samedi 24 décembre 2011

Que faire du FN ?

Entre socialistes, la stratégie à adopter à l'égard du Front national fait débat. Tout le monde s'attend à un fort score de Marine Le Pen, sans pouvoir dire bien sûr si on s'achemine vers un nouveau 21 avril. Les législatives aussi préoccupent. Jean-Pierre Balligand, dans L'Union d'il y a quelques jours, craint une défaite des candidats PS dès le premier tour devant l'extrême droite dans les circonscriptions de Soissons et Château-Thierry. Il aurait pu ajouter Saint-Quentin, où le danger est grand. Les dernières cantonales l'attestent. D'autant que le leader frontiste saint-quentinois, Yannick Lejeune, est un ouvrier du bâtiment bien implanté dans le quartier Saint-Jean, sympathique quoique extrémiste.

Mes camarades se divisent sur deux stratégies opposées. La première consiste à ignorer le Front national et à concentrer nos attaques sur l'UMP, en vertu des trois arguments suivants : plus on parle du FN, plus on le fait monter dans les intentions de vote. Ensuite, le critiquer c'est dissuader ses électeurs, d'origine populaire, ne nous rejoindre au second tour. Enfin, l'adversaire qu'il faut battre pour remporter l'élection c'est l'UMP, pas l'extrême droite. Je comprends le raisonnement, je ne le partage absolument pas.

Oui il faut que nous parlions du FN, matin, midi et soir. Pourquoi ? Parce que c'est un danger, pour les socialistes, pour les Français, pour la République. Ne rien en dire, se taire en vertu d'arguties tactiques, ce serait irresponsable. Au contraire, nous payons nos années de silence : oui il faut faire de la pub au FN, une sacrée pub, la plus négative qui soit. C'est le seul moyen, je n'en vois pas d'autres, pour stopper sa progression, pour ramener à gauche les électeurs égarés.

Le report de voix au second tour ? Encore faudrait-il qu'il y ait, lors d'une législative, un second tour ! A défaut de taper sur le FN, de le diaboliser comme il convient, les électeurs se sentent libres de le rejoindre. Voilà l'erreur. Ceux qui le soutiennent par idéologie ne reviendront plus jamais à gauche. Ceux qui l'adoptent par souci de protestation nous retrouveront non pas parce que nous aurons cessé de critiquer l'extrême droite mais parce que nous aurons enfin un projet mobilisateur en direction des classes populaires.

Car le vrai débat n'est pas dans notre positionnement vis à vis du FN mais des ouvriers et des employés. Je veux que mon parti, issu des classes moyennes, arrête de ne parler qu'aux classes moyennes. Sociologiquement ce n'est pas évident, puisque les ouvriers sont peu nombreux dans nos rangs. Mais il faut absolument que l'urgence aille aux classes populaires, par exemple en reparlant d'une augmentation de l'impôt sur le revenu des classes moyennes supérieures, comme on les appelle (ça fait quand même du monde, qui ont les moyens de payer, pas trop touchés par la crise).

J'attends un langage de gauche, des propositions de gauche, pas un alignement centriste, suffisamment représenté par Bayrou. Rien à voir évidemment avec une radicalisation, que je déteste : simplement un recentrage sur nos fondamentaux, le réformisme, la redistribution fiscale, l'ancrage dans les milieux populaires. Alors on ne parlera plus, ou beaucoup moins, du FN.

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