dimanche 6 janvier 2013

L'exil ou la mort



L'affaire Depardieu est paradoxale à un double titre. D'abord, c'est la première fois qu'un exilé fiscal fait autant parler de lui à l'occasion de la venue de la gauche au pouvoir. Certes, en 1981, des riches avaient fui en Suisse, mais c'était sur fond d'anticommunisme irrationnel, de peur du rouge. En 1988, avec la réélection de François Mitterrand, et en 1997, avec la victoire de la "gauche plurielle", la grande fortune n'a pas trop bougé. Aujourd'hui, alors que le parti socialiste applique la politique la plus social-démocrate de son histoire, la révolte des riches (de certains riches) est surmédiatisée, surjouée, comme si Lénine (et pas François Hollande) était au pouvoir. A tel point que le traitement et l'ampleur de l'évènement le rendent surréaliste.

Le second paradoxe, c'est que la terre d'exil de Gérard Depardieu (et de ses autres infortunés frères de classe ?) est la Russie, le pays qui a expérimenté au siècle dernier, pendant 70 ans, un régime révolutionnaire, un monde égalitaire, une société sans classes (du moins dans l'intention). C'est l'ex-Union soviétique, patrie des damnés de la terre et des forçats de la faim, pour reprendre les formules de L'internationale, qui accueille désormais en grande pompe les riches en cavale. Quelle ironie de l'Histoire, quel retournement de situation !

L'exil, dans mon esprit, renvoie à trois occurrences. Sous l'Antiquité, c'était une condamnation déshonorante, qu'on a infligée au philosophe Socrate en lui donnant comme autre alternative ... la mort, pour laquelle il a finalement opté. On n'imagine pas, de nos jours, Depardieu boire la cigüe pour préserver son honneur et renoncer au dégradant exil !

Mais il y a un exil plus valorisant, plein de panache et de superbe, par idéal, pour une noble cause, généralement politique, l'exil romantique et courageux de Victor Hugo, que tout le monde apprécie et applaudit. Ce n'est pas non plus la catégorie de Depardieu.

Enfin, nous retrouvons un exil comparable à celui de notre grand acteur, l'émigration pour la défense et la préservation de ses intérêts et biens, telle que la Révolution française l'a provoquée et qui marque encore les esprits quand la gauche au pouvoir adopte des mesures de justice sociale. Il y a de cet inconscient-là, collectif et historique, qui remonte et qui se manifeste dans l'affaire Depardieu, les uns, à droite, pour s'en offusquer, les autres, à gauche, pour s'en féliciter.

En vérité, nous ne sommes ni en 1793, ni sous la Commune, ni à l'époque du Front populaire. Ce n'est pas parce que François Hollande a dit, lors de sa campagne des présidentielles, que la finance était son ennemie que les riches doivent se mettre à trembler. Ce n'est pas parce que les plus fortunés vont être soumis à une juste et exceptionnelle taxation à 75% qu'ils doivent s'affoler et s'exiler. Il y a même quelque chose d'indécent à les entendre se plaindre et à les voir s'agiter, alors que des millions de personnes en France et en Europe, y compris dans leur sainte Russie, ont tant de mal à vivre et parfois à boucler la fin du mois. Si Depardieu et les siens renoncent à l'exil, ils verront que ces 75%, ils n'en mourront pas !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est un atiste, un tres grand comedien.
Ne voyez vous pas qu il fait un grand numéro et le pire et le plus honteux, c est qu il puisse s'entretenir "longuement" avec notre président de la republique qui apparemment n'a rien de mieux à faire que de s'interesser à cette affaire "people", il a appelé l acteur pour comprendre
notre gégé,
que d honneur!
c est de la part de notre président une faute,il se ridiculise, ce n etait pas à faire.