vendredi 18 janvier 2013

Question de rythmes



Est-il encore possible de réformer en France ? C'est la question que pose le débat autour des rythmes scolaires. Tout le monde est d'accord pour convenir que faire travailler les enfants quatre jours sur sept, ce n'est pas raisonnable, c'est mauvais pour eux : le temps de travail doit être mieux réparti, les journées ne doivent pas être surchargées. La semaine de quatre jours et demi est prônée par tous les spécialistes. Tout le monde est également d'accord pour choisir le samedi matin vaqué, puisque notre société des loisirs est très attachée au week-end complet.

Enfin, qu'une partie de l'après-midi soit consacrée à des activités pas strictement scolaires, mais qui contribuent à l'éveil et au développement de l'enfant, un peu comme en Allemagne, voilà une idée judicieuse, qui a fait depuis assez longtemps son chemin et qui ne suscite pas vraiment d'hostilité. Mais alors, pourquoi la réforme des rythmes scolaires a tant de mal à se faire, à tel point que le ministre de l'Education nationale l'a reportée à la rentrée 2 014 ?

C'est que les enseignants s'inquiètent des conséquences sur leurs services, les parents voient leurs habitudes bousculées et se demandent ce qu'ils vont faire de leurs enfants, les collectivités locales se préoccupent du coût de la réforme, de l'utilisation de l'après-midi, de l'organisation des transports. Bref, les réactions me font penser à celles, dans une moindre mesure, qui avaient accompagné la réforme des 35h, avec ce paradoxe : tout le monde est pour en théorie et tout le monde est contre en pratique.

Et si le fond du problème était dans les mentalités ? La France a une histoire progressiste comme peu de pays peuvent s'en flatter, mais un peuple conservateur. Toute réforme un peu substantielle soulève des résistances. Le changement est un argument de discours, mais il fait grincer des dents quand il passe dans la réalité. L'affaire des rythmes scolaires est incroyable ! Comme si nous manquions d'imagination, d'anticipation, de sens de l'organisation et surtout d'audace et de confiance en nous pour mettre en oeuvre une réforme absolument nécessaire. C'est affligeant. Il faut que Peillon tienne bon, que la France se modernise, que les mentalités évoluent. Sinon, bientôt plus rien ne sera possible dans ce pays, aucun réforme ne passera ni ne réussira.

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