C'est aujourd'hui la journée (mondiale !) de la gentillesse. C'est nouveau, c'est récent, mais quelle drôle d'idée ! Une société qui fête la gentillesse, c'est suspect. Car ce n'est tout de même pas une vertu capitale, une qualité majeure, un trait admirable que d'être gentil ... D'ailleurs, ce sentiment un peu faible fait douter de lui lorsqu'on reproche à quelqu'un d'être "trop gentil" : normalement, l'abondance d'un bien ne nuit pas. Pour la gentillesse, manifestement oui. Et puis, il y a moralement plus important que la gentillesse : l'honnêteté par exemple. Mais demandez-vous pourquoi notre société, qui célèbre à tout va, n'a pas réservé la moindre petite journée à l'honnêteté ?
D'abord, c'est quoi être gentil ? Pas facile à définir ... Première caractéristique du gentil : il n'est pas méchant. Bon, on n'avance pas beaucoup dans la définition, mais il y a des réalités tellement indéterminées qu'on les désigne surtout par leur contraire. Ça ne suffit pas, bien sûr. Deuxième caractéristique : le gentil est celui qui ne ferait pas peur à une mouche. Bref, c'est l'ami des mouches. Dernière caractéristique : quand le gentil montre les dents, c'est uniquement pour sourire, tout le temps et à tout le monde.
Pour mieux comprendre la gentillesse, passons à quelques exemples. A Saint-Quentin, parmi nos politiques, qui est gentil, qui est méchant ? Question plus compliquée qu'il n'y paraît, car il faut distinguer entre vrais et faux gentils, vrais et faux méchants. Mais comme nous sommes dans la journée de la gentillesse, je vais essayer, en respectant la parité droite-gauche :
Parmi les vrais gentils, je mettrais deux gentilles, Colette Blériot et Anne Ferreira. Demandez à n'importe quel Saint-Quentinois leur avis sur ces deux-là, il vous répondra : "Elles sont gentilles", pas méchantes, pas menaçantes, très souriantes. Colette grogne un peu au conseil général de l'Aisne, mais c'est parce qu'elle est poussée par son groupe UMP. Elle grogne mais ne mord pas. Les vrais gentils sont plutôt rares. C'est pourquoi ces deux élus en n'ont que plus de mérite.
En revanche, les faux gentils sont nombreux. Je le sais, je les connais bien, j'en fais partie. L'apparence est douce mais le fond est violent. Esprit ouvert, tolérant, compréhensif mais la méchanceté est dans les tripes. On se laisse facilement prendre et on comprend vite. Je mettrais aussi Alexis Grandin dans cette catégorie : un air à ne pas y toucher qui invite à se méfier. Attention : il ne suffit pas d'être un faux gentil pour devenir un vrai méchant. Entre les deux, il y a de la marge. Je parle en tout cas pour moi.
Les faux méchants, eux aussi, sont assez répandus. Ils jouent au méchant mais ne le sont pas foncièrement. Pierre André est de ceux-là : méchant avec son opposition comme doit l'être tout chef d'une majorité, l'ancien maire de Saint-Quentin redevient gentil au naturel, dans le privé. Or, la vraie méchanceté est continue : elle colle à l'individu comme la boue aux bottes. Jean-Pierre Lançon, lui aussi, est un faux méchant : la voix gronde, la parole se veut offensive, mais c'est surjoué, on n'y croit pas, on ne craint rien, on sourit. Ses réparties rigolotes le protègent de la pure méchanceté. Le vrai méchant a certes de l'humour mais c'est celle, glacé, de l'ironie.
Et les vrais méchants ? Il y en a quelques-uns à Saint-Quentin, des artistes dans le genre, mais une petite minorité : être vraiment méchant, c'est aussi difficile qu'être vraiment gentil. Je vous laisse deviner dans quelle catégorie il faut se situer pour réussir en politique ... Et comme c'est le dimanche de la gentillesse, je serai, pour une fois, authentiquement gentil en ne citant aucun nom de vrai méchant.
Deux références pour terminer mon propos : la chanson de Michel Fugain, à qui j'ai emprunté le titre de ce billet, "Les gentils, les méchants", pas tendre avec les gentils, si vous écoutez bien les paroles ; le film de Jean Yanne et son générique, "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
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