mercredi 9 novembre 2011

Interdit au + 67 ans.

Arnaud Montebourg est comme ça : intelligent, séducteur, rénovateur mais il a un défaut (qui n'en a pas ?), il en fait trop, en l'occurrence il le fait mal. Sa proposition de priver de candidature aux élections législatives les plus de 67 ans est idiote. Elle provoque plus de questions qu'elle n'apporte de solutions. Mais dans cette période de haute démagogie contre la classe politique, l'idée peut prendre, il faut donc la démonter.

D'abord pourquoi 67 ans ? Pourquoi pas 70 ans, pourquoi pas plus, pourquoi pas moins ? A toute mesure il faut sa logique, sa justification. Là je ne la vois pas. La seule rationalité admissible serait d'aligner cet âge sur celui du départ légal à la retraite de l'ensemble des Français. Mais de nouveau c'est très discutable : le projet reviendrait à assimiler la politique à une activité professionnelle comme une autre, ce qui n'est absolument pas le cas. Un parlementaire n'est pas assimilable à un cadre ou à un fonctionnaire. Un mandat n'est pas un métier.

Ensuite, pourquoi réserver ce couperet des 67 ans aux députés seulement ? La cohérence voudrait qu'on l'élargisse à l'ensemble des élus, surtout ceux qui sont à la tête d'un exécutif. Mais alors c'est toute la classe politique française qu'on va décapiter ! Enfin, les députés socialistes visés par la proposition de Montebourg ne sont pas très nombreux : le renouvellement espéré serait donc très limité.

Sur le fond de l'affaire, nous serons tous d'accord pour dire (sauf Arnaud ?) que l'âge importe peu mais l'énergie, la compétence, la jeunesse d'esprit et pas nécessairement de corps. Je connais des cervelles jeunes qui fonctionnent comme des petits vieux, et inversement. Laissons donc tomber cet aspect-là.

Il y a quand même plus grave : nos sociétés contemporaines ont instauré le culte de la jeunesse, parce que nous voulons tous rester beaux, forts et sexuellement performants. Nous assistons à un retournement de civilisation, une rupture avec les millénaires passés : désormais, ce ne sont plus les jeunes qui admirent les vieux, ce sont les vieux qui sont fascinés par les jeunes.

Dans mes débats publics, je remarque souvent que l'absence des jeunes est regrettée vivement et que leur présence attire immédiatement l'intérêt et la sympathie. Comme si être jeune était un gage de vérité, d'intelligence, de fraîcheur alors que rien n'est souvent plus conformiste qu'un jeune homme ou qu'une jeune fille. Arnaud Montebourg réactive à sa façon ce jeunisme détestable.

L'ordre naturel des choses serait de s'extasier, de se féliciter lorsqu'un vieillard participe à une activité. C'est que l'avenir est du côté des vieux, de ceux qui ont longtemps vécu, qui ont beaucoup appris et qui approchent de cette épreuve qui incite à la sagesse, la mort. Toute l'histoire de l'humanité prouve que la confiance a été accordée aux barbes blanches plutôt qu'aux peaux de bébé.

Bien sûr, je ne vais pas commettre l'erreur inverse en portant au pinacle les vieux, dont je sais parfaitement qu'ils peuvent être séniles, vicieux et très cons. Mais je veux rééquilibrer, puisque l'excès n'est certainement pas dans le vieillisme ! Arnaud a raison de vouloir rénover et renouveler la classe politique, mais il y a tellement d'autres moyens ! Le non cumul des mandats, leur limitation dans la durée, l'exigence de parité, la promotion des catégories les moins représentées, ... L'âge, lui, ne doit pas entrer dans ces critères. C'est un jeune de 51 ans qui vous le dit !

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