dimanche 27 novembre 2011

Au plaisir des socialistes.

Chez les socialistes de l'Aisne, il y a un rendez-vous traditionnel que j'honore depuis treize ans et que nous appelons, dans notre jargon, la journée de rentrée fédérale. Rentrée est un terme un peu abusif et fédérale est l'ancien nom pour départementale. Ailleurs, la rencontre annuelle des camarades prend la forme d'une fête de la rose ; ici, c'est tout un dimanche qui mêle débat politique, buffet convivial et visite culturelle. Cette année, la ville d'accueil était Villers-Cotterêts, conquise lors des dernières élections municipales.

On a beau être militant, partir de Saint-Quentin à l'heure des croissants pour traverser toute l'Aisne dans le brouillard, il faut aimer, il faut être motivé. Au bout de la route, rien à gagner, aucune place à prendre : seulement le plaisir de se retrouver entre socialistes. Dès notre arrivée à Villers, l'effort est récompensé : une grosse rose au poing balise le chemin. Nous sommes chez nous, en pays PS ! Ça fait du bien : à Saint-Quentin, c'est le visage de Nicolas Sarkozy qui me sourit sur chaque panneau d'affichage.

La matinée est baptisée réunion de travail. Pas de repos dominical pour la gauche ! Que de chemin parcouru par mon parti en quelques années ! En matière d'organisation, de gestion et de comptabilité des sections, nous avons considérablement évolué, et dans le bon sens. J'étais secrétaire de section il y a dix ans, je mesure la différence. Et je ne parle même pas des primaires, cette incroyable innovation qui modifie complètement les mentalités et les manières de militer, même si ce changement n'a pas encore donné tous ses effets.

La journée de rentrée fédérale, c'est l'occasion de se retrouver, après parfois une année s'en s'être rencontrés. L'internet ne remplace pas le contact direct. Il y a les discours officiels des principaux élus, et puis il y a les conversations de couloir : chacun évoque sa section, sa circonscription, ses difficultés et ses espoirs. Ça permet de relativiser pas mal de choses et d'en comprendre une essentielle : la politique c'est très, très, très compliqué ! Et quand on est dans une année électorale, avec une présidentielle et des législatives, nous en avons, des choses à nous dire ...

Pour moi, cette journée me rappelle aussi combien j'aime la politique. J'aurai pu ne pas aller à Villers-Cotterêts, j'ai plein d'autres activités et du boulot à la maison (je n'ai d'ailleurs pas pu cette année rester jusqu'à la fin). Mais c'est plus fort que moi, je m'en voudrais d'être absent. C'est ainsi qu'on mesure la force d'un désir.

Je ne sais pas du tout où me conduira la politique, peut-être nulle part, mais je m'en moque : je l'aime comme on aime une femme fatale qui dédaigne vos avances. Elle ne remplit pas ma vie, j'ai d'autres maîtresses qui se partagent mon coeur (la philosophie, l'écriture, l'action associative ...). Mais celle-ci est la plus ancienne. A force de la fréquenter, finirons-nous un jour par nous marier ? C'est ce que je me suis demandé en quittant, ragaillardi et guilleret, Villers-Cotterêts.

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