samedi 5 janvier 2013

Le mariage en débat



L'enseignement catholique doit-il être autorisé ou non à organiser des débats sur le mariage homosexuel dans ses établissements scolaires ? Ainsi formulée, la question est mal posée et les réponses passent forcément à côté du sujet. Il faut prendre le problème sous l'angle de la pédagogie, pas de la politique. L'école, publique ou privée sous contrat, est un lieu d'instruction et d'éducation, de transmission et d'échange, donc de débat.

Mais un débat qui ne prend pas n'importe quelle forme : un débat rationnel, informé, ouvert et contradictoire, dans lequel l'enseignant fait abstraction de ses propres opinions pour accoucher en quelque sorte celles de l'élève. L'école, qui prépare aussi les élèves à être des citoyens, les exerce à cette pratique démocratique de base : le débat. Ce n'est pas un endoctrinement, mais au contraire une formation au libre jugement, à la conviction personnelle.

Pas n'importe quelle forme de débat donc, mais pas n'importe quel contenu non plus : il y a des programmes à respecter, des objectifs à suivre, et tous les sujets ne sont pas à aborder au sein de l'école (ce n'est pas comme dans les débats télévisés). Sous ces conditions, le "mariage pour tous" peut-il alimenter une discussion entre élèves, sous le contrôle de leur enseignant, au sein de la classe, à l'intérieur d'un cours ? Evidemment oui ! Je ne vois aucune objection professionnelle à une telle initiative, qu'elle se déroule dans un établissement public ou privé (les deux sont soumis aux mêmes règles).

Par exemple, l'ECJS (éducation civique, juridique et sociale, anciennement appelée "instruction civique") répond à une telle préoccupation et peut être le cadre dans lequel s'organise un débat sur le mariage homosexuel (au même titre qu'un débat sur la légalisation de l'euthanasie). J'enseigne moi-même en ECJS ; je n'ai pas prévu ce type de débat, mais si mes élèves me le demandaient, je le ferais volontiers, en replaçant la question dans une perspective historique, en évoquant l'aspect juridique, en soulignant la dimension morale, sans jamais faire intervenir mes préférences, donnant seulement à ma classe de quoi se faire une opinion. Je n'ai aucune raison de douter que mes collègues de l'enseignement privé n'ait aussi cette capacité et cette conscience professionnelle.

Que le ministre de l'Education nationale, de son côté, mette en garde contre toute instrumentalisation d'un thème aujourd'hui éminemment politique, c'est normal, il est dans son rôle, il lui faut garantir la neutralité de l'école, à partir du moment où celle-ci est soumise aux lois de la République. Ce n'est pas, ça ne doit pas être une interdiction à débattre dans l'enceinte scolaire. Et puis, l'inquiétude ne vient que des adultes, qui ont oublié qu'un jeune ne se laisse pas si facilement manipulé, en supposant que ce soit le cas. On sera même surpris, j'en suis certain, de ce qui se dira quand la parole aura été donnée : même dans les établissements privés, ce n'est pas exclusivement, loin de là, le point de vue attendu qui s'exprimera. Alors, n'ayons pas peur, faisons confiance aux jeunes et à leurs enseignants : vive le débat !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et les ébats dans le mariage ???

sic ..................

Emmanuel Mousset a dit…

Eventuellement traité en cours d'éducation sexuelle, qui ne sont pas à la charge des professeurs de philosophie, contrairement à l'ECJS.

Anonyme a dit…

Le débat est faussé: ce n'est pas la question du mariage qui devrait être posée, mais celle de la lutte contre l'homophobie, qui, elle doit être débattue dans les établissements publics comme privés.