jeudi 22 mars 2012

Le destin de Mohamed Merah.

Le fanatique est donc mort. Cette tragédie ne pouvait sans doute pas finir autrement qu'en tragédie, la mort rattrapant celui qui a donné la mort. Certes, mieux aurait valu le prendre vivant, mais un fanatique est prêt à tout et la police a fait ce qu'elle devait. A ce propos, je trouve insupportable les doutes ou critiques qui ont pu être émis sur les comportements des forces de l'ordre ou de la justice à l'égard de Mohamed Merah. Le dénigrement des institutions est devenu un détestable sport national, même en de telles circonstances.

Quant à l'attitude des candidats à l'élection présidentielle, il a été exemplaire sauf la représentante de l'extrême droite. Mais on ne peut pas demander à ceux qui ne sont pas républicains d'être conforme à l'éthique de la République. Une tragédie nationale ne devrait jamais faire l'objet d'une exploitation politique. La politique est le lieu où s'affrontent pacifiquement les idées et les passions. Mais quand une tragédie frappe le pays, la politique partisane n'est plus concernée, c'est toute la République qui doit souder les citoyens.

Mohamed Merah est un nom qu'hélas nous retiendrons. Il a tué et il est mort pour cette misérable gloire, lui qui aimait à se filmer en train d'effectuer ses carnages : la célébrité au prix du crime. Faire parler de soi, accéder à la notoriété, c'est aussi une idée que notre société introduit pernicieusement dans les esprits. Son destin peut sembler contradictoire : un petit voleur qui rejoint une mouvance religieuse impitoyable envers les voleurs, un musulman qui supprime aussi d'autres musulmans. Mais sa folie est au-delà de ces contradictions. Le délinquant fauteur de désordre aspire à l'ordre, l'islamisme radical lui en offre un, de fer.

Son destin aurait-il pu être différent ? Oui, comme pour chacun d'entre nous, ce qui rend la tragédie encore plus tragique. Si l'armée l'avait intégré à la suite de sa demande, il aurait peut-être côtoyé les militaires qu'il a tués ou serait allé en Afghanistan pour combattre ceux qu'il a finalement ralliés. Une amie me disait hier : "cet homme-là, il faudrait le tuer". Non, la démocratie ne tue pas, elle juge, elle ne se comporte pas comme ses ennemis sinon elle ne serait pas la démocratie. Le destin de Mohamed Merah ne lui aura pas laissé le loisir de s'expliquer devant la justice mais tout un peuple uni dans ses différentes composantes, y compris les musulmans de France, l'a condamné, faisant mentir ce tueur qui prétendait avoir mis la France à genoux.

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