mercredi 21 décembre 2011

2012 ou 1981 ?

La tentation est grande d'assimiler l'élection présidentielle de l'an prochain à celle d'il y a trente ans. François Hollande adopte un comportement très mitterrandien et Nicolas Sarkozy se giscardise en "président des riches" très impopulaire. Je pense cependant que la comparaison est trompeuse. Outre le fait que l'histoire se répète rarement, les mentalités ont complètement changé et la campagne qui s'annonce sera inédite car quatre axiomes politiques, pertinents en 1981, sont caducs en 2012 :

1- Les majoritaires défendent leur bilan et leur projet, les minoritaires critiquent et proposent une alternative : vrai en 1981, faux en 2012. Nicolas Sarkozy et l'UMP s'en prennent à François Hollande et au PS comme si les premiers étaient dans l'opposition et les seconds au gouvernement. Il y a inversion volontaire des rôles traditionnels. Il y a trente ans, s'attaquer aux minoritaires quand on était majoritaire était perçu comme une faiblesse et une maladresse. C'est maintenant une tactique qui se veut payante (voir aussi le positionnement de Xavier Bertrand à l'égard de l'opposition municipale à Saint-Quentin, en véritable chef de guerre).

2- Une bonne campagne présidentielle est courte, il faut entrer en mouvement le plus tard possible : vrai en 1981, faux en 2012. François Mitterrand, désigné candidat en novembre 1980, visite en janvier la Chine ! et n'entre vraiment en campagne qu'en février. Inimaginable aujourd'hui : Nicolas Sarkozy est déjà candidat, même si ce n'est pas officiel. C'est le quinquennat qui a tout changé : la campagne électorale devient quasi permanente. De plus, la tranquillité mitterrandienne ("laisser du temps au temps") est battue en brèche par une société qui vit dans l'urgence et dans l'instant, où tout passe très vite.

3- La constance est préférable à la nouveauté, on ne change d'image qu'à ses dépens : vrai en 1981, faux en 2012. Il y a trente ans, Giscard se mue de rénovateur ouvert en souverain méprisant : il perd. Mitterrand demeure fidèle à son image de rassembleur, façonnée en 1965 et 1974, face à un Michel Rocard qui veut donner une nouvelle image à la gauche : il gagne. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy affirme qu'il a changé et qu'une nouvelle rupture s'impose : nous ne sommes plus dans la continuité mais dans le renouvellement, face à une opinion publique moins attachée au passé qu'auparavant, plus friande d'innovation.

4- La télévision ne déplace pas un nombre significatif de voix, l'élection ne se joue pas fondamentalement dans les médias : vrai en 1981, faux en 2012. Nous sommes entrés dans l'ère des médias, sans comparaison possible avec 1981. La communication joue un rôle majeur dans les résultats d'un vote, alors qu'elle n'était que marginale et artisanale il y a trente ans. Les partis politiques ont été largement dépossédés de leur influence. Même les élus et les notables n'ont plus le poids d'autrefois. L'internet a bouleversé pas mal de choses.

Finalement, chaque campagne présidentielle a son originalité, et c'est avec passion, sur ce blog, que je commenterai la prochaine, comme je l'avais fait en 2007 sur mon précédent blog.

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