lundi 7 octobre 2013

Union PS-PCF, vite !



Les résultats de la cantonale partielle de Brignoles sont un cauchemar absolu pour la gauche : une abstention massive, une extrême droite à 50%, la gauche éliminée dès le premier tour, son candidat qui fait trois fois moins que l'an passé, à cause d'une gauche divisée (les Verts font près de 9%). A six mois des élections municipales, c'est un sérieux avertissement. Mais il est encore temps de se ressaisir, d'éviter le pire. Brignoles me renvoie évidemment à Saint-Quentin.

Chez nous comme chez eux, sans union de la gauche, c'est la défaite assurée. Je ne vois vraiment pas comment on pourra gagner en ordre dispersé. Quant au rassemblement au second tour, il n'aura tout simplement jamais lieu, parce que dans les conditions actuelles de la division, il n'y aura jamais de second tour. L'union de la gauche, avec son noyau central PS-PCF, c'est depuis 50 ans la ligne directrice, la stratégie fondatrice des socialistes, dans laquelle je me suis toujours reconnu, même si je pense, contrairement à certains camarades, qu'il faut aussi s'ouvrir largement au centre (comme la fait Martine Aubry à Lille).

A Saint-Quentin, il faut très vite l'union PS-PCF, sinon ce sera perdu, comme à Brignoles. Quand la droite est puissante et l'extrême droite très menaçante, ne pas vouloir l'union PS-PCF serait d'une totale irresponsabilité politique. Sans le PCF, le PS se retrouve seul, à poil ; il n'a pas de partenaires de rechange : les écologistes ne représentent quasiment rien sur la ville, PRG et MRC sont inexistants, IDG est lointain. Non, les seuls alliés influents, représentatifs, ce sont les communistes. Il serait tout de même paradoxal que le PS passe d'une alliance outrancière avec l'extrême gauche il y a six ans à plus aucune alliance avec personne maintenant.

Mais, me direz-vous, les communistes locaux n'en veulent pas, de cette alliance. Olivier Tournay s'est déjà porté candidat pour mener une liste autonome. Oui, je sais, mais la politique ne consiste pas à enregistrer passivement ce que font les autres, sans agir soi-même. L'union PS-PCF, il revient aux socialistes, premier parti de gauche, de la proposer, de l'impulser, de la porter. Ce sera difficile ? Oui, parce que l'union en politique est toujours difficile. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer. De toute façon, il n'y a pas le choix : c'est l'union PS-PCF ou la mort (c'est-à-dire la défaite). Les désignations des têtes de liste respectives, socialiste et communiste, n'empêchent pas les deux partis de gauche de se rencontrer, de discuter, de négocier les termes d'un rapprochement, d'une union, d'une liste commune dès le premier tour. Ce ne serait pas la première fois que des candidats déclarés et désignés ne seraient finalement pas retenus pour mener la bataille décisive.

Ce n'est pas simplement un voeu pieux, une bonne intention. Il y a des arguments rationnels auxquels les communistes peuvent être sensibles, dont il faut débattre avec eux (mais rapidement, car le temps de la campagne va passer très vite). Les communistes seuls ne peuvent pas gagner. Ils seront éliminés, de toute façon, dès le premier tour. Ils n'auront même pas d'élus municipaux (à la différence des socialistes, qui même dans la défaite remporteront quelques sièges). Je ne vois pas en quoi une telle situation est pour eux profitable. En revanche, dans une liste commune avec les socialistes et les autres forces de gauche, ils retrouvent un rôle politique, avec des élus. Et si les communistes sentent que du côté socialistes se met en place une dynamique de la victoire, un enthousiasme collective, ils n'auront aucune peine à nous rejoindre : quel parti politique ne voudrait pas faire partie d'une équipe municipale, participer à la gestion d'une ville, avoir des postes d'adjoints ? Mais pour cela, il faut que les socialistes fassent envie, et pas pitié.

