jeudi 8 décembre 2011

Paix aux putes.

Deux députés, un UMP et un PS, qui s'associent pour rédiger un même texte que l'Assemblée nationale adopte à l'unanimité, c'est un événement rare. D'autant qu'il s'agit d'une question de société, du genre pourtant clivant : faut-il abolir ou encadrer la prostitution ? Le texte répond : abolition ! Qu'est-ce qu'on peut dire devant l'avis unanime de la représentation nationale ? Considérer ce vote comme le résultat d'un consensus éclairé ou du conformisme ambiant ?

La prostitution, personne n'est pour. Derrière le folklore bien français sur "le plus vieux métier du monde", les "dames de petite vertu" et les "filles de joie", il y a beaucoup de misère, de violence et d'exploitation. La prostitution est un mal, incontestablement. Mais la société peut-elle abolir le mal d'un trait de plume ? Je ne le pense pas. C'est pourquoi j'aurais préféré l'encadrement à l'abolition.

Avec le déclin de la religion et la déception de la politique, notre société s'accroche à la morale. Elle croit pouvoir faire triompher le bien, elle rêve d'un monde vertueux, propre, parfait, sans prostituées. Pénaliser les clients, c'est laisser espérer un désir dissuadé, normalisé, contrôlé et éventuellement puni. C'est une illusion : il y aura toujours des prostituées et des hommes qui iront voir des prostituées. C'est sans doute malheureux mais c'est ainsi, c'est la vie.

La morale veut remplacer la vie par l'idéal. Évidemment elle échouera. Réservons la morale à nos choix privés et abordons les questions de société seulement par la politique : qu'on cherche plutôt à améliorer les conditions de vie, à créer de l'emploi, à augmenter les salaires si l'on veut que diminue la prostitution, qui prospère surtout là où il y a de la pauvreté, matérielle et psychologique. Qu'on applique sévèrement la loi républicaine aux proxénètes, qui sont des délinquants, mais qu'on fiche la paix aux prostituées et à leurs clients.

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