vendredi 11 novembre 2011

Débat entre camarades.

Mon billet d'avant-hier portait sur les candidatures à la candidature des communistes saint-quentinois Corinne Bécourt et Guy Fontaine en vue des élections législatives de 2012. J'y réfléchissais à la recomposition de la gauche locale. L'Aisne Nouvelle parue hier a également perçu l'importance de l'événement, auquel elle consacre une page, interrogeant les deux postulants.

Je trouve Guy un peu timoré, en retrait, pas assez offensif. Corinne, en revanche, est égale à elle-même, un peu comme moi mais pas du tout avec les mêmes idées ! C'est pourquoi elle me plaît et m'irrite à la fois. Elle m'amuse aussi, quand elle vante le rassemblement ... à condition qu'il se fasse au profit de ses amis politiques. Dans l'hypothèse où c'est Guy Fontaine qu'il faudrait soutenir, elle se montre beaucoup plus réservée. Mais je ne lui reproche pas : tout ça est de bonne guerre.

Je souhaite bien sûr que Guy aille jusqu'au bout de sa candidature et qu'il fasse le meilleur score possible. Je souhaite surtout que cette démarche parmi les communistes, comme la mienne parmi les socialistes, aboutisse à une prise de conscience, une réflexion collective : pourquoi la gauche saint-quentinoise a-t-elle perdu les trois dernières élections municipales ? Pourquoi, dans certains scrutins, est-elle éliminée dès le premier tour au profit de la droite ? Pourquoi est-elle même parfois battue par l'extrême droite ? Ce sont des questions lourdes, qu'il faudrait examiner avec sérieux, en s'efforçant d'apporter des solutions et remèdes.

Ce débat, que nos amis écologistes, chevènementistes et radicaux de gauche doivent aussi porter dans leurs propres organisations, aura inévitablement lieu, mais trois règles sont selon moi requises pour qu'il se fasse dans de bonnes conditions, pour qu'il soit fructueux :

1- Ce débat doit être public, ouvert à tous. Contrairement à l'adage, il ne faut surtout pas laver notre linge sale en famille. D'abord parce que ce n'est pas du linge sale, ce sont des analyses divergentes et des choix différents, que nous n'avons pas à cacher ou en avoir honte. Ensuite parce qu'un parti ce n'est pas une famille, avec ses secrets et ses haines consanguines : nous sommes dans une communauté rationnelle de militants portés par des convictions et dont la raison d'être est la confrontation d'idées. De plus, la politique c'est se mettre au service de tous, ce n'est pas se réunir en cercles fermés qui finissent immanquablement par sentir le renfermé.

2- Ce débat doit être exclusivement politique, il n'implique aucun jugement sur les personnes, leur histoire, leur mentalité ou leur compétence. J'aime beaucoup Corinne Bécourt, j'ai de la sympathie pour Olivier Tournay, j'apprécie Jean-Pierre Lançon et je respecte Anne Ferreira. Mais voilà : je suis en désaccord politique avec eux et je ne suis pas le seul ! Ce n'est pas grave, n'en faisons pas un drame, ne créons pas de tensions inutiles avec ça, donnons simplement à ce désaccord un nom : le débat démocratique, argumenté et tranché par le vote des militants.

Soyons à la fois décrispés et décomplexés : la gauche locale a tout à y gagner. Ce n'est pas en refoulant nos désaccords, en jouant l'air du tout va très bien madame la marquise que nous nous en sortirons. Dans le monde d'aujourd'hui, tout se sait en quelques heures à la terrasse du Carillon et le lendemain dans la presse locale. Arrêtons avec cette sorte de pudibonderie, osons discuter franchement, en plein jour et cartes sur table.

Et ne me dites pas que ce débat entre camarades va faire le "jeu de la droite" ! Cete chanson-là, je la connais depuis longtemps, il vaudrait mieux l'appeler un chantage et pas une chanson. Ce qui fait le "jeu de la droite", c'est de perdre une à une les élections locales depuis maintenant treize ans. Moi je veux faire le "jeu de la gauche", en la sortant de son bocal.

3- Ce débat, quand il concerne des désignations aux élections, doit déboucher autant que possible sur le modèle des primaires citoyennes qui ont fait le succès du parti socialiste il y a quelques semaines. Quand c'est le peuple de gauche qui décide, il n'y a plus après de contestations concevables. Mais quand le choix se fait au sein de micro-appareils, c'est là où les rancoeurs, les rancunes et les divisions prospèrent.

Le titre de L'Aisne Nouvelle, à propos du choix entre Corinne Bécourt et Guy Fontaine, est inexact : ce ne sont pas des primaires, seuls les adhérents communistes votent. Et pourtant, la démocratie et l'efficacité exigeraient que la consultation soit élargie à tous. Chez les communistes comme chez les socialistes, je veux des primaires partout ! Corinne Bécourt convient elle-même, en réponse à la dernière question de Jérôme Poinsu, que "la démocratie, ce n'est pas plus mal". Allez Coco, encore un effort pour être complètement démocrate !

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