mercredi 28 décembre 2011

Gros seins, grotesques seins.

Je m'étonne de constater que le scandale des implants mammaires trafiqués, qui toucherait plusieurs dizaines de milliers de personnes, n'inspire aucune réflexion de fond sur la mode des grosses poitrines artificielles : pourquoi les femmes se font-elles gonfler ainsi les seins ? Quand des ethnologues se pencheront dans quelques siècles sur notre civilisation, ils s'étonneront sûrement de ce qui aujourd'hui ne nous étonne pas.

Désir de plaire à l'homme ou de se plaire à soi ? Société du regard ou du miroir ? Peut-être les deux à la fois, en tout cas la marque visible d'un incroyable égocentrisme. La pression sociale joue sans doute aussi, et le mimétisme qui en découle : on désire la grosse bagnole du voisin et les gros seins de la voisine. Jamais la société n'aura été autant présente dans nos têtes, dans nos vies, dans notre intimité, jusqu'à reconfigurer nos corps.

Mais ne faut-il pas prendre en compte le critère esthétique ? Il a bon dos celui-là, quand il est question de nichons. "Plus c'est gros plus c'est beau", voilà un canon de la beauté qui détonne mais qui est très contestable. Le concours de lolos tourne aux pis de vaches, comme dans mon Berry où je suis en ce moment (ce qui explique au passage que vous n'ayez pas eu de billets dimanche et lundi).

Et puis il y a l'érotisation du corps, puisque le sein n'est jamais très loin du sexe, si j'ose dire. L'influence du "cinéma" porno sur les mentalités et les comportements est tout de même surprenante. Un "art" au départ marginal et crade donne désormais le ton et les nénés. On devrait s'interroger sur la notion même, problématique et contradictoire, de chirurgie esthétique. La médecine est faite, depuis toujours, pour soulager, soigner, réparer, pas essentiellement pour parer, faire joli. Le concept de chirurgie esthétique est tout aussi absurde que celui par exemple de charcuterie esthétique.

Enfin, comment ne pas comprendre que cette histoire de gros seins est également une affaire de gros sous ? C'est d'ailleurs inéluctable : quand la médecine passe du métier au marché, quand la vocation se prolonge en commerce, la loi de l'économie reprend le dessus, y compris pour les dessous : coût de production minimum, profit maximum. Les poitrines augmentent en même temps que les rentrées d'argent.

Pourquoi donc ce grand silence sur ce grand scandale, réduit seulement à sa dimension juridique et médicale ? Parce que des femmes en souffrent et que la société se fait piéger par ses propres illusions. Cachez ces gros et grotesques seins que nous ne saurions voir ...

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