mardi 8 octobre 2013

Bling bang blog



Signe des temps, le Courrier picard a inauguré samedi dernier sa page spéciale élections municipales en s'intéressant au militantisme politique local sur internet. A la suite, j'aimerais évoquer ma propre expérience de sept années de blog, écarter quelques idées fausses et en tirer des leçons :

Beaucoup de gens se demandent comment je peux, chaque jour et depuis si longtemps, rédiger ce blog, qui donne l'impression que je suis constamment devant l'écran. Ce n'est qu'une question d'organisation. Un billet me prend en moyenne 45 minutes. Il suffit de dégager ce créneau horaire dans la journée : rien de plus simple. Paradoxalement, je ne suis pas du tout un internaute, je surfe rarement sur le net, je ne vais pas voir ce qui se fait ailleurs. Le qualificatif de blogueur n'épuise pas toutes mes activités extra-professionnelles, loin de là. Je suis beaucoup plus animateur de débat, organisateur de manifestations publiques, dirigeant associatif que blogueur. Ces dernières années, j'ai consacré beaucoup plus de temps à la Ligue de l'enseignement et à Rencontre Citoy'Aisne qu'à taper sur un clavier. L'identification de ma personne à mon blog, dont je ne me plains pas, me gêne cependant un peu, parce qu'elle ne traduit pas exactement mes préoccupations et mes actions.

Autre paradoxe : la création et le succès de ce blog ne sont pas dus à une volonté délibérée, mais au hasard des circonstances. Au départ, en septembre 2006, c'est le courant strauss-kahnien qui me demande de créer un blog de référence, dans le cadre des primaires internes du PS. Ce n'était que pour quelques semaines, le temps de la campagne seulement. Et puis, par habitude, j'ai continué à rédiger, en prenant plaisir à commenter la campagne présidentielle de 2007. Mais la consultation du blog était alors confidentielle, quelques dizaines de visites seulement. Le succès a commencé, malgré moi, avec la pré-campagne des élections municipales, à l'automne 2007, qui a pris à Saint-Quentin, pendant de longs mois, une tournure à la fois spectaculaire et surréaliste. C'est à ce moment-là que le blog s'est imposé. J'ai une date très précise en tête : janvier 2008, les voeux de la Municipalité à Fervaques, qui réunissent le tout Saint-Quentin, 2 000 personnes au bas mot, et la surprise pour moi de me voir interpellé à propos de mon blog. C'est dans cette période qu'il a pris son envol, qui ensuite n'a fait que progresser.

Autre date clé : mai 2011, l'arrestation de DSK à Manhattan. "L'Aisne avec DSK" devient "J'ai tant de choses à vous dire", le blog ne se cantonne plus seulement à la politique mais s'ouvre à bien d'autres sujets, qui reflètent mieux ma personnalité que la pure action militante. Du coup, le nombre de lecteurs a augmenté, les thèmes de billets étant plus variés. Mais ce qui est, je crois, le plus apprécié, c'est une parole libre (quoique très engagée), un style personnel et surtout la certitude que chaque jour le rendez-vous ne sera pas raté, un billet pourra être lu. La fidélisation du lectorat, c'est un élément essentiel. Il ne s'obtient que dans la longue durée et la régularité quotidienne.

Ce qui tue l'âme d'un blog, c'est l'inconstance du rédacteur et le copier coller. Je n'ai jamais rencontré personne se passionner pour un site politique militant, parce que ce qu'on y trouve généralement a été repiqué ailleurs. C'est l'opposition entre le surgelé et la cuisine maison. Quand le lecteur sent l'enthousiasme, la vie, la sincérité, la liberté, il y revient sans problème (il ne peut même plus s'en passer !).

