lundi 14 octobre 2013

Légalité et honnêteté



Les primaires socialistes à Marseille ont rencontré un beau succès de participation. Mais l'annonce des résultats a été médiatiquement ternie par des accusations de fraude. Pourtant, l'écart entre les candidats est suffisamment significatif pour ne pas laisser planer ce soupçon. En politique, il faut savoir gagner autant que perdre, et ne pas avoir la défaite mauvaise. Ceci dit, les reproches de la candidate ministre méritent d'être examinés.

De quoi s'agit-il ? De bus qui auraient été loués par la candidate arrivée en tête, pour transporter des électeurs évidemment en sa faveur. Cette pratique est-elle qualifiable de fraude ? Non, la légalité n'interdit pas de véhiculer ses partisans jusqu'aux bureaux de vote. Dans les scrutins internes au PS, j'ai souvent vu des camarades se transformer pour un jour en chauffeur de taxi bénévole. Ce n'est pas irrégulier, mais ce n'est guère honnête. En rigoureuse démocratie, l'électeur se déplace lui-même. On ne lui force ni la main, ni les pieds.

La seule exception, ce sont les personnes qui ne peuvent pas se déplacer par leurs propres moyens et qui doivent bénéficier d'une aide pour accomplir leur devoir de citoyen. Par exemple, il est normal qu'une maison de retraite organise le transport de ses résidents vers le lieu de vote. Mais qu'un parti politique ou des militants s'en chargent, non, ce n'est pas une pratique honnête. Tout électeur doit prendre sur lui la décision de se rendre dans le bureau de vote, et l'assurer par ses propres moyens. Tout le reste, c'est magouille et compagnie.

Dans mon billet de samedi, j'ai salué les immenses efforts réalisés par le parti socialiste ces vingt dernières années, qui font de lui le parti le plus démocratique de France. Mais la démocratie, ce ne sont pas seulement des règles et des lois : c'est un état d'esprit, une mentalité. Dans ce domaine, il reste encore des efforts à faire, qui viendront avec le temps, avec les nouvelles générations de militants. La démocratie, c'est aussi une question d'honnêteté. Entre les inévitables failles inhérentes à toute légalité, la malhonnêteté s'infiltre et prospère, sans qu'on y puisse grand chose. Quand j'ai été écarté de la candidature pour le secrétariat de la section, le procédé était malhonnête, et plus encore les justifications minables qui ont suivi. Même l'intervention de Solférino n'aura pas suffi : c'est dire les progrès qui restent à faire !

Il ne faut pas se faire d'illusion : la politique provoquera toujours des comportements généreux en même temps que des attitudes malhonnêtes. Quand un bout de pouvoir est en jeu, les hommes sont prêts à tout. C'est d'ailleurs la définition de la malhonnêteté : être prêt à tout. En la matière, le recrutement familial ou amical dans les sections est une pratique particulièrement malhonnête, puisqu'on fait venir des personnes qui ne sont pas socialistes mais qui servent seulement à apporter des voix pour tel ou tel candidat à une quelconque investiture ou scrutin interne. Mais aucun règlement ne pourra jamais empêcher ça. Et quand la malhonnêteté est généralisée, quand elle profite à tout le monde, personne ne songe à la dénoncer.

Malgré tout, il faut se réjouir de ce qu'est devenu le parti socialiste par rapport à ce qu'il a été. Le changement d'époque n'y est pas pour rien : il y a des travers humains qui passaient autrefois, qui ne sont plus acceptés aujourd'hui. Les primaires socialistes à Marseille sont donc une belle réussite, et aucun comportement douteux ne peut les remettre en cause ou les entacher de fraude.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand on regarde les chiffres , 5 des 6 candidats tiennent la ROUTE , donc cette primaire a joué son rôle ... En espérant un dénouement cette fois sans pugilat !!

25.25 %
Samia Ghali
20.65
Patrick Menucci
19.52
Marie-Arlette Carlotti
16.57
Eugène Caselli
14.29
Christophe Masse
3.71
Henri Jibrayel