Il reste un dernier obstacle, et pas des moindres : l'élaboration d'un programme commun. Les communistes saint-quentinois sont sur des positions assez éloignées des socialistes (la vidéo-surveillance, par exemple). Leur radicalité s'accorde mal avec la ligne social-démocrate adoptée récemment par la section socialiste. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer, et il n'y a pas impossibilité absolue. L'histoire politique, surtout celle de la gauche française, nous démontre que des positions très éloignées peuvent se rapprocher, jusqu'à s'accorder sur certains points. J'ai beaucoup plus confiance au réalisme politique des communistes, même saint-quentinois, que des écologistes, aux attitudes parfois farfelues et extravagantes. Mais nous avons besoin de tout le monde pour gagner. Et puis, cette élection municipale est locale : elle exige de s'accorder sur quelques points politiques locaux. Entre socialistes et communistes, est-ce impossible ? Non, je ne le crois pas, et ne le veux pas. Union PS-PCF, vite, pour ne plus voir ce que le Courrier picard a appelé dans son édition d'hier "la foire des poignes" : la concurrence entre candidats de gauche lors de l'inauguration de la fête foraine de la Saint-Denis, sous l'oeil goguenard de Xavier Bertrand, ravi de cette stérile rivalité.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n' est pas la vidéo qui mènera ou pas à la défaite , vous le savez !! Mais les positions au niveau national qui vont maintenant occulter les élections locales au delà de ce que on pouvait penser ... Une uniformisation de tout le système politique mène forcement à un régime de blocage à tout niveau et de disparition des débats et surtout d'un consensus ....

Anonyme a dit…

ATTENTION nous pensions un FN sur une pente vers 30 % mais l'effet BRIGNOLES reste encore difficile à mesurer ... Quant on parle de 40 à 50 % pour cette extrême droite on est dans la fiction la plus folle , le Nouvel OBS reste très prudent AUSSI ...

Au lendemain du premier tour de la cantonale partielle de Brignoles qui a placé le candidat FN en tête avec 40,8% des voix, "Le Nouvel Observateur" publie avec LH2 un sondage selon lequel 24% des Français se disent prêts à voter pour une liste Front national lors des prochaines élections municipales.

Un score d’intention qui place le FN au dessus des 17,9% des voix obtenus par Marine le Pen au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. A l'inverse, 69 % des Français déclarent qu'ils ne sont pas prêts à voter pour une liste FN en mars 2014. 57% précisent d'ailleurs qu'ils ne feront "certainement pas" ce choix.

Il faut également souligner que ce score de 24% est certainement sous-estimé puisque l'on connaît les réticences - certes, de moins en moins importantes - à déclarer l'intention de voter pour le Front national.

.

Anonyme a dit…

La différence avec les fois précédentes, c'est que beaucoup de militants du pcf en ont assez des alliances avec le ps, qui se terminent toujours avec une trahison supplémentaire de la classe ouvrière (ou salariale si vous préférez).
Qu'est-ce que le pcf a à gagner avec une énième alliance avec un parti qui n'a de socialiste que le nom, sinon de supplémentaires désillusions ? Et ne nous faites pas le coup du vote utile: c'est fini ! Ca ne marche plus !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je respecte les communistes, je n'ai jamais utilisé la notion (fausse) de "vote utile". Le vrai "vote utile", c'est de voter selon ses convictions. Mais je dis qu'au niveau local, pour des élections municipales, la droite et l'extrême droite ne peuvent être battues que par une alliance PS-PCF. Et que les communistes, dans cette perspective, ont tout intérêt d'accéder à des responsabilités. Sinon, ils resteront d'éternels opposants, sans efficacité.

2- A Brignoles, les 50% de l'extrême droite, ce n'est hélas pas une "folle fiction".

Erwan Blesbois a dit…

Nous sommes désormais par delà bien et mal, non pas grâce à Nietzsche mais plutôt grâce à Freud. Effectivement nous sommes par delà bien et mal y compris en politique. Il n'y a désormais que les normaux et les anormaux. La seule façon de discréditer le FN ne serait pas de prouver que c'est un parti qui représente le mal, mais que ses représentants sont des anormaux, des pervers ou des malades. Il faudrait discréditer sa chef, d'un point de vue psychanalytique, tout comme Hitler a finalement été reconnu comme un minable, un impuissant, un malade. Plus personne ne croit au bien et au mal, par contre tout le monde veut être du côté des bien-portants contre les anormaux. Ceux qu'au service militaire on appelait, ou dans les clubs de sport on appelle encore les "psychos" ou les "schizos".