vendredi 15 novembre 2013

HQE à l'UPJV



L'UPJV (université de Picardie Jules-Verne) a présenté hier soir, dans ses locaux de Saint-Quentin, son projet de campus, regroupant l'IUT et l'INSSET. A la tribune étaient présents Philippe Gaudu et Michel Brazier, de l'UPJV, le maire Xavier Bertrand et la vice-présidente du Conseil régional Anne Ferreira (en vignette). Une centaine de personnes assistaient à cette réunion publique. A terme, 1 000 étudiants seront concernés par cette nouvelle structure, qui va nécessiter des aménagements. L'objectif est de constituer un pôle attractif d'enseignants-chercheurs qui rayonne jusqu'à Amiens, Compiègne et Reims, et de permettre des formations jusqu'à bac+8. Les travaux débuteront en mai 2014, pour une ouverture à la rentrée universitaire de 2015.

La rencontre aurait pu être conventionnelle, informative et technique (et elle l'était en grande partie). Mais à quatre mois du scrutin des élections municipales, l'ombre de la politique était évidemment présente. D'abord par un probable candidat à la tribune, Xavier Bertrand, et à ses côtés une possible candidate qui a finalement renoncée, Anne Ferreira. Et puis par la constitution de la salle : de nombreux adjoints et conseillers de la majorité ainsi que la tête de liste de l'opposition. C'est Vincent Savelli qui a pris la parole le premier, pour s'en prendre à la presse (c'est classique chez les politiques) qui a repris en titre une déclaration manifestement maladroite de la part du vice-président de l'Agglomération : "Saint-Quentin ne sera jamais une ville universitaire". Il voulait dire "généraliste", mais le mot, selon lui, a été coupé.

Xavier Bertrand s'est assez rapidement, mais habilement, imposé en maître de séance, n'hésitant pas à se mettre du côté du public, quand il s'inquiète de savoir si les places de parking seront désormais suffisantes (le maire suggère une étude) ou si le logement des étudiants sera assuré (le maire se tourne alors vers la conseillère régionale pour l'interroger sur sa participation financière). Anne Ferreira n'est pas non plus en reste, lorsqu'elle déroule malicieusement la contribution des collectivités : la Région 5 millions d'euros, l'Etat 2 millions, l'Europe 600 000, le Conseil général 625 000, l'Agglomération et la Ville 310 000 chacune. A quoi Xavier Bertrand rétorque que ce n'était pas dans les compétences de Saint-Quentin et l'Agglo (ah la politique, quel métier !) Le maire en a profité pour faire deux annonces, une future résidence universitaire et une maison des étudiants (dans l'ancien Casino), et taclé au détour d'une phrase le gouvernement ("il n'y a plus d'argent dans les contrats de plan Etat-Régions").

Ce qui est également intéressant dans ce genre de réunion, ce sont les questions et préoccupations du public. Les prévisibles nuisances du futur chantier ont manifestement préoccupé : la circulation, le stationnement, le bruit, la hauteur des bâtiments ... Heureusement, Philippe Gaudu a prononcé un mot magique qui a rassuré tout le monde (du moins en apparence) : HQE, haute qualité environnementale, qui fait sérieux, technique et positif. Vous connaissez l'expression "quel chantier !", pour désigner un endroit désordonné et sale. Eh bien, le mot va devoir disparaître du dictionnaire, grâce au chantier HQE, un chantier propre et ordonné (de même qu'on parle maintenant de "guerre propre"). Le bruit des machines sera autorisé dans des créneaux horaires précis, les roues des véhicules seront lavées pour ne pas laisser de la boue sur la chaussée.

L'évocation de ce chantier HQE m'a plongé dans une sorte de rêverie, où les bulldozers étaient équipés de roues en mousse, où des casques distribués aux riverains neutralisaient les agressions sonores des marteaux-piqueurs ... Quelle formidable société que la nôtre, qui a inventé des chantiers qui ne sont plus des chantiers ! La HQE concerne aussi les bâtiments. Par exemple, les fenêtres du CDI (la bibliothèque) ont été conçues pour faire entrer des flots de lumière. Quand j'étais étudiant, le charme des bibliothèques universitaires (La Sorbonne, Sainte Geneviève) venait de leur légère pénombre, qui faisait tout leur mystère. Il fallait se presser autour de loupiotes pour lire et écrire, ce qui aidait à la concentration, en faisant abstraction de l'environnement. Les étudiants d'aujourd'hui, dans leur aquarium lumineux, doivent être bien malheureux.

Autre problème soulevé par le patron du restaurant voisin, le Vasco de Gama : la restauration des étudiants. Réponse de Michel Brazier : manger est devenu une affaire "compliquée", car le "profil alimentaire" (sic) des étudiants a évolué. Le resto U du CROUS n'a plus leur faveur. La mode est à la sandwicherie et à la restauration rapide. L'UPJV conseille aux commerces de bouche d'adapter leurs formules. Quel dommage qu'il n'y ait pas d'alimentation HQE !

Le président de l'INSSET estime que le stationnement n'est pas un problème, puisque les étudiants pratiquent les transports en commun. En revanche, un garage à vélos serait le bienvenu. Une dame, dont les ateliers sont situés juste devant la future entrée du campus, craint les allers et retours. Elle aimerait que l'entrée soit placée n'importe où ailleurs, mais pas devant chez elle (rires de la salle). Un monsieur regrette que les étages de l'IUT lui bouchent la vue sur la basilique. Dans ces deux derniers cas, la HQE n'est hélas d'aucun secours ...

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