mardi 22 janvier 2013

Quand les enseignants toussent



Pour la première fois depuis l'élection de François Hollande, je suis inquiet. Pas catastrophé, ni angoissé, encore moins désespéré : non, juste inquiet, une petite inquiétude qui va peut-être disparaître avec le temps, mais qui pour le moment est là, depuis aujourd'hui, depuis que j'ai appris que la grève des enseignants avait été massivement suivie, à Paris. Jusqu'à présent, l'impopularité du gouvernement ne m'avait pas soucié, tant l'opinion publique est devenue exigeante et versatile. Mais les enseignants, c'est différent. Certes, Paris n'est pas la France et les enseignants du premier degré ne constituent pas tout l'électorat de gauche. Pourtant, je suis inquiet, et je vous dis pourquoi :

Cette réforme des rythmes scolaires me fait penser à quelque chose que tout le monde a complètement oublié aujourd'hui : la réforme de la déconcentration des mutations dans le second degré, en 1997, toute chose égale par ailleurs. A l'époque, j'avais une décharge syndicale, je travaillais la moitié de mon temps à Paris, au siège du syndicat enseignant SE-UNSA, en tant que conseiller technique. On me demande d'étudier cette réforme, pour voir ce que j'en pense. Mes conclusions : c'est un bon projet, qui devrait rencontrer l'assentiment des enseignants, parce qu'il facilite leurs mutations. Résultat : quelques mois plus tard, tollé contre la réforme ! Elle cherchait à assouplir le système, elle est à l'inverse perçue comme une contrainte. Ainsi commençait un long désamour entre les enseignants et leur ministre, Claude Allègre, pas facile à vivre pour moi, enseignant, socialiste et syndicaliste.

Je ne dis pas que l'Histoire se répète, puisqu'elle ne se répète jamais ; mais je pense qu'il faut être vigilant. Les enseignants forment l'une des bases électorales du PS. Quand elle est touchée, il faut s'en préoccuper. La réforme des rythmes scolaires (c'est-à-dire le passage à la semaine de quatre jours et demi) est défendue depuis longtemps par la gauche, les syndicats et les associations périscolaires (c'est la droite qui a instauré les quatre jours d'école). Si elle est contestée par ceux qui devraient la soutenir, c'est que quelque chose ne va pas, qu'il faut revoir ou autrement expliquer (mais pas céder sur le principe de la réforme). J'ai en tête la réforme des 35h, fortement contestée par beaucoup de salariés, alors qu'ils étaient en même temps favorable à la réduction du temps de travail (voir mon billet de vendredi, où j'ai établi un parallèle entre ces deux réformes, pour souligner combien la France avait du mal à se réformer).

Ce qui est assez étonnant, c'est que cette grève ait lieu à Paris, où la municipalité va mettre beaucoup d'argent pour que réussisse cette réforme. Bertrand Delanoë a même dit aujourd'hui qu'il était prêt à un effort financier supplémentaire. De plus, cette réforme s'appliquera après discussion et concertation avec les enseignants et les parents. Quant aux activités culturelles de l'après-midi, s'il y a une ville qui ne manquera pas de moyens et de possibilités, c'est bien la capitale ! Alors, où est le problème ? Je vous le demande ! En attendant, mon inquiétude est là : quand les enseignants toussent, la gauche s'enrhume, surtout par ce froid. N'oublions pas : l'espoir de 1997 s'est terminé par le désastre de 2002. Je n'ai pas envie que ça recommence. Je force le trait bien sûr, j'exagère probablement. Mais, en politique, on n'est jamais assez prudent.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Étant enseignante, je suis toujours partante pour travailler le mercredi matin ou le samedi matin (je préférais le temps où je travaillais le samedi matin) - mais avec un réel allègement des autres jours de classe, et pas juste 45 minutes en moins pendant lesquelles les enfants devront faire des pseudos activités avec des animateurs soi disant formés.

45 minutes, c'est vraiment peu de temps pour répartir les enfants, les faire passer aux toilettes, sortir du matériel. En 45 minutes, impossible d'emmener les enfants au stade, au conservatoire ou à toute autre activité extérieure. Un problème de locaux va également se poser. Par exemple, dans les grosses écoles, 18 classes faisant des activités sportives en même temps avec un seul préau et une seule cour, cela risque d'être très problématique...

Voilà donc pourquoi les enseignants sont contre cette réforme. Une réforme doit apporter du mieux à un état déjà existant et là, cette réforme n'améliore en rien ni le rythme des enfants, ni les conditions de travail des enseignants.