samedi 19 novembre 2011

La main de Nora.

La photo ce matin à la page onze de L'Aisne Nouvelle, édition de Saint-Quentin, vaut toutes les analyses politiques : Nora Ahmed-Ali, élue municipale et chef de file de EELV sur la ville, est debout devant la mairie, avec un homme à ses côtés qui n'est pas cité, seulement elle. Et pourtant, celui-ci était il n'y a pas si longtemps maire de Château-Thierry, socialiste influent dans l'Aisne : Dominique Jourdain ! C'est à ces détails qu'on mesure en politique si on a la main ou si on l'a perdue.

Les Verts de Saint-Quentin, leur destin va être scellé aujourd'hui à Paris. Mais Nora donne la tendance : jusqu'à présent, ils présentaient un candidat à chaque élection législative. En 2012, il se pourrait que non. Facile à comprendre : leurs chances de réaliser un bon score sont limitées. Mieux vaut pour eux se replier vers la candidature PS. Mais pas à n'importe quelles conditions (il n'y a jamais rien de gratuit en politique) : un soutien ne se paie pas de rien. Le prix, tout le monde le comprend aussi : ce sera la suppléance, c'est à dire partager le ticket avec Anne Ferreira.

Bonne idée ? Pour les écologistes oui. Mais pour les socialistes ? J'ai déjà défendu sur ce blog l'idée que le suppléant d'un socialiste ne devait pas être socialiste, parce que l'élection dans cette circonscription sera pour la gauche extrêmement difficile, que chaque voix comptera et que le risque de se faire éliminer dès le premier tour, par l'UMP ou le FN, est très sérieux : dans ces circonstances, il faut rassembler dès le premier et le traduire dans le choix du suppléant, en allant le chercher parmi nos partenaires. Le PCF a ses candidats, le PRG n'est pas présent, le MRC est dans une autre logique : il ne reste plus que les Verts.

Mais quel suppléant écologiste ? Le choix est limité (mais c'est souvent le cas en politique, sauf à mettre n'importe qui) : Frank Delattre non, il est sur Soissons. Michèle Cahu ? Elle n'a pas une très grande surface médiatique sur Saint-Quentin. Et puis deux élues du conseil régional de Picardie sur un même ticket, ça ne le fait pas. Il n'y a que Nora Ahmed-Ali qui tienne la rampe.

Nora, quelle histoire ! J'ai compris il y a dix ans qu'elle aurait un avenir politique, quand elle a su tenir tête à la députée socialiste Odette Gzregrzulka, en la forçant à lui attribuer une meilleure place sur la liste municipale d'alors. Et quand au bout de dix ans vous êtes toujours là, c'est que vous êtes politiquement indéracinable. Nora Ahmed-Ali a réussi à s'imposer chef des Verts, sans que personne ne lui prenne la place. Fortiche !

Imaginez un peu : Anne Ferreira se fait élire députée en juin prochain dans la foulée d'une vague rose. En 2014, tête de liste aux municipales, elle gagne. En vertu du non cumul des mandats chez les socialistes, elle renonce à son mandat de parlementaire et c'est Nora Ahmed-Ali qui lui succède et devient à son tour députée ! Bon, ma démonstration est pleine de conditionnels. Mais il vaut jouer gagnant en politique, et par méthode faire comme si.

Certes, le ticket Ferreira-Ahmed-Ali n'est pas celui de mes rêves (j'aurais par exemple préféré un suppléant issu d'une commune rurale). Mais on ne fait pas de politique avec des rêves, seulement avec des réalités. A Anne et à Nora, si ces choix bien sûr sont prochainement confirmés, je souhaite beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie parce qu'il leur en faudra dans le dur combat qui les attend.

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