lundi 26 mars 2012

Pas la sécurité.

Jusqu'à la semaine dernière, la campagne des présidentielles se passait plutôt bien, à un niveau tout à fait correct. Chaque candidat avançait ses propositions, droite et gauche offraient des profils marqués : c'est tout ce que demande la démocratie. Les questions économiques et sociales étaient prioritaires, comme l'exige la situation de notre pays. Et puis est venue la tragédie de Toulouse, et tout semble avoir hélas changé : le thème de la sécurité revient au galop. Je dis non, stop, ça suffit, on a déjà donné par le passé, tout particulièrement en 2002 qui a vu Lionel Jospin injustement attaqué sur ce sujet, jusqu'à être disqualifié par l'extrême droite. Une honte pour notre pays ! Je ne souhaite vraiment pas qu'on retrouve un climat aussi détestable.

L'affaire Mohamed Merah n'est pas politique mais policière : elle n'a pas à faire l'objet d'un débat, ni directement ni indirectement. Quant à la sécurité ordinaire des citoyens, c'est la préoccupation et le travail des professionnels, qui doivent simplement en avoir les moyens. La politique discute des choix en matière d'emploi, de logement, de santé, d'industrie, de commerce, de politique étrangère où il y a suffisamment à aborder. La sécurité intérieure n'est pas de son ressort. Elle relève de la gestion normale de la société, l'application des lois, la sanctions des crimes et délits : il n'y a pas en l'espèce une façon de droite et une façon de gauche. Il faut absolument dépolitiser le thème de la sécurité.

Mais l'extrême droite en parle et en fait son beurre (rance) ? Raison de plus pour ne pas en parler et le lui laisser. L'argument qui consiste à reprendre les thèmes de l'extrême droite pour combattre l'extrême droite m'a toujours laissé pantois. Le FN, c'est le vote de la peur et le vote qui fait peur : il suffit de regarder la tête de Marine Le Pen et d'écouter ses propos pour s'en convaincre. Laissons lui cet ignoble commerce de la peur, laissons cette femme et les siens à leur déshonneur, parlons d'autres choses, il y a tant à dire, mais surtout pas de la sécurité !

La droite est pourtant tentée de refaire le coup qui lui a tellement profité. La gauche est tentée elle aussi d'en rajouter, de faire de la surenchère, de prendre sa revanche sur 2002. Mais la droite n'a pas de leçons à administrer : elle est au pouvoir depuis dix ans, Nicolas Sarkozy a été ministre de l'Intérieur puis président de la République et le sentiment d'insécurité est toujours là. La gauche n'a pas de complexes à avoir ni de preuves supplémentaires à donner : depuis Jospin, en matière de sécurité publique, elle a fait son travail et son devoir. Reprenons le fil de la campagne tel qu'il a été légitimement suspendu la semaine dernière, débattons d'économie et de social et la campagne bien commencée sera, à moins de quatre semaines du premier tour, bien continuée.

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