dimanche 4 mars 2012

Si Hollande gagnait ...

Il n'est plus présomptueux de prévoir aujourd'hui une possible victoire de François Hollande à l'élection présidentielle, même si un retournement de l'opinion n'est pas à exclure jusqu'au dernier jour. Ce choix d'un président socialiste, vingt-quatre ans après François Mitterrand, aura évidemment des conséquences politiques d'ampleur, au-delà d'un changement à la tête de l'Etat. A Saint-Quentin, ce prévisible événement aura trois effets positifs à gauche :

1- Très directement, la victoire d'Anne Ferreira sur Xavier Bertrand deviendra envisageable, dans la perspective d'une "vague rose" aux élections législatives comparable à celle de 1981. L'ancrage socialiste local étant faible comme l'attestent les résultats des scrutins locaux ces dix dernières années, il n'y a qu'un élan national puissant qui laisse espérer une victoire de la gauche. Tout dépendra de la dynamique présidentielle, de la force de sa poussée. Rien ne sera en tout cas automatique mais tout redeviendra possible.

2- Plus durablement, un gouvernement de gauche influera sur les mentalités, les comportements politiques. J'ai pu le vivre en tant que secrétaire de section à l'époque de Lionel Jospin, de 1997 à 2002. Les militants doivent alors assumer des réformes, défendre des choix, répondre aux critiques, bref sortir de la culture d'opposition. L'état d'esprit n'est plus le même que celui de simple contestation à l'égard de Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand. Dans ces circonstances, la ligne radicale tient plus difficilement, n'est pas dans son élément naturel alors que la ligne réformiste retrouve un espace, une fonction.

3- Avec la victoire de François Hollande, nos partenaires saint-quentinois d'extrême gauche seront mis au pied du mur. Ils n'auront plus affaire à un parti socialiste utilisable comme force d'opposition, une section décentrée mais un parti de gouvernement dont la politique forcément social-démocrate sera largement combattue par eux. Les alliances locales deviendront intenables, la fiction d'une gauche saint-quentinoise détachée des orientations nationales tombera. Je prédis que la rupture ne viendra pas des responsables socialistes mais des instigateurs de l'alliance, POI au premier chef, qui ne pourront pas très longtemps, nonobstant la dialectique lambertiste, se maintenir en partenaire d'un parti désormais gouvernemental.

Je vois en politique, peut-être aussi dans la vie en général, deux formes de pédagogie : la pédagogie par l'échec, où l'on comprend dans la douleur les fautes commises, à la façon de la cruelle défaite socialiste devant l'extrême droite aux élections cantonales à Saint-Quentin (n'étant pas maso, cette forme d'enseignement n'a pas pas ma préférence). Ou bien la pédagogie par la réussite, qui démontre à quelles conditions une victoire est possible, qui fait ouvrir les yeux sur la réalité d'une situation (je pense aux résultats des primaires, où François Hollande a devancé Martine Aubry sur la ville) : si François Hollande gagnait, c'est toute la gauche saint-quentinoise qui s'en porterait mieux, renouant alors avec le réalisme et l'espoir.

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