Quand un commissaire de police s'en va, c'est tout ce que la ville compte de personnalités qui vient. La salle des mariages de l'hôtel de ville de Saint-Quentin, cette fin d'après-midi, n'était pas assez grande pour les contenir toutes. Autour de David Boileau, le ministre, le préfet, le sous-préfet, la députée et le colonel Dutel. Dans le public, des galons et des uniformes, des grands et des costauds. Si vous ajoutez quelques forains, j'étais perdu, je ne voyais rien, la plupart des invités avaient une ou deux têtes de plus que moi, même les femmes policiers. Je vais donc vous raconter en aveugle ce que j'ai entendu.
Beaucoup d'élus étaient présents, le maire de Gauchy et de plusieurs localités voisines. Edith Erasti, ancien maire de Soissons où le commissaire Boileau a fait dans l'Aisne ses premiers pas, était là aussi. Dans la foule, Olivier Tournay, seul conseiller municipal d'opposition, avec ses cheveux longs bouclés et sa casquette d'ouvrier, dépareillait un peu. Imaginerait-on l'extrême gauche au milieu de ce monde d'ordre et d'autorité ?
Ce n'est pas non plus mon univers. Je n'ai aucun policier dans ma famille ni mes proches. Justement, c'est ce qui m'intéresse : allez voir ce que je ne connais pas bien. L'idée qu'on se fait d'un commissaire de police est éternellement marquée par Jules Maigret, le personnage de Simenon : mais non, Boileau n'a pas la cinquantaine, ne porte pas de manteau épais, ne fume pas la pipe ni surtout ne boit de bière. Il ressemble plutôt à un prof de gym ou à un animateur socio-culturel, réservé, jeune, sympa, et c'est pourtant un vrai commissaire de police.
Et un bon, si j'en crois les éloges qui ont été prononcés. A Saint-Quentin, David Boileau, parmi les événements marquant son passage, a dû gérer la visite du président de la République et des manifestations lycéennes. Ce que je retiens de son bilan : à son arrivée, le poste était classé "difficile" ; à son départ, il est devenu "normal". Boileau a assaini la situation en un peu plus de quatre ans. A noter : avant que ne commence la cérémonie, le commissaire s'est planté à l'entrée, au rez-de-chaussée, pour saluer chacun (c'est la première fois que je vois ça à cet endroit).
A la fin de son discours, sa voix a faibli un peu, tressailli légèrement : c'est le moment des adieux, qu'il modère par un "Je ne vous oublierai pas" final. Va-t-il verser une larme ? C'est ce que se demandent les dames et nous n'en sommes pas loin. Je ne jurerai de rien puisque ma taille et surtout celles des autres ne m'ont pas permis de voir grand chose. Je crois cependant que le commissaire a repris le dessus et que l'émotion a été contenue. Où irait-on si les commissaires de police se mettaient à pleurer ?
La cérémonie s'est terminée par la remise de nombreux cadeaux, dont une belle collection de paires de menottes ! David Boileau quitte Saint-Quentin pour suivre une femme, son épouse, elle aussi commissaire, à Longwy. Il a succédé à une femme, il sera remplacé par une femme. Et c'était hier leur journée ! Le commissaire vous salue bien.
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