mardi 8 novembre 2011

Ticket gagnant.

La campagne des élections législatives a-t-elle commencé dans la deuxième circonscription de l'Aisne ? A voir la présence de Xavier Bertrand et Pascale Gruny dans de multiples manifestations ces derniers temps, il semble que oui. Mais n'est-il pas vrai qu'une campagne ne s'arrête jamais et qu'une élection en cache une autre ? Pour la gauche saint-quentinoise, ce scrutin législatif sera difficile, la situation locale étant ce qu'elle est. Même une victoire de François Hollande ne serait pas un élément décisif : les vagues roses se transforment chez nous en vaguelettes. C'est pourquoi la gauche ne devra négliger aucun détail, mettre toutes les chances de son côté si elle veut l'emporter.

Parmi ces détails, il y a celui du choix du suppléant de la candidate socialiste (ce sera obligatoirement un homme puisque la circonscription est réservée par les socialistes à une femme). Si l'électorat retient le candidat en titre, il n'empêche que le suppléant forme avec lui une sorte de ticket, que la désignation de celui-ci n'est pas anodine ou secondaire, qu'il faut lui donner un sens politique. Dans ces conditions, quel serait à Saint-Quentin le ticket gagnant, à gauche, en juin prochain ?

Instruisons-nous de ce qui s'est fait par le passé. Le meilleur ticket, c'était celui des législatives de 1997 : Odette Grzegrzulka, socialiste, avait pris pour suppléant Roland Renard, élu, ancien communiste, disposant d'une forte notoriété. En 2007, Odette avait choisi David Piette, un jeune, un nom connu dans le quartier populaire d'Europe. A droite, même souci de donner un sens politique à la suppléante de Xavier Bertrand : Pascale Gruny est une élue, conseillère municipale, native du village d'Estrées, bien implantée dans la circonscription.

Pour la candidate socialiste, je vois trois critères dans le choix du suppléant idéal : un non socialiste, un non saint-quentinois, une personnalité locale (élu ou pas). Non socialiste parce que le PS, s'il veut gagner, doit impérativement s'ouvrir. Jospin en son temps a fendu l'armure, nous devons briser le cercle, élargir notre audience, ne pas rester entre nous. Un ticket socialo-socialiste ne serait pas bon du tout. La candidate est socialiste, le suppléant doit être bien évidemment de gauche mais non socialiste, éventuellement d'un autre parti partenaire (pas l'extrême gauche, bien sûr ! Je parle des partenaires au niveau national). Au lieu de disperser les voix avec une candidature écologiste, il serait préférable de prendre un suppléant Vert.

Le suppléant ne doit pas par ailleurs être Saint-Quentinois, puisque la candidate l'est. Même si notre ville a un poids très important dans la circonscription, il y a toute la campagne environnante. C'est d'elle que le suppléant devra être issu, pour que l'ensemble des citoyens puissent se reconnaître géographiquement dans le ticket socialiste.

Enfin, le suppléant doit être quelqu'un de connu, que les électeurs puissent identifier. La stratégie des "nouvelles têtes", qui consiste à présenter des inconnus pour les faire connaître, relève sûrement de la bonne intention et même de l'intelligence apparente, mais les dernières élections cantonales nous ont montré à quel point sur Saint-Quentin elle pouvait être désastreuse, puisque les socialistes ont été battus dès le premier tour par l'extrême droite. Quelqu'un d'engagé dans le monde associatif ou syndical ferait une excellente tête d'affiche.

L'enjeu est énorme : il faudra d'abord éviter d'être disqualifié par le Front national, puis s'assurer d'être présent au second tour, afin de gagner face à Xavier Bertrand au second. Dur, dur. C'est pourquoi les socialistes ne pourront pas cette fois se payer le luxe de la division, le petit jeu mortifère du rapport de forces interne, la logique du gagnant-perdant. C'est possible si nous le voulons. Pourquoi ne le voudrions-nous pas ?

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