jeudi 31 octobre 2013

Cette femme est infecte



La France entière est en joie, soulagée du retour de ses otages. C'est une rare occasion d'unanimité nationale : quatre vies ont été sauvées. Ce n'est pas beaucoup, quatre vies ? Si, c'est énorme, c'est irremplaçable. Rien qu'une seule vie, c'est sacré ! Voilà pourquoi nous sommes heureux. L'événement n'est pas de politique partisane et n'aura d'ailleurs aucune conséquence électorale. C'est donc un moment de pur contentement, dans un monde où tout va mal (mais c'est ainsi depuis la Préhistoire !).

Sauf que je vais un peu vite en besogne : la France entière se réjouit ? Non, il y en a une qui fait grise mine, qui n'est pas à la fête, qui a besoin de douter et de rabaisser l'impact de ces retrouvailles : c'est le prophète de malheur, l'ange noir, Marine Le Pen. Loin d'éprouver de la joie, c'est un autre sentiment qui la traverse : le "malaise", confesse-t-elle. Et pourquoi donc ? Parce qu'elle n'y croit pas ... (mais en quoi et en qui croit cette femme, nihiliste au fond d'elle-même ?) Elle est pire que saint Thomas : voir ne lui suffit pas. Au contraire, c'est ce qui attise sa méfiance : les attitudes, les silences, les vêtements, les barbes des otages, tout ça lui paraît suspect.

Marine Le Pen est troublée, comme tous ceux qui remuent la vase de leur marécage intérieur. Elle se range derrière de fausses évidences, de trompeurs constats. Pour sous-entendre quoi ? Que la vérité serait ailleurs, que les images nous mentent (le thème du mensonge national, déjà présent dans la rhétorique pétainiste). Ce que cherche cette femme manipulatrice, c'est de miner la confiance des Français à l'égard des gouvernants, des institutions. Son travail de sape est permanent, sans exception, y compris et surtout dans ce genre de circonstances exceptionnelles, lorsque tous les Français peuvent se retrouver et communier dans un même élan. Ca, Le Pen déteste, car elle se nourrit des souffrances et des divisions de la France : un instant d'unité nationale, elle ne supporte pas, elle s'efforce de l'ébrécher avec ses petites dents de rongeur, d'introduire son poison, son venin. Elle a besoin que la France aille mal pour que son commerce électoral se porte bien. Le bonheur des autres l'afflige. Cette femme est un serpent et un rat (pardon pour ces animaux, qui ne méritent pas une telle comparaison).

A vrai dire, la philosophie profonde de Marine Le Pen, ce n'est pas d'abord le nationalisme : c'est le révisionnisme. De même que son père réécrivait à sa façon l'histoire de la Seconde guerre mondiale (dans laquelle les chambres à gaz devenaient un "détail" à l'existence incertaine), de même la fille réinterprète l'actualité qui se déroule sous nos yeux, procédant de manière identique : le doute, le soupçon, les fausses bonnes questions. Aucune réflexion chez ces gens-là : un cerveau de bulot qui en reste aux apparences, à l'anecdote, à ces fameux "détails" qui, du père à la fille, les obsèdent tant. Drôle de barbes ? Et cette tête penchée ? Pourquoi se taisent-ils ? D'où vient ce foulard ? Les uns ont l'air à l'aise, d'autres embarrassés, bizarre, bizarre, comme c'est bizarre ... Voilà le détestable et tortueux mode de pensée des Le Pen. Tous les révisionnistes procèdent ainsi, on l'a vu à propos des attentats du 11 septembre 2001.

Des bulots oui, aussi idiots que ces tristes coquillages, mais des bulots pervers, qui savent ce qu'ils font, et qui font semblant, qui jouent la surprise, la naïveté, la fausse intelligence de celui qui se pose des questions à la con, tout en sachant fort bien les réponses. Quand Marine Le Pen suppose qu'on nous cache quelque chose dans la libération des otages, c'est elle en réalité qui dissimule, et qui l'avoue : "Je n'irai pas jusqu'à faire des théories, je ne serai pas dans mon rôle". C'est que ce genre de bulot est non seulement idiot et pervers, mais aussi lâche. Le Pen n'a même pas le courage de dire ce qu'elle pense : que des otages se sont convertis à l'Islam, qu'on aurait peut-être mieux fait de les laisser là où ils étaient, que le gouvernement les a libérés avec l'argent des contribuables.

