mercredi 21 mars 2012

Plus que jamais laïque.

Le présumé tueur a donc été très vite localisé, à l'heure actuelle encore cerné mais non rendu. C'est un délinquant et surtout un islamiste radical, passé par l'Afghanistan. Ses massacres auraient été motivés par son fanatisme. Terroriste, on peut en effet le qualifier ainsi, même si son acte semble isolé : tuer et répandre la peur, tel était l'objectif. La vraie radicalité du monde moderne, le total rejet de notre civilisation, ce n'est plus comme autrefois l'anticapitalisme révolutionnaire, qui a été largement intégré par le système, mais l'islamisme extrême anti-occidental.

C'est une forme de folie, mais sans pathologie individuelle. Dans nos pacifiques démocraties, nous avons oublié ce qu'est la haine religieuse, motivée par la certitude de posséder la vérité absolue. De la religion, nous ne retenons que les chrétiens allant tranquillement à la messe ou bien les doux bouddhistes perdus dans leurs méditations. Mais il peut y avoir de la fureur dans la foi, de la terreur dans la pensée de l'absolu. Le christianisme a connu autrefois ce genre de dérives, quand ses moines étaient aussi des soldats (incroyable conjonction). C'est aujourd'hui la religion musulmane.

Le risque, c'est de voir s'accroître, à l'occasion de cette tragédie, le sentiment anti-maghrébin, anti-musulman. L'extrême droite ne va sans doute pas se gêner pour réactiver son fond de commerce. Dans une société déculturée au plan religieux, il faudra beaucoup de pédagogie pour expliquer que la religion musulmane n'a rien à voir avec l'islamisme radical, pas plus qu'une confession chrétienne n'a de rapport avec une secte. La spiritualité n'est pas le fanatisme. Autre leçon à tirer : il nous faut plus que jamais être laïque, débarrasser le débat politique de toute référence directe ou indirecte à la religion, assurer une stricte neutralité de l'espace public. C'est la condition pour que cohabitent pacifiquement dans notre société toutes les opinions et toutes les religions.

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