer neutre en la matière, notre Constitution séparant les églises et l'Etat.

Mais la souffrance animale ? Quand j'étais enfant, j'ai vu tuer le cochon dans les fermes du Berry : tuer une bête n'est jamais agréable pour la bête mais ce n'est pas pire quand la mise à mort est rituelle. Je crois même que la condition animale est bien plus atroce dans les élevages industriels d'aujourd'hui. Et les conditions sanitaires ? Elles sont respectées dans le cadre de l'abattage rituel, les contrôles ont lieu comme pour n'importe quelle forme d'abattage, soumise à la loi. Laissons donc tomber cette querelle des viandes, qui me fait penser aux débats théologiques du Moyen Âge, et concentrons-nous sur les vrais problèmes qui sont suffisamment nombreux pour qu'on ne s'en détourne pas.

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