Si elle ne se dévoile pas, c'est parce que sa pensée est fausse, mensongère, qu'elle le sait. Son objectif n'est pas la vérité, encore moins la compassion, la générosité. Non, ce qu'elle veut, c'est des voix aux prochaines élections. Et pour cela, il lui faut flatter ce qu'il y a de plus bas dans la nature humaine : l'indifférence envers tout ce qui ne nous concerne pas directement, tout ce qui ne règle pas nos problèmes quotidiens ni ne satisfait nos intérêts personnels. Le message subliminal de Marine Le Pen, c'est que des otages loin de chez nous, elle s'en fout ! Et elle dit aux Français, qu'elle prend à témoin : vous avez raison de vous en foutre, ne vous gênez pas, pensez à vous, rien qu'à vous ... et à moi, qui suis comme vous, en votant pour moi la prochaine fois. Est-ce que ça marche ? Hélas oui, auprès d'un certain nombre de nos concitoyens, dans un mélange de faiblesse, de bêtise et de méchanceté. Tirer les gens vers le bas est toujours plus facile, plus payant que les tirer vers le haut. Mais il ne faut pas non plus désespérer de la nature humaine : la majorité des Français sont heureusement hostiles au Front national.

Lutter contre le révisionnisme est difficile : l'honnêteté a du mal à vaincre la malhonnêteté. Pourtant, il ne faut pas céder. Les otages français ont souffert de leurs conditions de détention, de sa très longue durée ; ils ont été marqués par leurs ravisseurs, qui les ont soumis à des contraintes. Comment s'étonner de ce que leurs comportements ne soient pas ceux d'hommes ordinaires ? Les petites remarques salopes de Marine Le Pen sont d'une indécence totale. Je suis persuadé qu'au retour des déportés de camps de concentration, des esprits mal intentionnés et vicieux ont eu à l'époque des remarques similaires. Quant au débat sur la rançon, il est lui aussi d'une indécence totale : l'essentiel, c'est que les otages soient libérés, à prix d'argent ou non. Le gouvernement soutient qu'aucune somme n'a été versé : au nom de quoi devrais-je en douter ?

Il a existé autrefois en France une extrême droite qui avait une certain grandeur d'âme, une rigueur d'esprit, des qualités littéraires et artistiques : Maurice Barrès, Charles Maurras, Drieu La Rochelle. La violence de leurs idées, qu'évidemment je condamne, ne me prive pas de reconnaître leur talent et leur cohérence. Depuis la trahison de Vichy et le terrorisme de l'OAS, l'extrême droite a été complètement discréditée en matière de pensée. Celle d'aujourd'hui, représentée par la famille Le Pen, est d'une indigence intellectuelle et d'une bassesse morale consternantes, entraînant une partie de l'opinion dans leur dépravation. Tout homme de coeur et d'honneur, tout personne pour qui la dignité et l'honnêteté ont un sens ne peuvent pas voter Front national, s'interdisent d'adhérer aux insinuations et aux provocations de Marine Le Pen, tant cette femme est infecte, dans sa psychologie et son idéologie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ce qui est gênant dans cet heureux dénouement , c est le paiement de la rançon au montant ahurissant. Même si ce n'est pas l'argent du contribuable, mais celui versé par des sociétés privées, c'est quand même au final le citoyen qui paie indirectement et les preneurs d'otages qui gagnent.
La prise d otage est une affaire lucrative qui se poursuivra tant qu'on cédera aux exigences des terroristes.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est un choix politique à assumer. Ou alors, on joue aux cow boys, tout le monde est tué et vous n'avez plus que vos yeux pour pleurer, mais l'honneur est sauf. C'est une possibilité, à assumer aussi. Entre l'honneur et l'argent, à vous de choisir.