jeudi 28 novembre 2013

Réponses au PCF



La section de Saint-Quentin du parti communiste français vient d'éditer un tract, recto-verso (en vignettes 1 et 2), pour dénoncer la réforme des rythmes scolaires, critiquer le gouvernement de gauche, le parti socialiste et le ministre de l'Education nationale. C'est son droit, la démocratie est ainsi faite. Mais c'est mon devoir de socialiste de répondre à ces accusations virulentes, qui reposent sur quatre arguments principaux :

1- La fatigue (vignette 1, au début). La réforme en cours fatiguerait les enfants et les enseignants. L'argument est subjectif (on mesure comment le degré de fatigue ?). Il est fallacieux : tout travail fatigue, des élèves et des enseignants qui reviendraient de leur école frais comme des gardons et gais comme des pinsons, c'est qu'ils n'auraient pas travaillé, c'est que l'école ne serait plus l'école ! Enfin, l'argument est faux : ce qui fatigue tout le monde, c'est de concentrer le travail sur quatre jours, au lieu de l'étaler sur la semaine.

2- Les activités périscolaires (vignette 1, en bas). Préparées dans la "précipitation" ? Non, une année a été donnée pour les organiser. Beaucoup de communes y sont parvenues sans même attendre ce délai. Des activités "inégales" ? Non, des activités qui sont forcément différentes d'une école à l'autre, d'une ville à l'autre ; et c'est très bien comme ça. Des "attentes" insatisfaites ? Ca prouve au moins qu'il y a des attentes, donc un besoin des enfants, des parents et des enseignants. Et elles sont "satisfaites" là où il y a une volonté politique et pédagogique de les satisfaire. Un "manque de moyens" ? Prétexte trop facile. Des moyens financiers ont été accordés dès la première année. Et c'est aussi un choix politique et budgétaire des municipalités : investir ou non dans l'avenir de nos enfants ? Une "confusion dangereuse" (sic) entre l'enseignement et les activités périscolaires ? Je ne vois pas où est le danger, où se trouve la confusion : ces activités ont leur créneau horaire, elles sont parfaitement distinctes par leur contenu des heures d'enseignement stricto sensu.

3- La candidature de Vincent Peillon aux élections européennes (vignette 2, en haut). Ce serait la preuve que le ministre va finalement lâcher la réforme devant le mouvement de protestation. Non, c'est simplement la preuve que nous sommes en République, qu'un ministre a le droit de se présenter devant les électeurs, que c'est même courageux de sa part étant donnée la situation politique actuelle (son intérêt personnel lui dictant au contraire de rester au chaud dans son ministère). Surtout, Peillon ou un autre, ce n'est pas une histoire d'hommes : avec ou sans lui, la réforme des rythmes scolaires se poursuivra. L'argument est donc infondé : c'est un mauvais désir qui se prend pour une réalité.

4- Le gouvernement fait "la politique de la droite", et donc "le jeu de la droite" (vignette 2, au milieu). Oh je le connais bien, cet argument-là, qui est plutôt une chansonnette pour discréditer, accuser de trahison, soupçonner d'infidélité. La chanson vient historiquement de loin, et nos camarades communistes de Saint-Quentin la reprennent en coeur. Moi, je ne chante pas, j'argumente et j'attends qu'on me réponde. Et c'est très simple : qui a fait passer la semaine scolaire à quatre jours ? La droite. Qui n'a cessé de critiquer, avec les meilleurs spécialistes, cette décision ? La gauche. Alors, qu'on ne raconte pas d'histoires : on a le droit d'être contre cette réforme, on n'a pas le droit de dire que c'est une réforme de droite, parce que c'est un pur mensonge. Et si j'étais moi aussi un petit chanteur à la faucille et au marteau, je pourrais poser à mon tour la question : qui fait le jeu de Xavier Bertrand dans cette affaire ?

Dans ces élections municipales, à Saint-Quentin, la gauche part divisée, je le déplore, je trouve même ça dramatique, le contexte local étant ce qu'il est. Mais les choses sont ainsi, et la responsabilité de la division est collective. Chaque parti exposera ses vues, parfaitement légitimes, et les électeurs trancheront. Mais je n'aimerais pas que la concurrence électorale débouche sur des débordements préjudiciables, et que le Garand devienne une nouvelle espèce de mouton qui se fait tondre la laine sur le dos.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Darcos a supprimé 2h d'enseignement, le PS ne revient pas dessus. Il propose à la place 3h «d'activités» à la charge des communes. Je prefererai largement que l'argent soit investi dans les écoles plutôt que dans ces activités à la qualité plus que discutable pour de multiples raisons. Et c'est sans parler des inégalités et de l'ouverture des portes des écoles au privé.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous semblez mépriser ces trois heures d' "activités", comme vous dites. Leur qualité est pourtant indéniable. Elles sont assurées par des associations (le "privé", comme vous dites) qui sont le plus souvent agréées par le ministère. Le fond de notre désaccord, c'est que vous réduisez l'école à un enseignement de disciplines (l'instruction, comme on disait autrefois), alors que je pense qu'il faut l'ouvrir à ce qu'on pourrait appeler des "activités d'éveil", dont les enfants de la bourgeoisie bénéficiaient souvent chez eux, à domicile, à titre privé. Sous vos allures progressistes, vous défendez une conception réactionnaire de l'école.

Anonyme a dit…

Les associations choisies pour réaliser les TAP sont sélectionnées par les mairies.
Il n'est écrit nulle part que ces associations doivent être agréées par le ministère, qui n'a même pas droit de regard sur les activité périscolaires.
Et il n'est écrit nulle part non plus que les TAP doivent être réalisés par des associations.
Vous confondez tout, et vous mélangez tout.

Anonyme a dit…

" Reprendre en coeur"

Ne croyez-vous pas qu'il s'agit de chanter "en choeur" ?
Cordialement

L'instit'

Emmanuel Mousset a dit…

Sur les associations agréées : il n'y a en effet aucune obligation à passer par elles, mais ce sont les premières concernées, et les municipalités s'adresseront principalement à elles. Ce qui n'enlève rien d'ailleurs à la valeur et à l'intérêt des autres associations. Les mairies auront tout le loisir d'en juger, elles ont l'expérience. Quant à des activités périscolaires hors associations, oui, pourquoi pas. Mais ce sera forcément un choix très minoritaire. Les écoles ne vont pas s'ouvrir à des individualités, surtout si elles ne sont pas connues.

Un conseil d'ami : ne vous focalisez pas trop sur ce qui est écrit, ne réagissez pas en bureaucrate, faites confiance à la vie. Cette réforme, la population saura se l'approprier. Et puis, faites confiance aux maires, ne soyez pas étatiste, ne jurez pas que par le ministère ...

Emmanuel Mousset a dit…

L'instit,

Vous avez raison, mais le lapsus est trop joli, je garde donc la faute !