mercredi 13 novembre 2013

Il est interdit d'interdire



Un gauchiste s'est infiltré au sein de la municipalité UMP de Saint-Quentin ! Il fait sa révolution jusqu'au 1er décembre, dans la Galerie Saint-Jacques. Son nom : François Bénard, artiste plasticien. Son mot d'ordre, repris d'un slogan de Mai 68 qui donne son titre à l'exposition : il est interdire d'interdire. Son objectif : contester la société de consommation ( objets futiles, interdictions idiotes made in Japan, tourisme de masse, gaspillage ...) Ce n'est pas méchant, pas violent, mais plutôt amusant, ironique, parodique.

Samedi dernier, c'était le vernissage, en présence d'artistes de chez nous bien connus, Krako, Luc Legrand, Pomme, Jean-Claude Langlet, Jean-Marie Chamblay et aussi quelques artistes de la politique qu'il est inutile de citer. L'art a beau être une activité pacifique, une oeuvre d'art a beau n'avoir jamais mordu personne, François Bénard a beau montrer un visage très doux et un tempérament très calme, les réactions à son travail ont été parfois violentes (quand vous irez visiter son exposition, ayez la curiosité de parcourir à l'entrée le livre d'or). Un couple bien mis, très propre sur lui, a rebroussé chemin dès les premiers mètres, le monsieur disant brutalement à la dame : "Allez, on s'en va !"

Vous, lecteurs et prochains visiteurs, venez, voyez et restez : vous ne serez pas déçus. L'expo commence par ... des sacs-poubelles (vignette 1, François Bénard au milieu), chacun pouvant en gonfler un et l'ajouter à l'amoncellement. Késako ? A vous de le dire ... Pour moi, c'est la pollution habituelle aux quatre coins de la planète. A Djibouti, sur plusieurs kilomètres, j'ai vu des arbres dépotoirs couverts de ces sachets bleus. Un ami m'a glissé à l'oreille : sous les sachets, la plage ! Bien vu.

Les pavés, eux, voient pousser dans leur pierre des tendeurs à vélo (vignette 3) : pour un lancer élastique ? Et cet euro géant planté de petits palmiers en plastique, comme on en met dans les cocktails pour touiller, que signifie-t-il ? Ca ne s'invente pas : à Dubaï, que je connais un peu, une île artificielle qui a pris la forme de l'arbre, une folie humaine, un déplacement monstrueux de sable, sur les pavés la plage ! (vignette 2) Enfin, regardez ces peaux de bêtes, fiers trophées de nos chasseurs : Bénard, gaucho-écolo, ne peut pas aimer. Mais regardez d'un peu plus près : les traces dans le poil, ce sont des marques, Nike, Puma, Adidas ! (vignette 4)

Il y a plein d'autres choses dans "Il est interdit d'interdire". Je vous les laisse découvrir, avec un regard et une interprétation qui seront peut-être différents des miens. En tout cas, le soixante-huitard n'aura pas fait trembler les murs de la Municipalité : après le vernissage, plusieurs participants se sont rendus à l'Hôtel de Ville, non loin de là, pour accueillir le défilé des Miss, sexy mais pas très soixante-huit. Qu'importe : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !

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