mercredi 30 janvier 2013

L'affaire Boulin



De l'affaire Boulin, je n'avais plus grand chose en tête : un nom, Ramatuelle, et une mort singulière, dans quelques dizaines de centimètres d'eau. J'avais bien sûr entendu contester la version officielle, le suicide, par la thèse du crime. Mais que ne dit-on pas dans ce genre d'affaire ? C'est pourquoi j'ai apprécié le documentaire de lundi soir sur France 3, qui a replacé la mort de Robert Boulin dans son contexte politique, que j'avais complètement oublié : la guerre Giscard-Chirac, la succession de Barre, Boulin premier ministrable, mais Peyrefitte et Chaban-Delmas aussi, et ce rappel d'un Boulin résistant, ministre pendant longtemps de de Gaulle.

En revanche, la fiction d'hier soir, "Crime d'Etat", sur la même chaîne, ne m'a pas du tout convaincu. On sent trop la reconstruction des faits après coup, le travail un peu trop facile de l'imagination. Mais en tant que télé-film, c'est très réussi, très bien joué. Le débat m'a confirmé dans mon impression : les défenseurs de la thèse du crime sont beaucoup trop affirmatifs. A force de vouloir trop démontrer, on en devient suspect. La théorie du complot ne tient guère, parce qu'elle implique beaucoup de monde qui, à la longue, auraient parlé, se seraient confiés. Ce n'est pas le cas. La théorie, c'est bien joli, ça fait de beaux films, mais les preuves factuelles manquent singulièrement.

De ces deux instructives soirées télévisées, je tire plusieurs réflexions sur l'univers politique. D'abord qu'on est prêt à tout pour éliminer un adversaire, même si je ne crois pas que l'affaire Boulin soit allée jusqu'au meurtre. Surtout, que l'amitié est très mauvaise conseillère en politique. Car qu'est-ce qui a perdu Robert Boulin ? Une amitié entre anciens résistants, l'un devenu respectable ministre, l'autre affairiste crapuleux. Mais, au nom de l'indéfectible amitié, le premier va aider le second pendant vingt ans, jusqu'à ce que celui-ci finisse par l'escroquer. Boulin a été imprudent, borderline comme on dit aujourd'hui : que ne ferait-on pas pour un ami ?

J'en tire la conclusion, que je sais depuis longtemps, que l'amitié n'a pas sa place en politique : camarade, compagnon, allié tant que vous voudrez, mais ami, non. Ou bien une amitié de la pire espèce, hélas répandue en politique : la fausse amitié, la main qu'on vous passe dans le dos, le cirage de chaussures, le poil qu'on caresse dans le bon sens, l'amitié intéressée, manipulée, dénaturée. Des amis comme ça, merci bien, je m'en passe, je leur préfère très largement les adversaires, et même quelques ennemis bien choisis. C'est l'amitié qui a tué Robert Boulin, ce n'est pas l'adversité, contrairement à ce que pensent les tenants du complot criminel. En politique, méfiez-vous de vos amis !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ne soyez pas reducteur, mefiez vous toujours et partout de vos amis, il faut toujours savoir prendre du recul, dans son entreprise,dans son association, dans son club sportif. Les désillusions en amitié sont fréquentes.
La poplitique n'est pas un milieu à part,la competition, les ambitions se retrouvent partout.
Les vrais amitiés sont rares