jeudi 3 novembre 2011

La grande trouille.

Vous vous souvenez de l'excellent et très provocateur film de Marco Ferreri, La grande bouffe, au début des années 70 ? Il stigmatisait la société de consommation alors en plein boom. Inimaginable aujourd'hui ! La mode est à la nourriture bio ou light, à la silhouette mince et au ventre plat. L'obsession n'est plus à la bouffe mais à la trouille.

Tenez : ce soir, je reçois ce soir la réalisatrice Nadia El Fani, pour son film Laïcité inch'allah, et les Renseignement généraux s'inquiètent. Il est vrai qu'elle a été menacée de mort il y a quelques mois. Mais vous imaginez un attentat dans le cinéma de Saint-Quentin ? Tout ça parce que Charlie hebdo a été incendié il y a deux jours ... S'il fallait tenir compte des fous et fanatiques qui circulent à travers le monde, on n'en finirait pas, on ne vivrait plus, on ne ferait rien ...

Surtout, l'affaire de la dette grecque a réveillé nos peurs. On craint que le pays de la moussaka nous mette dans la mouise, précipite l'Europe dans le trou. Comme si la vieille Europe n'en n'avait pas vu d'autres, et de pires, en s'en sortant malgré tout. Et puis, il y a les Chinois. Ah les Chinois ! Eux-aussi nous foutent la trouille. Pourtant, ils viennent nous aider avec leur argent, leurs investissements. Mais non, c'est plus fort que nous : nous avons peur du pays du canard laqué.

La grande trouille ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 70 et 80, c'était les Japonais qui fichaient les boules, avec leurs technologies. Il y a six ans, la France fantasmait sur le plombier polonais en même temps que sur l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Et je ne parle même pas de la xénophobie ordinaire qui frappe depuis plusieurs décennies les immigrés d'origine maghrébine.

Mais de quoi la France a-t-elle fondamentalement peur ? D'elle-même, rien que d'elle-même, de son incapacité à s'ouvrir, à s'adapter, à changer, à faire avec le monde tel qu'il est. La peur est toujours issue d'un manque de confiance en soi. Cette grande trouille, y'en a marre ! L'argent des Chinois, la dette des Grecs, la plomberie des Polonais, les appareils des Nippons, le travail des Maghrébins, l'orient des Turcs, je prends : ça obligera nos industriels a été plus novateurs, nos artisans plus ponctuels, nos commerçants plus vendeurs, nos hommes politiques plus européens et plus fédéralistes, nos concitoyens plus solidaires et moins trouillards.

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