vendredi 18 octobre 2013

Des socialistes atypiques



Si j'étais socialiste marseillais, pour qui voterais-je dimanche au second tour des primaires citoyennes pour désigner la tête de liste aux prochaines élections municipales ? La belle madame Ghali ou le bon monsieur Mennucci ? Je me tâte, j'hésite ... Heureusement que mon cas de figure est purement hypothétique ! Patrick Mennucci, c'est du sérieux et du solide ; mais Samia Ghali, c'est l'audace et le renouvellement. Entre les deux, mon coeur balance, avec tout de même une petite préférence, un faible pour Samia. Pourtant, je me méfie de celle qu'on appelle là-bas la panthère (voir mon billet de lundi, Légalité et honnêteté). Mais s'il fallait écarter en politique tous ceux dont on se méfie, on ne ferait plus de politique.

Qu'est-ce qui me plaît chez elle ? Elle ! C'est une socialiste atypique, quoique sénatrice. C'est moins sa position qui est atypique que son style, son langage, sa manière d'être. A la voir et à l'entendre, on ne devine pas qu'elle est socialiste. Samia Ghali est d'abord elle-même, fille d'immigrés, femme des quartiers populaires. Elle est sans doute populiste, mais au bon sens du terme : elle comprend et elle traduit les aspirations du peuple, et surtout elle parle comme lui. Ce qui nous change agréablement des technocrates ou des apparatchiks qui sont souvent, les uns et les autres, des robinets d'eau tiède, des moulins à prières électorales. Le problème des hommes politiques d'aujourd'hui, c'est qu'ils nous assomment de chiffres et de techniques, qui diluent complètement le message politique. Quand Ghali demande l'intervention de l'armée pour combattre la délinquance dans les quartiers chauds de Marseille, on peut être en désaccord, trouver le propos démago, stupide ou dangereux, mais tout le monde saisit ce qu'elle veut dire.

Que Samia Ghali ait battu au premier tour de la primaire une ministre et des élus beaucoup plus influents qu'elle au sein du parti est très instructif d'un changement de mentalités. Aujourd'hui, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un notable suscite la méfiance et est vite dézingué. A tort ou à raison, Ghali se présente comme la candidate anti-système, et ça marche ! C'est ce qu'il faut retenir de cette consultation, dont l'issue est d'ailleurs incertaine : on sent dans l'électorat une forme de révolte contre les installés de la politique. Quand ce mouvement d'opinion profite à l'extrême droite, c'est dramatique. Mais quand des personnalités socialistes le canalisent et le récupèrent (au bon sens du terme), je m'en félicite. Je pense que c'est le cas avec Samia Ghali.

La candidature de Ségolène Royal aux élections présidentielles de 2007 a été un premier signe : c'est aussi une socialiste atypique, qui n'a pas été moulée par l'appareil, ce qui lui a valu quelques déboires pendant sa campagne. Dans un autre genre et à un autre niveau, la désignation hier soir à Amiens de Thierry Bonté comme tête de liste aux municipales est également la victoire d'un socialiste atypique, adhérent récent, ancien journaliste de télévision, pas du tout socialiste d'appareil. Battre d'abord Didier Cardon, puis René Anger, des socialistes de longue date, bien implantés, très soutenus, il fallait tout de même le faire !

Royal, Ghali, Bonté se distinguent des socialistes traditionnels par leur capacité à capter les médias. Ils n'ont pas non plus leur prudence de langage, leur sens du calcul, leur discrétion tactique, les signes de connivence qui constituent la culture du socialiste d'appareil. Bien sûr, je ne cherche pas à opposer les uns et les autres : il faut des deux. Mais dans l'état de scepticisme envers la classe politique dans lequel se trouve l'opinion, il est bon de faire toute leur place à ces socialistes atypiques, qui suscitent l'adhésion parce qu'ils collent à l'air du temps.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Réponse immédiate à ton billet :

Elle est la première Saint-Quentinoise notable et exerçant une profession libérale à s'afficher Front national. Pharmacienne et épouse de médecin, Sylvie Saillard, 52 ans, assume son engagement politique. Elle sera à la 2e place sur la liste FN lors des prochaines élections municipales de mars 2014 à Saint-Quentin.

Emmanuel Mousset a dit…

Ca n'encourage que plus la gauche à constituer une liste attractive, avec des noms qui puissent être des têtes d'affiche.

Anonyme a dit…

Un sondage officieux mais sérieux donne :

1 FN

2 UMP

3 PS et pas que dans notre VILLE mais dans les villes picardes les plus convoitées comme BEAUVAIS , ABBEVILLE , AMIENS , COMPIÈGNE, seul LAON et quelques autres semblent épargnées comme les moins importantes CHAUNY , TERGNIER , MARLE , VERVINS , BOHAIN etc...

Emmanuel Mousset a dit…

"Officieux" et "sérieux", c'est antinomique, non ?

Anonyme a dit…

Alors là mon cher MOUSSET je vous retourne cette remarque , vous êtes bloguiste officieux et certains vous disent sérieux .... Logique et simple comme BONSOIR ......

Emmanuel Mousset a dit…

Ni officiel, ni officieux, simplement moi-même.

Anonyme a dit…

Sylvie saillard, pharmacienne à SQ: bien! On sait maintenant qui boycotter.

Emmanuel Mousset a dit…

Le boycott n'a jamais été une solution politique. Ce qu'il faut, c'est combattre le FN sur le terrain.