jeudi 22 décembre 2011

C'est chié, non ?!

Jack Lang dans l'Aisne ? La rumeur court, la presse locale en parle, le parachutage se ferait au dessus de la Thiérache, orpheline de Jean-Pierre Balligand (pour Saint-Quentin, personne ne demande, personne ne se bat ...). Lang dans l'Aisne, au pays des vaches, j'ai envie de reprendre l'interjection de Laurent Gerra, plus Lang que nature : C'est chié, non ?!

J'avoue que l'hypothèse m'emballe : Jack est populaire, nul doute que les militants et les électeurs l'adopteraient affectueusement. Quelle affiche, quelle promotion pour notre département ! L'Aisne it's open, la géniale campagne décalée du conseil général, trouverait là un partenaire de choix. Notre territoire rural, pauvre, souvent oublié serait représenté par une personnalité nationale, de tempérament parisien, originale dans l'âme et de réputation internationale. Quel coup de pub ! L'énergie, la modernité et la notoriété de Jack nous feraient un bien fou, même si nous n'avons pas attendu après lui pour innover et nous développer.

J'imagine Lang et l'Aisne évoqués fréquemment dans les médias, devenant de quasi synonymes. J'imagine Jack débordant d'idées pour créer, bousculer les habitudes, faisant venir vedettes et stars françaises et mondiales dans nos campagnes. Socialistes et axonais, nous ne pourrions qu'en être fiers, flattés. D'autres certainement nous jalouseraient, paieraient chers pour avoir le Jack chez eux, avec eux. Cet homme-là est une valeur sûre, un investissement en or. Je suis persuadé qu'il attirerait sur sa circonscription et le département des financements qui sont toujours les bienvenus, quand ils ne sont pas indispensables.

Mais le contraste entre le Parisien et le Thiérachien n'est-il pas fâcheux ? Je ne le crois pas. Au contraire, c'est la différence qui est stimulante et en l'occurrence profitable. Et puis quel contraste ? Jack Lang est aimé, sympa, il a su nouer une histoire entre les Français et lui, on se souvient de son action culturelle, on sait de quoi il est capable : ce n'est pas si fréquent que ça en politique.

Qui est capable de citer un autre ministre de la Culture, à part Malraux ? Ne méprisons pas en laissant penser que certaines populations ne seraient pas en capacité de recevoir un personnage brillant, une sorte de dandy au bon sens du terme : à l'inverse je pense que le peuple apprécie les esprits hauts en couleur, qu'il est plus ouvert et plus avancé que ne le croient ceux qui n'en sont pas et s'en font une fausse idée.

Bien sûr, mon enthousiasme risque d'être contrarié puisque c'est loin d'être fait. Dans L'Aisne Nouvelle, Jack Lang met les choses au point : "Dans l'Aisne non, sauf si on m'y contraint de force (sic). C'est un très beau département, j'y ai de très bons amis. Mais la question ne m'a pas été posée ... " Sacré Jack, il est chié, vous ne trouvez pas ? Il nous la joue très politique, finement, en trois temps :

D'abord ce non hyperbolique qui, en politique comme en amour, veut souvent dire oui sans l'oser, repoussant les avances pour mieux les provoquer. Ensuite Jack entre-ouvre la porte pour ne pas décourager complètement le désir, il évoque très classiquement le "très beau département" et ses "bons amis", clin d'oeil complice, roucoulade comme il en existe tant en politique, quand on veut sans dire qu'on veut tout en montrant qu'on veut (pareil en amour, je vous dis !). Ce "non, sauf" de Jack Lang, il faut le décrypter comme un "oui, si".

Il y a cependant un os, levé par Eric Leskiw dans L'Aisne Nouvelle : la venue possible de Lang en Thiérache résulterait d'un "complot" de Jean-Pierre Balligand pour barrer la route à Jean-Jacques Thomas. J'avoue ne rien comprendre à ces prétendues rumeurs de brouille, fâcherie et désamour entre mes deux camarades. Les a-t-on déjà entendus publiquement se disputer entre eux, exprimer l'un envers l'autre la moindre réticence ? Non, jamais. En politique, il n'y a pas de mystère : les conflits de personnes sont des affrontements entre lignes politiques. Franchement, entre Thomas et Balligand, voyez-vous une différence politique fondamentale, comme il peut en exister entre certains socialistes et moi à Saint-Quentin ? Non, absolument pas. Alors laissons pisser le mérinos, comme on dit en Berry et en Thiérache aussi.

Lang dans l'Aisne, ça ne me suffit pas ! Dans trois jours c'est Noël, donc je rêve, j'ai une envie de cadeau : Jack Lang à Saint-Quentin, tête de liste aux municipales de 2014, pourquoi pas ? Si le parachutage se fait en douceur en Thiérache, il suffit d'une légère saute de vent pour pousser le Jack tout à côté, dans le Vermandois. A un camarade aussi mobile tout est permis, quelques kilomètres ne peuvent pas le dissuader. Jack Lang contre Xavier Bertrand, quel combat !

Car soyons réalistes : pour battre le maire de Saint-Quentin, il faudra une locomotive, quelqu'un qui boxe dans la même catégorie, très supérieure. Jack contre XB, c'est une annonce belle comme un match de catch ! Je suis convaincu que Jack Lang serait ravi de partir à la conquête d'une ville d'art, de culture et d'histoire. Quelle ironie du sort, quel signe du destin ! Lang, ancien maire de Blois, s'implanterait à Saint-Quentin dix-sept ans après son adjointe blésoise Odette Grzegrzulka ... Jack Lang maire de Saint-Quentin, et moi son adjoint à la culture (tant qu'à faire, autant poursuivre le conte de Noël et se faire un cadeau à soi-même), c'est chié, non ?!

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