jeudi 15 mars 2012

Les sages de la République.



J'ai accompagné durant les vacances mes étudiants de Cambrai à Paris, pour une visite d'une institution méconnue, pourtant la troisième chambre de la République, après l'assemblée nationale et le sénat : le conseil économique, social et environnemental. Nous étions les invités de son président, Jean-Paul Delevoye, le maire d'une ville pas si loin de Saint-Quentin, Bapaume (à droite en vignette, à ses côtés le secrétaire général du CESE). C'est un peu le conseil des sages au sein de la République, qui en a bien besoin. Ses membres ne sont pas élus mais désignés, ils ne légifèrent pas mais donnent des avis, leur mandat est limité à deux quinquennats, la mixité est respectée dans cette assemblée : voilà déjà qui est en soi réjouissant.

Il me semble indispensable que la démocratie réserve un lieu pour les débats non partisans, sans enjeux de pouvoir, sans intérêts électoraux à défendre, pour y puiser des idées, des analyses, des projets. La pensée ne surgit jamais d'un rapport de forces. Ces derniers ont évidemment leur légitimité en politique et en République mais ils ne suffisent pas à exprimer toute la vie publique, qui fonctionne aussi à la réflexion, au consensus. Au conseil économique, social et environnemental, les syndicats, les organisations patronales, les organismes sociaux, les grandes associations, les courants de pensée peuvent se retrouver, dialoguer, préparer l'avenir. Aux élus ensuite, quelle que soit leur sensibilité, de s'en inspirer.

Le CESE a des assemblées au niveau des régions. J'aimerais, sans demander un strict décalque, que les municipalités intègrent aussi une telle structure. Les expériences de conseil des anciens ou des jeunes, à Saint-Quentin, n'ont jamais été très probantes parce que leur composition repose sur de simples citoyens qui souvent se lassent au bout d'un certain temps et ne participent plus aux réunions. Sur le modèle du conseil économique, social et environnemental, avec des représentants des forces vives, il en irait autrement, chacun se sentant tenu, mandaté par sa structure.

Au conseil municipal, c'est l'affrontement partisan qui prédomine, à juste titre. Mais jamais l'opposition ne peut faire passer une seule idée. Un CESE local permettrait de véritables échanges, des avis éclairés, des propositions novatrices. La démocratie y gagnerait. Autant je suis sceptique à l'égard des conseils de quartier, souvent coquilles vides d'une très démagogique "démocratie participative", autant un conseil des corps intermédiaires, à l'exemple du CESE, me paraît judicieux. Une idée pour les prochaines élections municipales ?

Aucun commentaire: