dimanche 20 janvier 2013

La culture, parlons-en




Si on parlait culture ? Pas évident, les gens ont tellement d'autres préoccupations : emploi, salaire, logement, santé, retraite, éducation, sécurité ... Alors non, parler culture, ce n'est pas évident. La preuve : pendant la campagne des présidentielles, il a été très peu question de culture, et on comprend bien pourquoi, on ne peut pas le reprocher aux candidats.

Et puis, il y a autre chose : l'emploi, le pouvoir d'achat, la retraite etc, ça ne s'invente pas, ça ne dépend pas de nous, mais de la société, de l'économie, de l'Etat, des décisions qui sont prises au dessus de nous. En revanche, la culture est à notre portée, très simplement : prendre un bouquin, aller voir un film, visiter une expo et tout un tas d'activités qui ne relèvent que de nous, pas de la politique. Bref, pas besoin de parler culture, il suffit de se cultiver.

Mais c'est aussi une mission de service public que se préoccuper de culture quand on exerce un mandat politique. C'est pourquoi la Municipalité de Saint-Quentin a, de longue date, annoncé des "Assises de la Culture" qui auront lieu d'ici peu, avec un questionnaire à la clé, intitulé "Si on parlait culture" ? (voir vignette). Donc, la culture, parlons-en.

Et d'abord en écartant les faux problèmes qui font perdre de vue les vrais : l'information, les horaires, les tarifs, les modalités de réservation peuvent être débattus si l'on veut mais, de mon point de vue, ne le méritent pas. Les "on n'est pas informés, ça coûte trop cher, c'est trop tôt, c'est trop tard, c'est pas le bon jour, c'est compliqué pour s'inscrire", ce sont des rengaines qu'on retrouve un peu partout ailleurs, l'éternel lamento des jamais contents de rien, qu'on a trop tendance à écouter, laissant de côté tous les silencieux qui ne se plaignent pas et qui forment la majorité.

Faux débat aussi, à mon avis, celui qui porte sur la saison culturelle, la programmation municipale des spectacles, qu'il est toujours tentant de critiquer quand on est dans l'opposition. Mais non. Elle est faite par les professionnels de la culture qui travaillent dans les services municipaux, sur quoi il n'y a franchement rien à redire. Bien sûr, on peut toujours regretter l'absence de tel artiste ou au contraire la venue de telle pièce de théâtre, on peut imaginer d'autres choix, forcément. Mais dans un cas comme dans l'autre, il y aura matière à regret et à reproche. Pas la peine de tomber dans cette facilité, ou alors c'est parler pour parler, et au bout du compte ne rien dire et ne rien proposer.

La culture, c'est la vie. Elle fuse de partout, elle monte de toute la société. C'est pourquoi je me méfie d'une culture "officielle" dont les objectifs seraient fixés d'en haut, y compris par une municipalité. La culture, c'est la liberté. Les élus doivent lui donner des moyens, mais pas trop se préoccuper des fins. La politique culturelle d'une ville doit être pour l'essentiel managée par ses spécialistes et ses techniciens. A Saint-Quentin, pour ce que je sais et ce que je sens de Bernard Visse, le directeur du service culturel, j'ai plutôt une bonne impression : c'est un homme de culture, et c'est pour moi le plus important.

Ce qui m'inquiète, c'est la distinction que semble faire Xavier Bertrand entre une culture populaire, de divertissement, et une culture élitiste, intellectuelle, le maire de Saint-Quentin soutenant la première contre la seconde. Non, la culture n'est pas une affaire d'intello ou de populo, la culture est pour tous, sans distinction sociale. Il n'y a surtout pas une culture de droite et une culture de gauche. Le café philo peut être rangé parmi les activités culturelles, mais le public est varié, pas sélectionné, c'est un échange exigeant en même temps qu'un divertissement. Il n'y a pas contradiction.

A Saint-Quentin, les moyens existent pour mettre en oeuvre une politique culturelle : un magnifique théâtre, une compagnie hors les murs, une grande salle de spectacle, un conservatoire de musique, une école de dessin, deux musées, une galerie, plusieurs bibliothèques, un office du tourisme ... Il y a de quoi faire. C'est moins aux outils en eux-mêmes qu'il faut réfléchir qu'à leur ouverture, leur partenariat, leur synergie, entre eux, avec la population et les autres structures.

Car la culture, c'est la création, l'invention, l'imagination, pas la simple amélioration technique des acquis, de l'existant. La culture, ce sont les actions des associations et des individus, la participation des établissements scolaires et de toutes les bonnes volontés. La culture, ce ne sont pas seulement les initiatives labellisées "culturelles". Membre de la Ligue de l'enseignement (FOL), je suis très attaché à la notion d' "éducation populaire", qui résume ma pensée quand je parle culture.

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