samedi 10 mars 2012

Femmes de gauche et de droite.




Cet après-midi, dans le cadre prestigieux du palais de Fervaques à Saint-Quentin, les femmes étaient à l'honneur à travers une exposition, "Femmes d'ici et d'ailleurs", visible toute la semaine prochaine, qui se conclura par une table ronde et un débat. Les trois associations organisatrices sont présidées par des femmes de gauche, féministes convaincues, Yvonne Bou, Viviane Caron et Marie-Lise Semblat. Deux femmes de droite, deux élues, étaient à leur côté, Pascale Gruny, députée de l'Aisne, et Colette Blériot, conseillère générale et représentante de la municipalité.

Dans l'assistance, on pouvait remarquer Alix Suchecki, ancienne adjointe de la municipalité communiste, Guy Fontaine, candidat du Front de gauche aux législatives, Daniel Wargnier, possible candidat de Génération écologie, Jean-Robert Boutreux, responsable régional de GE, Jeanine Marcos, ancienne de la JOC, Jeunesse ouvrière chrétienne (une partie de l'exposition lui est consacrée), des militants de l'ASTI (association de solidarité avec les travailleurs immigrés), Jean-Pierre Semblat, le conteur picard, des hommes et des femmes de gauche et de droite réunis pour une même cause, celle des femmes.

Les allocutions ont été un peu longuettes mais la défense des femmes le vaut bien. Si Yvonne Bou et Viviane Caron ont tenu des propos plutôt consensuels, Marie-Lise Semblat, dans la forme et le fond, a été plus offensive, revendiquant fièrement son féminisme, soulignant à quel point la lutte n'était pas encore terminée. Colette Blériot s'est avancée plus prudemment, critiquant au passage le principe des quotas pour les femmes et l'idée de parité (même si elle n'a pas prononcé le mot, qui d'ailleurs est inscrit dans la loi).

L'argument est connu et je ne le partage bien sûr pas : réserver des places aux femmes serait désobligeant pour elles, ce qui importe ce serait le recrutement sur compétence ouvert à tous ... et à toutes. Je comprends le raisonnement mais il pèche par idéalisme : à ce compte, jamais la condition féminine n'aurait évolué. La loi est faite pour l'y encourager. Colette Blériot a de nouveau utilisé un "truc" qu'elle semble tout particulièrement affectionner (je l'ai vue plusieurs fois le pratiquer) : faire applaudir les responsables avant qu'on ne l'applaudisse (pour préparer à ce qu'on l'applaudisse ?).

Pascale Gruny, très à l'aise dans son intervention, s'est distinguée du terme de "féministe", qu'elle trouve parfois excessif. Mais à la différence de Colette Blériot, elle accepte la politique des quotas. Comme quoi, à l'intérieur même d'une sensibilité politique, il peut y avoir des différences. Toutes les deux se sont en revanche retrouvées pour concevoir les rapports entre hommes et femmes en termes de "complémentarité". Ce qui a légèrement fait tiquer Marie-Lise Semblat, qui se méfie de cette notion, qui y voit un retour aux rôles traditionnels dans lesquels on peut vouloir enfermer les sexes.

C'est amusant : le public n'y voit peut-être que du feu, les discours demeurent dans leurs grandes lignes d'une tonalité très proche, il n'empêche que l'oreille avertie repère quelques petites différences qui renvoient à de sérieux clivages. Je m'en réjouis : que le monde serait triste si nous radotions tous les mêmes mots, les mêmes phrases et les mêmes idées, que la démocratie serait malheureuse !

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