J'ai une page Facebook, mais je ne la consulte pas, je ne m'en sers jamais (je me demande si je ne vais pas finir par la supprimer). Facebook personnalise trop, à mon goût, des échanges qui sont souvent superficiels ou polémiques. L'espace politique noble, c'est incontestablement le blog, où l'on a la surface suffisante pour exposer ses idées. Avez-vous déjà vu un débat d'idées naître et se développer sur Facebook ? Moi pas. Twitter, c'est pire : le règne des petites phrases insignifiantes, inutilement provocatrices. Non, vraiment pas mon truc ! Mais un candidat à une élection doit évidemment se saisir de tous ces outils, en privilégiant cependant le blog.

Le blog a-t-il une réelle efficacité politique ? En soi, non, je ne crois pas. Son efficacité n'existe que dans un contexte donné, une dynamique, un environnement porteur. Si je n'avais pas déjà été un personnage public bénéficiant d'une petite notoriété, si je n'avais pas été engagé dans de multiples activités associatives, si mon nom et ma tête n'avaient pas été médiatisés depuis une quinzaine d'années, ce blog n'aurait pas eu le succès qu'il a rencontré. Mais il est évident que l'internet révolutionne les pratiques militantes des partis : la distribution de tracts, le collage d'affiches et le porte à porte perdent de leur impact à l'heure où l'on peut contacter tranquillement, rapidement et massivement les électeurs à domicile. Il n'empêche que rien ne remplacera le contact direct et humain en politique.

En ce qui me concerne, le blog a beaucoup plus nui à mes objectifs politiques qu'il ne les a servis. Mais c'est la logique d'appareil qui le veut ainsi, qui consiste à suivre, se taire ou faire signe, pas à s'exposer médiatiquement comme je le fais. Quelqu'un qui poursuit une carrière politique ne rédige pas un blog (sauf exception, chez les personnalités nationales), car il sait que le pouvoir s'obtient à ne pas trop en dire. Et puis, les écrits restent et peuvent toujours se retourner contre vous. Un ambitieux est rarement un homme de plume, mais d'entregent, de coulisse, allusif plutôt qu'expressif. Curieusement, on gagne en politique à ne pas être trop connu : c'est comme ça qu'on se fait le mieux accepter en interne. Le blog a tué mes espoirs politiques. Il ne faut dire en politique que les vérités qui peuvent être entendues, pas celles qui dérangent. Ma seule satisfaction, qui n'est pas minime : avoir contribué à infléchir la ligne des socialistes saint-quentinois, dont plus aucun ne soutient aujourd'hui les alliances avec l'extrême gauche, y compris celui qui en avait été l'initiateur.

Gageons que dans les prochaines semaines et les prochains mois, à l'occasion de ces élections municipales, la toile saint-quentinoise va faire des étincelles : bling bang blog ! Mais le feu d'artifice final, ce sera en mars, et ce seront les électeurs, et eux seuls, qui l'allumeront.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez seul forgé votre destin en utilisant un outil mal maîtrisé et les faluchards ont vite fait votre bilan qui reste négatif et de plus en plus car vous êtes devenu un intégriste du hollandisme qui va sombrer dans un cataclysme prédit par MELENCHON ce weekend !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Qui sont ces mystérieux et redoutables "faluchards" dont vous me parlez ? Une société secrète ? "Destin", "cataclysme", "intégriste du hollandisme", votre vocabulaire est excessif.

Anonyme a dit…

MONNOYER et RIBEIRO sont des adeptes du blog sporadique , c'est à dire de rien du TOUT et pourtant la PRESSE locale les présente sur un pied d'égalité avec vous comme des candidats potentiels et des clients sérieux pour ravir le fauteuil du MAIRE ... Rien que le terme de blog , serait il comme une LOUPE que on pose n'importe où et sans but réel ??

Anonyme a dit…

La politique ne peut pas être que communication , où majoritairement de la communication !! Elle doit comme toute société bien organisée avoir sa partie recherche , travail des dossiers , suivi des actions et comptabilité au sens du bilan de ces actions ... A voir la tendance actuelle , on est dans le sens contraire et voilà où ça coince !!!